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"Coup de bluff", "entrave au droit de grève" : à la raffinerie Esso de Gravenchon, les syndicats s'étonnent de l'annonce des réquisitions

La Première ministre a demandé aux préfets d'engager la procédure de réquisition des personnels des dépôts du groupe Esso-ExxonMobil. Une décision accueillie entre surprise et indifférence à la raffinerie de Gravenchon. 

Article rédigé par franceinfo - Pierre Pillet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des drapeaux du syndicat de la CGT flottent à la raffinerie de Gravenchon (Seine-Maritime), (photo d'illustration),le 5 octobre 2022.  (LOU BENOIST / AFP)

À l'entrée de la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon, près du Havre (Seine-Maritime), une tente des syndicats CGT et Force ouvrière est dressée près des cuves qui contiennent des milliers de litres de carburant, bloquée par un 22e jour de grève. L'annonce des réquisitions des personnels des dépôts du groupe, mardi 11 octobre, a été reçue dans une certaine indifférence par certains grévistes. "Pour moi, c'est un coup de bluff. Et puis c'est une manière de mettre la pression sur les grévistes qui restent", réagit Charles Gallet, opérateur sur le site.

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Indifférence pour certains, et puis surprise pour d'autres. La plupart des grévistes ne voient pas concrètement comment la réquisition des personnels peut se traduire sur le terrain. "Les cuves sont pleines et il faut juste des opérateurs pour pouvoir faire les transferts et remplir les camions", explique Pierre-Antoine Auger, délégué central Force ouvrière.

"Je ne vois pas comment on peut forcer un opérateur qui est gréviste à aller ouvrir des vannes, je ne comprends pas."

Pierre-Antoine Auger, délégué central Force ouvrière

à franceinfo

Selon lui, cette décision est "une entrave aux syndicats et au droit de grève." "Est-ce que c'est juste des effets d'annonce pour faire peur ? On ne sait pas. On va attendre de voir ce qui se passe dans le futur. Je pense que ça va plus énerver les grévistes que les calmer", anticipe le syndicaliste. 

Un essoufflement du mouvement constaté

Mardi à la mi-journée, la CGT et Force ouvrière ont voté à main levée la poursuite du mouvement, au moins jusque dans la soirée. La reconduction se fait toutes les 8 heures avec la rotation des équipes. Pourtant un accord majoritaire a été approuvé, lundi 10 octobre, par la CFDT et la CFE CGC, avec une enveloppe qui permet une augmentation des salaires à hauteur de 6,5%.

Mais ce n'est pas suffisant pour la CGT et Force ouvrière qui veulent aller plus loin. Ils réclament l'augmentation de la prime versée aux salariés qui travaillent en horaires décalés ou les jours fériés par exemple. Malgré la poursuite de la grève, Sébastien Pichaut, délégué de Force ouvrière, constate un essouflement du mouvement : "Il y a des grévistes qui reprennent le travail, effectivement. Au début de la grève, jusqu'à la semaine dernière, on touchait un peu plus de 80% de grévistes. Aujourd'hui, je dirais qu'on en est plus autour de 50- 60 % à peu près". 

Pour le moment ici, il n’y a en tout cas toujours aucun mouvement, aucun camion qui n’entre ni ne sort de la raffinerie et des dépôts de carburants. Des salariés de TotalEnergies sont aussi passés soutenir la grève à Gravenchon, eux qui sont aussi en grève à la raffinerie de Gonfreville-L'Orcher à quelques kilomètres seulement de Gravenchon.

Comment l'annonce de possibles réquisitions est-elle accueillie à la raffinerie de Gravenchon ? - Le reportage de Pierre Pillet

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