Pénurie de carburant : les propositions de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil sont-elles encore très éloignées des revendications de la CGT et FO ?
Dans les deux entreprises, seuls les syndicats réformistes ont approuvé les accords soumis par leur direction. Les grévistes entendent encore peser sur les négociations.
Si loin, ou si proches d'une sortie de crise ? La direction de TotalEnergies et deux syndicats majoritaires, le CFDT et la CFE-CGC, ont trouvé un terrain d'entente, vendredi 14 octobre, à l'issue d'une réunion de négociations sur les salaires. La CGT, elle, a claqué la porte des discussions, dénonçant des propositions "largement insuffisantes".
>> Pénurie de carburant : suivez la grève dans notre direct
Lundi, un même scénario avait donné lieu à la signature d'un accord entre la direction d'Esso-ExxonMobil et les deux syndicats réformistes, rejeté par les cégétistes. Mais quel écart y a-t-il vraiment entre les positions des uns et des autres ? Franceinfo fait le point sur les négociations en cours.
TotalEnergies propose jusqu'à 7% d'augmentation de salaire, les syndicats demandent 10%
Ce que contient le compromis soumis à signature. La dernière offre de TotalEnergies propose une augmentation de salaire de 7%, accompagnée de 3 000 à 6 000 euros de prime, selon les négociateurs de la CFDT et de la CFE-CGC. "En réalité, c'est 5% d'augmentation générale, plus 2% d'augmentations individuelles", a précisé vendredi à franceinfo Hakim Bellouz, délégué central FO. "Tout le monde aurait 5%, et certains monteraient à 7%, mais certains salariés auraient moins que l'inflation, qui est à 6% [5,6% en septembre sur un an]", a-t-il affirmé.
"On a soumis un accord pour signature avant midi", a confirmé l'entreprise dans la nuit de jeudi à vendredi, sans corroborer le chiffre de 7%, qui est supérieur aux 6,5% proposés en cours de réunion et aux 6% proposés jeudi matin. Au début du conflit social, l'entreprise écartait tout geste immédiat, rappelant avoir déjà acté des "mesures salariales représentant une augmentation moyenne de 3,5% en 2022". S'y ajoute un intéressement de 7 250 euros minimum, selon les informations de France 2.
Ce que réclament les syndicats en grève. Fin septembre, la CGT revendiquait une "revalorisation salariale immédiate à hauteur de 10% pour l'année 2022" – 7% pour l'inflation, 3% pour "le partage de la richesse" –, un "dégel des embauches" et "un plan massif d'investissements" en France. Samedi, la CGT a lâché du lest, acceptant de négocier uniquement "sur les bases de (sa) revendication salariale seule". FO, qui a rejoint le mouvement mercredi, fait savoir à franceinfo qu'elle s'aligne sur les revendications initiales de la CGT.
Un compromis avec les grévistes est-il possible sous les 10% de revalorisation générale ? "Cela fait partie de la négociation", a avancé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, vendredi sur franceinfo. Il a appelé à reprendre les discussions. "Pour l'instant, 5%, c'est loin de 10%."
Esso-ExxonMobil propose 6,5%, les syndicats demandent 7,5%
Ce que contient l'accord conclu avec la CFDT et la CFE-CGC. Le groupe pétrolier a proposé lundi une revalorisation "globale" des salaires de 6,5% à partir de janvier 2023, une "prime de partage de la valeur" de 3 000 euros et une "aide ponctuelle à la mobilité et aux transports" de 750 euros brut en novembre. Cet accord ayant été approuvé par deux syndicats majoritaires à l'échelle de l'entreprise, il "met nécessairement fin aux négociations salariales", a prévenu Esso-ExxonMobil mercredi.
Ce compromis constitue une légère avancée par rapport à une précédente offre, qui avait conduit au déclenchement du conflit social. Le 20 septembre, le groupe avait proposé "6,5% d'augmentation moyenne des salaires et une prime de 3 000 euros". Avant cela, Esso-ExxonMobil avait déjà acté une hausse des salaires de 4,2% et 1 850 euros d'intéressement et de participation, selon les informations de France 2.
Ce que réclament les syndicats en grève. L'intersyndicale FO-CGT souhaite une augmentation de 7,5% sur le salaire de base, hors primes, pour rattraper l'inflation de 2022. Selon la CGT, l'offre de 6,5% de la direction comprend des éléments d'ancienneté et de promotion, si bien que certains salariés "n'auront réellement que 5,5% d'augmentation sur leur salaire". Les syndicats demandent aussi "une prime Macron de 6 000 euros, due aux bénéfices faits par le groupe au premier semestre". La CGT a, un temps, demandé une prime de 8 000 euros.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.