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"Nous sommes des vaches à lait" : sur l'A19, le prix des péages ne passe pas auprès des automobilistes

La commission d'enquête du Sénat a remis vendredi son rapport sur les concessions autoroutières et préconise de "remettre à plat" la gestion du réseau .

Article rédigé par Noémie Bonnin, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le deuxième trajet le plus onéreux de France est sur l'A19, entre Sens (Yonne) et Artenay (Loiret) : 128 km, pour 22,40 euros. (NOEMIE BONNIN / RADIO FRANCE)

Des concessions moins longues, une gestion moins opaque et une rentabilité mieux utilisée, voici en résumé le rapport de la commission d'enquête du Sénat sur les concessions autoroutières, que franceinfo a consulté vendredi 18 septembre. L'objectif de ces parlementaires était d’examiner la situation de ces concessions, prolongées à plusieurs reprises et dont la rentabilité est souvent perçue comme trop favorable.

Les prix des péages sont régulièrement pointés du doigt. Sur l’autoroute A19 par exemple, il faut vite sortir le portefeuille. Avec 3,10 euros pour quelques kilomètres, soit plus de 17 centimes au kilomètre, c'est huit fois plus que sur l'A68, en Occitanie. "Sur les années l’augmentation des tarifs est évidente", déplore Hakim. Avec sa fille, il emprunte très souvent ce tronçon pour relier Marseille à la Seine-et-Marne. Il regrette que l'État ait perdu la main sur les tarifs des péages : "L’augmentation n’est pas raisonnable par rapport au service rendu. On n’en a pas pour notre argent. Je pense qu’il faut qu’on paye mais pas pour ça. Nous sommes des vaches à lait."

"Quand on peut éviter on prend la nationale"

Sur l'aire d'autoroute de Villeroy, à quelques kilomètres de Sens, Romuald cherche sans succès un peu d'ombre pour faire refroidir sa voiture. "C’est un système assez mafieux les autoroutes", lance-t-il. Lui aussi emprunte cet axe régulièrement, des Vosges vers le Maine-et-Loire. L'argument qui justifie le prix des péages par des investissements et des travaux, il n'y croit pas une seule seconde. 

Ils ont largement assez d’argent. On parle quand même d’entreprises qui se font largement des marges.

Romuald

Xavier, lui, a fini sa journée. Routier depuis 30 ans, il remonte dans sa cabine. L’autoroute, il la prend le moins possible. "Quand on peut éviter on prend la nationale, c’est par rapport aux tarifs, indique-t-il. On essaye de faire au mieux pour mon patron et éviter qu’il ait trop de frais d’autoroute." Mais, revers de médaille, "en passant par les nationales on met plus de temps, il y a plus de villages à traverser", poursuit-ilSans oublier la pollution et le risque d'accident que le passage par les petites routes entraîne.

Une injustice entre les camions et les voitures ?

À propos des péages des camions, Gérard Allard, du réseau France Nature Environnement, voudrait bien les voir augmenter pour résorber une forme d'injustice selon lui : "Entre un péage pour l’automobiliste et pour les poids lourds, actuellement le coefficient est de un à trois, alors que l’usure de l’infrastructure fait par les poids est largement supérieur."

Mais l'A19 n'est pas l'autoroute la plus chère de France. La palme revient à l'A14, en Ile-de-France. Pour 16 petits kilomètres, le ticket de péage affiche 8,80 euros.

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