Les salariés d'Air France poursuivis par leur direction regrettent d'avoir été "traités comme des bandits"
Ils dénoncent les conditions de leur interpellation, lundi, à 6 heures du matin, alors qu'une simple convocation aurait suffi, selon eux.
Ils sortent du silence. Interrogés par l'AFP, jeudi 15 octobre, les cinq salariés d'Air France poursuivis pour violence ont regretté, amers, d'avoir été "traités comme des bandits" et désignés "coupables avant d'être jugés", par le gouvernement et la compagnie. Selon eux, leur employeur a voulu "faire un exemple" pour éteindre la révolte.
Aucun ne souhaite s'étendre sur son rôle dans la manifestation du 5 octobre au siège d'Air France, contre les 2 900 suppressions de postes envisagées, qui a dégénéré. Deux dirigeants d'Air France avaient alors été molestés et obligés de s'enfuir, leurs chemises déchirées, en escaladant des grilles.
"On est venu là pour nos emplois, pas pour casser"
Sous la double menace d'une condamnation pénale et d'un licenciement, les salariés incriminés l'affirment : "On n'a rien fait", d'ailleurs la police n'a "pas assez de preuves". "Je ne regrette pas d'avoir participé à une manifestation pour sauver mon boulot", lâche simplement David*. "On est venus là pour nos emplois, pas pour casser."
Tous gardent en mémoire la date du "12 octobre", jour de leur interpellation, à l'aube et devant leurs familles. Après une nuit de travail, Mickaël* trouve trois policiers devant son domicile, peu après 6 heures du matin : "Ils ont fouillé chez moi, j'avais l'impression d'être un terroriste."
"Nous aussi, on s'est fait violenter"
David se dit personnellement "traumatisé par la garde à vue". "Nous aussi, on s'est fait violenter", défendent-ils. Selon ces salariés, une simple convocation suffisait. A plusieurs reprises, ils affirment que leur "présomption d'innocence" a été balayée dans le flot de réactions qui ont suivi le 5 octobre. Le Premier ministre, Manuel Valls, les avait notamment qualifiés de "voyous".
Les cinq salariés, âgés de 35 à 48 ans, seront jugés le 2 décembre devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour des "faits de violences en réunion". Ils ont également été mis à pied, jeudi, à titre conservatoire, sans solde. En suspendant leurs salaires, la direction de la compagnie "nous prend ce qui nous fait vivre". "Ce qu'on demande, ajoute l'un d'eux, c'est de pouvoir continuer à travailler" pour Air France, "une société que j'aime".
* Les prénoms ont été modifiées.
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