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Pierre Rosanvallon : "La démocratie, c'est regarder les difficultés des Français en face"

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Article rédigé par franceinfo - P. Loison
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Pierre Rosanvallon, historien, sociologue et professeur émérite au Collège de France, est invité sur franceinfo mercredi 15 septembre pour évoquer son livre Les épreuves de la vie aux éditions du Seuil.

"Il y a une mutation de la protestation sociale. Classiquement, c'était une protestation autour des conflits d'intérêts, entre les salaires et les profits, l'État et les syndicats. Aujourd'hui, ce qui fait débat, c'est l'autorité de l'État, la défiance, les discriminations. On voit de nouveaux mots d'ordre : un pour la dignité, un pour le respect, un pour l'égalité. Et tout ça s'exprime par une montée des émotions. Les conflits d'intérêts se négocient, mais quand ce qui est en cause c'est de la dignité, de la défiance profonde, c'est du tout ou rien", explique le sociologue Pierre Rosanvallon sur franceinfo mercredi 15 septembre.

Terminé l'intériorisation de l'infériorité

"Il y a toujours eu de la domination dans les sociétés. Elle est ressentie plus brutalement parce qu'aujourd'hui chacun considère qu'il est un individu égal aux autres. Avant, il y avait une intériorisation de l'infériorité. On ne l'accepte plus. Les 'gilets jaunes' attendaient plus de respect, moins de mépris et pas simplement de l'argent", ajoute l'historien et professeur émérite au Collège de France.

"Le mouvement #MeToo est perçu comme essentiel désormais, plus important que la question du pouvoir d'achat. Dans mon livre, Les épreuves de la vie aux éditions du Seuil, j'essaie de montrer que si on veut traiter les émotions, ce n'est pas en les agitant comme les partis populistes qui sont des banquiers du ressentiment, il faut mettre sur la table ce que sont les réalités vécues par les Français et voir lucidement ces épreuves. Il faut décrire ce que sont les discriminations, le mépris, les injustices, sinon les Français traversent des nuages idéologiques. La démocratie, c'est regarder les difficultés en face", conclut Pierre Rosanvallon.

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