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Pourquoi Air France doit-elle encore supprimer des emplois ?

La direction de la compagnie aérienne a annoncé au moins 2 500 suppressions de postes d'ici à 2014, alors qu'un plan de restructuration est déjà en cours.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La compagnie aérienne Air France prolonge sa cure d'austérité en préparant la suppression d'au moins 2 500 postes supplémentaires d'ici à 2014. (FRANCK DUNOUAU / PHOTONONSTOP / GETTY IMAGES)

Air France ajoute un trou à sa ceinture pour continuer son régime strict. La direction de la compagnie aérienne a annoncé "environ 2 500" nouvelles suppressions de postes en 2014, lors d'un comité central d'entreprise, mercredi 31 juillet. Alexandre de Juniac, PDG du groupe Air France-KLM, avait déjà annoncé, en juin, l'accélération du plan "Transform 2015", en insistant sur le fait qu'il ne s'agirait "pas de mesurettes". Francetv info vous dit pourquoi l'entreprise poursuit sa cure d'austérité.

Parce qu'elle a pris du retard sur "Transform 2015"

Avec ce plan, signé début 2012, Air France pensait réaliser deux milliards d'euros d'économies en trois ans. Mais le groupe a été trop optimiste dans ses calculs. Sa branche court et moyen-courrier, pourtant au cœur du plan de restructuration, a généré une perte de 800 millions d'euros en 2012, contre 700 millions d'euros l'année précédente.

Une source au sein d'Air France reconnaît que le retour à l'équilibre, prévu pour la fin 2014, "sera plus compliqué que prévu", rapporte Le Monde. "Nous devons accélérer notre restructuration", ajoute-t-elle. En effet, le retard pris sur "Transform 2015" a déjà entraîné la suppression de 5 600 postes, sur la base de départs volontaires et de non-renouvellements de départs en retraite. "Pour ne pas faire d'ombre à Nicolas Sarkozy, il avait été décidé de reporter à l'après-élection présidentielle les annonces de suppressions d'emplois", explique Le Monde.

Parce qu'elle souffre de "sureffectifs" dans les aéroports

Air France souffre d'un problème "de productivité moindre que les concurrents pour des salaires plus élevés", selon La Tribune. Le quotidien économique évoque en outre "un sureffectif d’environ 25% au moins, soit entre 1 000 et 1 500 personnes" parmi le personnel commercial au sol. Au total, les coûts d'exploitation d'Air France (hors carburant) seraient environ 30% plus élevés que ceux de ses concurrents, dont l'Allemand Lufthansa, selon l'analyse du cabinet AT Kearney, cité par le Financial Times (article abonnés, en anglais).

Les syndicats ne le voient pas de cet œil. "Au point de vue opérationnel, notamment dans les escales, ça devient plus que tendu. Il y a de moins en moins de personnes au contact des passagers", affirme Didier Fauverte, secrétaire général de la CGT, qui dit ne pas être "persuadé que les économies sont faites au bon endroit". Le syndicaliste ajoute qu'un plan de départs volontaires avait déjà été mis en œuvre deux ans avant l'accord "Transform 2015" : "En l'espace de quatre ans, on va avoir perdu entre 12 000 et 15 000 personnes. Cela commence à faire beaucoup."

Parce que la concurrence du low cost est rude

C'est l'argument mis en avant par le groupe. Air France souffre de la vive concurrence des compagnies à bas coût sur les court et moyen-courriers, mais assure que cette branche de la compagnie aérienne serait épargnée par ces nouvelles mesures de réduction des effectifs. C'est un dossier épineux au sein de la compagnie, qui envisage à l'avenir de confier de plus en plus de ces vols "point à point" (sans correspondance) à ses marques low cost Hop! et Transavia, selon La Tribune. Une véritable "bombe sociale", explique le quotidien économique. Cette manœuvre l'exposerait en effet à des mouvements de grève et au rejet d'un nouveau plan de départs volontaires, des obstacles évités jusqu'à présent.

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