Carburant : "Ce serait la guerre" si les salariés grévistes étaient réquisitionnés, prévient la CGT
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a indiqué ce mardi sur RTL que l'exécutif envisageait d'"intervenir" pour débloquer les accès aux raffineries et aux dépôts de carburant.
Si le gouvernement décidait de réquisitionner des salariés grévistes pour faire fonctionner les raffineries et permettre d'approvisionner à nouveau les stations-service en carburant, "ce serait la guerre", prévient sur franceinfo ce mardi Emmanuel Lépine, le secrétaire général de la Fédération professionnelle de pétrole de la CGT, qui représente des stations Esso et Total.
>>> Pénurie de carburant : suivez l'évolution de la situation dans notre direct
Alors que près d'un tiers des stations-service connaissent des difficultés d'approvisionnement, le mot "réquisition" a été prononcé lundi lors d'une réunion tardive, à Matignon, entre la Première ministre et quatre ministres concernés.
"Il n'y a pas de barricade"
"Nicolas Sarkozy avait commis cet acte illégal [le président avait fait déloger les grévistes des raffineries lors d'une grève contre la réforme des retraites en 2010], pointe Emmanuel Lépine, et la France a été condamnée en 2011, l'année suivante, puisque ça enfreint la convention 87 de l'Organisation internationale du travail [sur le droit de grève et la liberté syndicale], donc si Emmanuel Macron veut également faire condamner l'Etat et surtout veut une extension rapide sur les autres secteurs économiques parce que là je peux vous garantir que ce serait la guerre, qu'il le fasse".
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a indiqué ce mardi sur RTL que l'exécutif envisageait d'"intervenir" pour débloquer les accès aux raffineries et aux dépôts de carburant. Emmanuel Lépine répond qu'il "n'y a pas de barricade qui gêne l'entrée ou la sortie des camions" mais qu'il s'agit d'une grève.
"Je souhaite bon courage aux policiers ou à qui que ce soit d'autres qui viendrait, on lui dirait vas-y redémarre la raffinerie. C'est un travail de haute qualification"
Emmanuel Lépineà franceinfo
Le syndicaliste dit n'avoir "aucune confiance" dans la direction de Total qui propose à la CGT d'avancer d'un mois la date des négociations sur les salaires à la condition qu'elle suspende son mouvement de grève, ce qu'elle se refuse à faire. Emmanuel Lépine dénonce d'ailleurs le "mensonge" du groupe qui a dit des "choses fausses" en affirmant que les opérateurs de raffinerie gagnaient 5 000 euros brut par mois.
La grève est "une extrémité"
Le secrétaire général de la Fédération professionnelle de pétrole de la CGT réfute avoir organisé une "grève préventive" comme plusieurs responsables politiques le dénonce : "On a fait des demandes d'ouverture de négociations depuis mars 2022, on est en octobre. Il y a eu une grève en juin de 24 heures chez Total et en juillet de 48 heures, sans impact sur l'approvisionnement de carburant, il n'y a eu aucune réaction de la direction et donc on en est arrivés aujourd'hui à l'extrémité, à savoir l'arrêt de l'outil de production pour se faire entendre. Aujourd'hui, nous attendons toujours une date de négociation avec Total et aussi des propositions concrètes."
La CFDT a signé à son tour une proposition d'accord du groupe ExxonMobil-Esso, après la CFE-CGC en septembre, mais la CGT ne compte pas le signer, affirme Emmanuel Lépine. "Pour les grévistes qui ont été consultés ce matin sur les deux raffineries [du groupe], ça ne change rien, la grève continue."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.