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Premier cargo à voile : la compagnie Neoline espère avoir "une quinzaine de ces cargos d'ici 2030", d'après un spécialiste

Le navire permettera d'économiser 90% de carburant par rapport à un cargo classique.

Article rédigé par franceinfo
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Ce premier cargo à voile sera construit pour moitié à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). (FRANCK DUBRAY / MAXPPP)

Un an après son appel d'offres international, la société nantaise Neoline a choisi la start-up nantaise Neopolia pour construire son premier cargo à voile. Un navire de 136 mètres de long, qui pourra transporter d’un bord à l’autre de l’Atlantique l’équivalent de 280 conteneurs, tout en économisant 90% de carburant par rapport à un cargo classique. La lettre d'intention de commande a été signée vendredi 5 juillet.

Vincent Groizeleau, le rédacteur en chef du site meretmarine.com, explique vendredi sur franceinfo qu'il s'agit d'un projet ambitieux, que l’entreprise compte bien développer : "La compagnie travaille déjà sur cinq autres lignes et espère avoir d'ici 2030 une quinzaine de ces cargos à voile", ajoute le spécialiste.

franceinfo : Quand pourra-t-on voir ce nouveau cargo à voile ?

Vincent Groizeleau : Il est prévu pour fin 2021. Ça va venir quand même assez vite. Il y en a un deuxième qui doit être construit dans la foulée, et la compagnie travaille déjà sur cinq autres lignes. Elle espère avoir d'ici 2030 une quinzaine de ces cargos à voile.

Est-ce que ça veut dire qu’on va prochainement dire adieu aux gros cargos qui polluent ?

Non, on ne va pas leur dire adieu avant longtemps. Ça va être le premier cargo industriel à voile, on va pouvoir mettre à bord 5 000 tonnes de marchandises. Ce navire va se mettre sur une ligne qui est ventée, c'est-à-dire avec suffisamment de vent pour pouvoir exploiter au maximum la propulsion vélique, avec des voiles. Et il y a un certain nombre de lignes dans le monde qui pourraient être équipées de ce type de bateaux, mais ces projets vont plutôt s’inscrire dans des lignes secondaires, pas sur des grandes lignes commerciales. Par exemple, pas sur les lignes Asie-Europe, sur lesquelles on importe tous les biens manufacturés venant d’Asie. Donc l’avenir de ces grands cargos, que vous dites polluants même s’ils le sont de moins en moins, heureusement, ça va être un mix énergétique.

Ça veut dire qu’on reconstruit petit à petit le navire classique ?

Exactement. L’idée c’est d’être astucieux, pour combiner toutes les technologies qui peuvent faire grappiller des pourcents. Parce que c’est comme ça qu’on va y arriver, pourcent par pourcent. Et c’est aussi valable à l’échelle de la société, que ce soit avec le transport aérien, le transport maritime, le transport terrestre… Donc retranchons ces pourcents. C’est ce sur quoi les compagnies maritimes, les chantiers navals, et tout le secteur qui est derrière pour innover, travaillent. Parce qu’il y a un enjeu sociétal, il y a une demande de l’opinion publique, il y a aussi la réglementation qui oblige à faire des bateaux et des  moyens de transport moins polluants. C’est en intégrant de nouvelles technologies et en faisant du mix énergétique qu’on va y arriver. Ce qu’on veut faire à terre, il faut le faire en mer.

Mais quel intérêt, pour les entreprises, d'utiliser un tel cargo ?

Il y a un intérêt pour certains au niveau de leur marketing et communication, il ne faut pas s'en cacher. Mais d'un autre côté, tout le monde a quand même bien conscience qu'il faut faire quelque chose, et surtout, ils voient quand même que demain le marché, la clientèle va exiger des choses et que la réglementation va évoluer. Donc il faut y aller. Il y a aujourd'hui une conjonction de l'opinion publique et des intérêts commerciaux. Parce que quand vous consommez moins de carburant, vous réduisez les frais de soute, etc. Aujourd'hui ce qui est intéressant, c'est de faire converger à la fois des intérêts économiques, des intérêts de recherche et des intérêts environnementaux pour développer de nouveaux moyens de transport qui soient plus sûrs et plus propres.

Ce premier cargo à voile sera construit pour moitié à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Est-ce que ça va permettre de redynamiser la filière en France ?

La filière navale fonctionne extrêmement bien en France, elle est même en pénurie de main-d'œuvre. Aujourd'hui ce sont des milliers d'emplois qui sont recherchés, que ce soit des métiers manuels, des ingénieurs, des techniciens… À Saint-Nazaire, il y a les Chantiers de l'Atlantique, qui est l'un des plus gros chantiers d'Europe. Ils construisent énormément de paquebots et travaillent pour en faire des outils moins polluants. Donc ça ne va pas redynamiser, parce que c'est déjà extrêmement dynamique à Saint-Nazaire. Mais ça va créer encore une nouvelle filière. Et c'est ça qui est intéressant, justement : le fait de développer cette filière, non seulement sur des paquebots, mais aussi sur des cargos à voile, sur de l'éolien en mer, sur des énergies marines.

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