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Un an après l'affaire de "la chemise arrachée", le dialogue social patine toujours chez Air France

La compagnie a un nouveau patron et un nouveau projet. Mais le dialogue social reste toujours difficile.

Article rédigé par franceinfo, Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'image du DRH d'Air France, chemise arrachée, tentant d'échapper aux salariés en colère, avait fait le tour du monde. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

L'image avait fait le tour du monde : le DRH d'Air France tentant d'échapper à des salariés en colère, la chemise en lambeaux. C'était il y a un peu plus d'un an, le 5 octobre 2015, lors d'un comité central d'entreprise au cours duquel la direction de la compagnie aérienne annonçait un plan draconien de 2 900 suppressions de postes.

Parmi les salariés en colère, quinze d'entre eux ont été jugés fin septembre à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Des peines de deux à quatre mois de prison avec sursis ont été requises à l'encontre de cinq des prévenus, une amende de 1 000 euros à l'encontre des autres. Ils seront fixés sur leur sort mercredi 30 novembre au matin.

Sans calendrier clair, les salariés restent dans l'attente

La page sera-t-elle bel et bien tournée après le jugement ? Depuis cette affaire, la conjoncture a bien changé. Air France a abandonné ses projets de suppressions de postes pour, à l'inverse, se lancer dans des projets de développement. La compagnie aérienne a un nouveau patron depuis cet été, ainsi qu'un nouveau projet stratégique depuis début novembre.

Franceinfo l'avait révélé le 2 novembre dernier. Pour relancer la compagnie, le PDG, Jean-Marc Janaillac, souhaite mettre en place des vols long-courriers à bas coût, afin de concurrencer les compagnies du Golfe. Les contours du projet sont encore assez flous, d'où ce sentiment de prudence qui règne dans l'entreprise. "Nous sommes arrivés à un moment charnière, explique Emmanuel Mistrali, du syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), où nous avons l'ébauche d'un projet. Cela crée comme toujours des doutes et des questions." 

Les gens sont attentistes et prudents. Mais ils ont tout de même un peu plus d'espoir que l'an dernier à cette même époque

Emmanuel Mistrali, du syndicat SNPL

sur franceinfo

Il n'est aujourd'hui plus question de suppressions de postes, mais de créations. Une nouvelle compagnie aérienne, qui n'a pas encore de nom, va voir le jour. Mehdi Khemoune, de la CGT Air France, attend des précisions sur l'emploi : "La direction d'Air France nous a présenté un plan stratégique. On sent une volonté de développement d'entreprise, d'investissements et de croissance", explique le syndicaliste. Et d'ajouter : "C'est un point positif, mais il manque un élément essentiel : le volet social !"

On n'a rien sur l'emploi ou sur le social, il n'y a actuellement aucun calendrier

Mehdi Khemoune, de la CGT Air France

sur franceinfo

Les hôtesses et stewards déçus

Une grosse année de discussions s'annonce... et elles promettent d'être animées selon Christophe Pillet. Il appartient au syndicat des hôtesses et des stewards (SNPNC), qui ont déjà l'impression d'être les oubliés du plan. Car si cette nouvelle compagnie volera grâce à des pilotes d'Air France, le PDG a déjà annoncé qu'il recruterait le personnel naviguant commercial à l'extérieur. 

"Quand un nouveau PDG arrive, explique Christophe Pillet, on peut toujours lui donner le crédit d'avoir des projets et d'essayer de changer les choses. Nous, hôtesses et stewards, avons fait confiance. Notre accord collectif se terminait le 31 octobre dernier. Nous l'avons prolongé de quatre mois, en attendant le projet de Jean-Marc Janaillac. Nous constatons que c'est assez décevant, puisque ce projet va se faire sans les hôtesses et stewards de la compagnie."

À son arrivée, Jean-Marc Janaillac voulait rétablir la confiance au sein d'Air France. Son plan stratégique s'intitule d'ailleurs "Trust together", "confiance réciproque" en français. Il y a manifestement encore du chemin à parcourir.

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