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Journée sans voiture : il faut "réserver l’usage de la voiture à ce qui est vraiment indispensable", plaide un spécialiste de la mobilité en ville

"Il faut non seulement remercier, mais encourager tous les gens qui sont en bus, en métro, à vélo, parce que cela occupe beaucoup moins d'espace dans une ville", estime sur franceinfo le journaliste Olivier Razemon.

Article rédigé par franceinfo
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Des personnes marchent sur les trottoirs de la rue de Rivoli à Paris, le 22 septembre 2019, lors de la cinquième édition de la "journée sans voiture". (DOMINIQUE FAGET / AFP)

La journée sans voiture a lieu dimanche 19 septembre à Paris et dans plusieurs autres villes françaises, comme Strasbourg et Clermont-Ferrand. Pour cette septième édition dans la capitale, de nombreux axes sont fermés à la circulation pour rendre, le temps d’une journée, la ville plus apaisée, même s’il y a "quand même" des exceptions, ce qui est "normal", selon Olivier Razemon. Journaliste et auteur de "Les Parisiens" : Une obsession française, il estime sur franceinfo dimanche 19 septembre que "réserver l’usage de la voiture à ce qui vraiment indispensable" est la "meilleure manière de limiter" les nuisances. Et pour limiter la place de la voiture en ville, il trouve "tout à fait intéressante" la logique mise en place à Paris qui vise à faire payer moins cher le stationnement dans des parkings souterrains, que dans la rue.

franceinfo : tout Paris est passé à 30 km/h. Lyon et Bordeaux feront de même l’an prochain. Est-ce que la ville de demain sera sans voiture ?

Olivier Razemon : Elle sera avec moins de voitures, mais en fait, ce n'est pas sans voiture. D'abord, cette journée sans voiture, c'est de 11 heures à 18 heures. Ensuite, les professionnels de santé peuvent passer, les riverains avec un justificatif aussi, les livreurs, les taxis, les bus. Donc ce n'est pas tout à fait sans voiture. Et d'ailleurs, c'est logique quand on regarde les villes d'Europe où on a réduit la place de la voiture et réduit l'usage de la voiture, il y en a quand même des voitures, et c'est normal. On en a besoin pour certaines choses. Donc effectivement, on s'aperçoit que dans toutes les villes en France, parce que la journée sans voiture aujourd'hui, c'est aussi à Clermont-Ferrand, mais aussi au Mans, à Strasbourg, et dans beaucoup d'autres villes. Et on s'aperçoit qu'en fait, on prend conscience des nombreuses nuisances de la voiture et donc on essaye de limiter ces nuisances.

"La meilleure manière de limiter ces nuisances, c'est de réserver l'usage de la voiture à ce qui est vraiment indispensable."

Olivier Razemon, journaliste

à franceinfo

Dans nos villes, ce qui prend aussi beaucoup de place, ce sont toutes les voitures garées qui occupent l'espace public. Le prix du stationnement augmente par endroits, notamment à Paris, où il est passé de 4 à 6 euros de l'heure. Est-ce que pour faire diminuer ce stationnement des voitures qu'on augmente les prix ?

Le stationnement payant des voitures, qui a 50 ans en France et qui s’est répandu dans pratiquement toutes les villes de plus de 10 à 15 000 habitants, il a pour objectif de faciliter la rotation. Évidemment, il y aura toujours des gens qui vont dire que c'est parce que la Ville veut gagner de l'argent. Il y a sans doute un peu de ça. Mais il y a surtout énormément l'idée de faire tourner les voitures, parce que si les voitures restent toujours au même endroit toute la journée, en particulier en centre-ville, ça ne sert à rien. Aucune autre voiture ne peut se garer. Il n'y a pas de turn over, donc ça sert à ça. Et effectivement, lorsqu'on augmente le tarif, le message est le suivant : "Vous avez toute une série d'autres moyens de transport. Vous pouvez les utiliser et ça sera beaucoup mieux parce qu'en fait, une voiture, ça prend de la place." Il faut non seulement remercier, mais encourager tous les gens qui sont en bus, en métro, à vélo, parce que cela occupe beaucoup moins d'espace dans une ville. Et une ville, et surtout une ville ancienne, c'est un endroit où l'espace est très contraint.

Est-ce que la solution, c'est d'aller cacher les voitures sous terre, avec des parkings souterrains qui coûtent moins cher que le stationnement dans la rue ?

C'est effectivement déjà le cas à Paris, dans les arrondissements du grand centre. Et c'est une logique tout à fait intéressante. C'est-à-dire qu'on dit aux gens "vous pouvez venir en voiture, à condition évidemment d'avoir quelque chose de précis à faire. Et vous pouvez la garer. Ça va être un petit peu plus compliqué pour vous parce que vous irez en sous-sol. Par contre, vous paierez un peu moins cher." Et je trouve qu'il faut faire connaître ça. Donc il faudrait que ça soit extrêmement simple et indiqué, y compris sur des panneaux dans les villes.

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