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Italie : pourquoi le Mouvement 5 étoiles tend la main aux "gilets jaunes"

Luigi Di Maio, vice-président du Conseil italien, et leader de la formation antisystème, explique au "Monde" qu'il a "été très marqué par le fait de trouver, parmi les revendications du manifeste des 'gilets jaunes', des thèmes qui désormais dépassent la droite et la gauche".

Article rédigé par franceinfo
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Luigi Di Maio, le leader du Mouvement 5 étoiles et vice-président du Conseil italien, à Rome, le 22 janvier 2019. (VINCENZO PINTO / AFP)

La querelle diplomatique entre Paris et Rome s'est aggravée avec le rappel par la France de son ambassadeur en Italie, jeudi 7 janvier. Parmi les griefs tricolores, le rapprochement entre les "gilets jaunes" et le gouvernement italien, et plus particulièrement le Mouvement 5 étoiles (M5S). Luigi Di Maio, vice-président du Conseil italien, et leader du M5S, a rencontré des "gilets jaunes", le 5 février, à Montargis (Loiret). Franceinfo explique pourquoi la formation antisystème tend la main aux protestataires français qui se mobilisent tous les samedis depuis le 17 novembre.

Parce que le M5S voit des parallèles entre les deux mouvements

"J'avais été très marqué par le fait de trouver, parmi les revendications du manifeste des 'gilets jaunes', des thèmes qui désormais dépassent la droite et la gauche et qui mettent au centre le citoyen et ses besoins, dans une attitude post-idéologique", déclare-t-il dans une lettre envoyée au Monde, le 8 janvier.

"C'est pour cette raison que j'ai voulu rencontrer des représentants des 'gilets jaunes' et de la liste RIC", justifie le chef de file du Mouvement 5 étoiles, ajoutant qu'il ne croit pas que "l'avenir de la politique européenne soit dans les partis de droite ou de gauche".

Les similitudes entre les deux formations, Luigi Di Maio n'est pas le seul à les voir. "Le Mouvement 5 étoiles ressemble de très près au mouvement des 'gilets jaunes' sauf qu'en Italie, il n'y a pas eu de violence dans la rue, a estimé, en janvier, sur franceinfo, Massimiliano Picciani, secrétaire général du think tank européen progressiste EuroCité. Mais le M5S "était quelque chose de beaucoup plus structuré, et qui s'est beaucoup moins créé dans l'action, nuance-t-il. C'était beaucoup moins spontané qu'en France où on a l'impression que cela vient de toutes les parties du territoire français."

Parce que le M5S veut une "nouvelle entité européenne"

À moyen et long terme, l'objectif du Mouvement 5 étoiles est de "construire une nouvelle entité politique européenne autour de la démocratie directe et participative", a déclaré à L'Opinion (article abonnés), en novembre, Fabio Massimo Castaldo, élu du Mouvement 5 étoiles, et vice-président du Parlement européen. Les "gilets jaunes" permettraient au M5S de développer cette "nouvelle entité", "voilà pourquoi nous nous mettons à leur disposition pour les conseiller et les accompagner dans leur combat", poursuit Fabio Massimo Castaldo.

"Le rapprochement avec les 'gilets jaunes' est également une tentative pour trouver des alliés au niveau européen, car le M5S est très isolé, juge auprès de franceinfo le politologue Hervé Rayner, spécialiste de l'Italie contemporaine. Et de rappeler : "Lors de la précédente législature, il s'était allié avec le parti britannique Ukip de Nigel Farage, un choix d'ailleurs contesté en interne."

Le problème pour le Mouvement 5 étoiles réside dans le caractère hétérogène des "gilets jaunes" et la représentativité interne. Luigi Di Maio a rencontré Christophe Chalençon, leader des "gilets jaunes" dans le Vaucluse. Pour être plus exhaustif, il devrait également rencontrer des figures historiques comme Priscillia Ludosky, Eric Drouet ou encore Maxime Nicolle.

Parce que le M5S est en difficulté avant les élections européennes

En berne dans les sondages face à son allié de coalition Matteo Salvini, Luigi Di Maio tente de redorer son image. Sa visite dans le Loiret est "surtout un message aux Italiens", selon Paolo Modugno, professeur à Sciences-Po et spécialiste de la vie politique italienne interrogé par France 24. "Il opère une espèce de retour aux sources du mouvement, qui vient d’en bas, qui veut écouter le peuple, et qui est, en ce sens, similaire aux 'gilets jaunes' ", analyse-t-il.

Luigi Di Maio et Matteo Salvini "sont en campagne et en compétition, c’est une coalition qui tient mal (...). Et Di Maio a trouvé là une façon d’exister par rapport à Salvini sur la scène européenne", estime auprès du Progrès Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors.

La manœuvre de Luigi Di Maio va-t-elle payer ? Le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, s'est rapproché de Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, pour le lancement de la campagne européenne. Et les deux vice-présidents du Conseil italien multiplient les attaques contre le président français. Mais pour Giuseppe Santoliquido, écrivain et politologue spécialiste de l’Italie, la stratégie de Luigi Di Maio est plutôt bien sentie. "Macron est l'adversaire parfait. Il symbolise tout ce que le public et les électeurs, tant du Mouvement 5 étoiles que de la Ligue du Nord, ce qui veut dire 60 % de la force de frappe électorale italienne, détestent d'un point de vue de politique politicienne", analyse-t-il sur franceinfo. "C'est le symbole de 'l'apparat chic', de l'arrogance, de la condescendance, et de tout ce qui a échoué auparavant en Italie."

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