: Vidéo Des gilets jaunes marchent pour leur dignité d'Albertville à Strasbourg
Un groupe d'une cinquantaine de Gilets Jaunes a pris la route à pied d'Albertville, en Savoie, destination Strasbourg en 25 étapes, arrivée prévue le 15 mai. Présents sur les ronds-points depuis novembre, ils entendent faire entendre leur voix sans se la faire subtiliser.
Ces Gilets Jaunes sont ceux des ronds-points. Depuis novembre, ils ont expérimenté nuit après nuit, jour après jour, une nouvelle solidarité. Ce qu'ils demandent ? Simplement plus de justice. Justice sociale, justice fiscale, pour pouvoir vivre décemment. Le temps a passé, les violences ont en partie discrédité le mouvement, il leur est impossible d'abandonner le combat, celui de leur vie pour nombre d'entre eux. Alors, ils ont décidé de marcher, de partir de chez eux, en Savoie, pour se rendre, en 25 étapes, jusqu'à Strasbourg, la capitale de l'Europe. Parmi eux, Sylvie, professeure à la retraite.
Vivre dans un pays où il y a des gens qui dorment dans la rue, savoir qu'il y a des smicards qui sont obligés de dormir dans leur voiture alors qu'ils travaillent, savoir que les logements sociaux, c'est plus à la mode... Ce n'est pas possible!
Sylvie, professeure à la retraite
Esprit de solidarité
Chacun a son histoire. Pas toujours misérable. Plusieurs de ces citoyens se sont mobilisés par pur esprit de solidarité. Ils sont souvent retraités et ont donc du temps à consacrer aux autres. C'est le cas de Jeff. Il affiche trente-cinq ans de travail en usine. Il a commencé ouvrier et a refermé sa carrière en tant que contremaître. "Je n'ai pas besoin d'être dans la rue parce que j'ai une bonne retraite. mais il n'y a pas que moi, il y a tout ceux à côté qui n'ont rien." L'ancien ouvrier évoque alors l'actualité et les sommes débloquées comme par miracle pour financer le chantier de Notre-Dame.
Ce qui me fait mal au cœur c'est de voir qu'on est capable de médiatiser les milliards qui sont donnés pour la cathédrale alors qu'il y a plein de gens en France qui n'arrivent pas à bouffer et qui n'ont pas de toit.
Jeff, ancien ouvrier et contremaître
Un nouveau système, un nouveau monde
Pendant cinq mois, tous ces Gilets Jaunes se sont raconté leurs histoires, rompant un isolement auquel la société semblait les condamner. Ce qu'ils demandent, c'est de la dignité. Que leur voix soit écoutées parce que, non, il est faux de croire qu'elle n'a pas de valeur. C'est ce que raconte William, cet ancien manager industriel qui a su écouter ceux avec qui il travaillait : "Je travaillais avec des ouvriers. On a résolu des problèmes dans les entreprises. Les chefs demandaient : Comment tu as fait ? Les gars qui sont sur le terrain, ils savent ce qui ne marche pas. Il faut les écouter, il faut leur donner les moyens".
Il poursuit, globalisant son expérience:
On fera donc en sorte de mettre en place un nouveau système, un nouveau monde, ça prend du temps, mais la vérité, elle prend l'escalier, elle prend pas l'ascenseur. On est sur un marathon, on n'est pas sur un sprint. C'est pour ça qu'on est encore là !
William, ancien manager industriel
La marche entre Albertville et la capitale européenne va durer vingt-cinq jours. Chaque nuit, juqu'au 15 mai, la troupe sera accueillie au fil des étapes par des sympathisants qui leur offriront le gîte.
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