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Airbus : les salariés des sous-traitants menacés de perdre leur emploi

Lundi 12 octobre, les syndicats d'Airbus ont signé le plan social proposé par leur direction, qui assure qu'il permettra de limiter la casse. Ce ne sera pas le cas du côté des sous-traitants d'Airbus, dont les salariés sont menacés de perdre leur travail. 

Article rédigé par franceinfo, Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une manifestation de salariés et de sous-traitants de l'usine Stelia Aerospace d'Albert Méaulte le 28 août 2020.  (FRED HASLIN / PHOTOPQR/LE COURRIER PICARD/ MAXPPP)

Le secteur aéronautique figure parmi les plus durement touchés par la crise économique. Mais l’addition pour les salariés du groupe Airbus est très légèrement moins salée que prévu. 4 300 suppressions de postes en France au lieu de 5 000 initialement avancées, et aucun licenciement pour le moment. Pour les sous-traitants d’Airbus, les conséquences du ralentissement économique sont encore plus lourdes. 

Tous les ans on nous disait qu'il y avait dix ans de commandes, que tout allait bien se passer.

Anis El Abassi

à franceinfo

Moins connu que Toulouse ou Saint-Nazaire, le pôle aéronautique d’Albert-Méaulte ( Somme) existe depuis les années 1920. Une quarantaine d’entreprises y sont regroupées autour d’une filiale d’Airbus : Stélia aerospace. Anis El Abassi y travaille depuis sept ans, sans CDI, pour un sous-traitant, AAA. Il s'était spécialement installé ici pour le travail : "Ce n'est pas du tout ma ville, et l'aéronautique ce n'était pas du tout mon secteur de départ non plus." Au pôle aéronautique d’Albert-Méaulte on fabrique des nez d’avions. Employé par AAA, Anis travaille à l’usine côte à côte avec les salariés d’Airbus. Mais contrairement à eux, lui va sans doute perdre son emploi: "Ils nous ont bien fait comprendre qu'au niveau des cols bleus, personne ne serait gardé." 

Des conditions de départ "insuffisantes"

Sur les 155 emplois de ce sous-traitant d’Airbus sur ce site, 139 vont probablement disparaître, à des conditions bien éloignées du plan social d’Airbus, raconte Anis: "Les conditions actuelles de AAA c'est de nous proposer un congé de reclassement de cinq mois. Je trouve ça très très court. Ce qui nous est proposé, pour moi c'est clairement insuffisant."  D'autant qu'Anis va donc devoir réorganiser sa vie : "Il va falloir que je m'en aille. Mais j'ai un enfant qui n'a que six ans et je suis séparé. Je ne peux pas me permettre de le chambouller lui, à cause du travail. C'est moi qui vais devoir me rabattre sur des petits boulots, redescendre mes perspectives de salaires et faire le nécessaire."

Dans un secteur comme le nôtre, comment est-ce qu'on va pouvoir se requalifier ?

Julien Da'Rolt

à franceinfo

Julien Da’Rolt, élu CFDT, explique qu'il a reçu des messages plus inquiétants de travailleurs menacés comme Anis : "Il y a des personnes qui vont mal et même très mal. J'ai reçu un message de la part d'une collègue que j'ai dû transférer à la direction. Elle m'y dit : 'J'ai craqué, je voulais me foutre en l'air pour donner une leçon à AAA'."  

La crise du coronavirus n’est pas responsable de tout, estime Julien Da’Rolt : "C'est un effet d'aubaine de dire 'On n'a plus besoin des sous-traitants, on va revoir le modèle économique'. Le problème c'est que ce ne sont pas spécialement les entreprises qui vont payer le prix, c'est surtout nous." Sur tout le bassin d’Albert Méaulte, 650 emplois de sous-traitants sont menacés sur les 3 000 personnes directement employées dans l’aéronautique.

Le reportage de Grégoire Lecalot avec les sous-traitants d'Airbus

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