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Carburants : "Si le gouvernement campe sur ses positions, les prix à la pompe vont fortement augmenter au 1er janvier"

Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières, a expliqué, vendredi sur franceinfo, ne pas croire à une baisse à moins de "modérer les taxes".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un automobiliste fait le plein de sa voiture, à Quimper (Finistère), le 7 novembre 2018. (FRED TANNEAU / AFP)

Une réunion s'est tenue à Bercy, jeudi 8 novembre, entre le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, le ministre de la Transition écologique François de Rugy et des représentants de l'industrie pétrolière. Le gouvernement a été clair : le prix du pétrole baisse depuis plus d'un mois, celui du carburant doit lui aussi baisser dans les stations service. Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP), était l'invité de franceinfo, vendredi matin, alors qu'il a participé à cette réunion.

franceinfo : Est-ce aussi simple que cela, le gouvernement décide, vous exécutez, cela va baisser ?

Francis Duseux : Non. On a fait le point, on lui a expliqué le mécanisme d'établissement des prix à la pompe. Au jour le jour, les cotations à Rotterdam évoluent et on s'ajuste à la hausse comme à la baisse en suivant très étroitement ce marché. C'est très surveillé ! Si on regarde la marge nette de ceux qui vendent du pétrole dans ce pays, c'est un centime par litre. C'est une marge très faible car le marché est extrêmement concurrentiel. C'est un prix d'appel pour les grandes surfaces. Ils établissent les prix et on s'est aperçu dans les réseaux traditionnels que si l'on ne s'ajustait pas à un centime ou deux près sur les grandes surfaces, on ne vendait plus.

Le gouvernement vous demande de répercuter la baisse du prix du baril. Il a baissé de 20% depuis le début du mois d'octobre. Quand est-ce que cela va se voir dans les stations-service ?

Comme on est en hiver, il y a une forte demande sur le gasoil, surtout le fioul domestique, et le gasoil a beaucoup moins baissé que le pétrole brut. Ceci dit, on a déjà observé une baisse de l'ordre de cinq centimes par litre ces derniers jours dans certaines stations. Est-ce que cela va durer ? Tout dépend de l'évolution des prix à l'international. La tendance de fond c'est quand même un renchérissement des prix du pétrole brut, car vous avez les sanctions de monsieur Trump contre l'Iran, un équilibre offre/demande très tendu, une croissance mondiale de 3,8% qui tire vers le haut la demande en pétrole, on parle d'une augmentation de +1,5 million de baril par jour. On a atteint un chiffre rond de 100 millions de baril par jour de consommation sur la planète au quatrième trimestre de cette année. Donc tout cela est très tendu. 

Quand le gouvernement nous dit que cela va baisser, est-ce du vent ?

On a beaucoup échangé sur la conjoncture, sur l'établissement des prix. Le but de cette réunion, c'était quand même de faire le point, de lui expliquer ce qu'il se passe. Il voulait obtenir la confirmation de notre part que la marge était restée faible et il y a un indicateur qui compte : sur les prix hors taxes, c'est en France qu'ils sont les plus bas d'Europe. C'est bien le signe que la compétition est très intense. On lui a dit très clairement, de façon très polie : à un centime par litre, on ne peut pas aller en dessous. Les grandes surfaces qui étaient présentes ont dit la même chose. C'est difficile ! C'est très émotionnel le prix du gasoil à la pompe, ça compte dans les budgets. Sur 1,52 euros du litre à la pompe, vous avez 0,62 centimes d'euros pour la matière première, le raffinage et la distribution. Il y a 0,90 centime d'euros par litre de taxes. C'est tout à fait considérable, et c'est un revenu pour l'État de 43 milliards d'euros par an. On dit depuis longtemps qu'il faut modérer la hausse. Avec cette augmentation de 6,5 centimes d'euros sur la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques au 1er janvier prochain, vous ajoutez la TVA et le coût des certificats d'économie d'énergie, vous arrivez à 12 centimes d'euros supplémentaires par litre.

Faut-il s'attendre à une hausse ?

Je ne veux pas être un oiseau de mauvais augure, mais je crains quand même que les tendances de fond ne soient à l'inverse. Si le gouvernement ne change pas, les prix à la pompe vont fortement augmenter au 1er janvier. Il faut être beaucoup plus modéré. Qu'on veuille avoir une fiscalité plus proche entre le gasoil et l'essence, peut-être, mais à ce moment-là, il faut baisser un peu la taxe sur l'essence et remonter beaucoup moins la taxe sur le gasoil. Il est prévu dans la loi de Finances que les taxes continuent à augmenter sur les trois ans qui viennent. C'est 0,34 centimes d'euros par litre de taxes en plus sur le gasoil. On va arriver à des niveaux très élevés. Je crois qu'il faut modérer les taxes. Si la France était un très mauvais élève en matière d'émissions de CO2, on pourrait comprendre qu'il faille faire un effort particulier en demandant à tous les Français de se serrer la ceinture, mais ce n'est pas vrai. On est le pays industrialisé le plus vertueux en matière d'émissions de CO2 grâce à la génération d'électricité au nucléaire.

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