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Chauffage au fioul : "Le montant actuel du chèque énergie est insuffisant pour gommer la hausse fiscale"

Frédéric Plan, délégué général de Fédération française des combustibles carburants et chauffage (FF3C), a estimé mardi sur franceinfo que le montant actuel du chèque énergie est insuffisant.

Article rédigé par franceinfo
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Un livreur de fioul à Thionville (Moselle), le 15 janvier 2009. (PIERRE HECKLER / MAXPPP)

Après l'annonce d'Emmanuel Macron d'améliorer le chèque énergie pour les familles modestes, la Fédération française des combustibles carburants et chauffage propose d'introduire une part de bio dans le fioul utilisé pour le chauffage domestique afin de réduire la facture des consommateurs, comme l'a expliqué son délégué général, Frédéric Plan, mardi sur franceinfo.

franceinfo : Le chef de l'État veut améliorer le chèque énergie, est-ce qu'il faut selon vous le faire ?

Frédéric Plan : Le chèque énergie aujourd'hui, c'est un montant de 150 euros en moyenne. À peu près 4 millions de foyers en bénéficient, peu importe l'énergie qu'ils utilisent. Pour ce qui concerne les foyers qui se chauffent au fioul domestique, et qui en moyenne consomment 2 000 litres par an, la fiscalité représente 366 euros par an. L'année prochaine, elle passera à 430 euros par an. Il est donc clair que le montant actuel du chèque énergie est insuffisant, ne serait-ce que pour gommer la hausse fiscale du 1er janvier 2019. Pour le fioul domestique, si on voulait simplement gommer la hausse fiscale à venir, il faudrait le porter à 220 euros. Aujourd'hui, les foyers qui se chauffent au fioul domestique n'utilisent qu'une fois sur deux ce chèque énergie pour payer la facture de fioul, les autres l'imputent sur la facture d'électricité.

Y a-t-il des foyers qui vont moins se chauffer, voire ne pas se chauffer, à cause du prix du fioul ?

Ce n'est pas la première fois que les prix sont à un niveau aussi élevé, puisqu'on est à un euro le litre en moyenne nationale. Cela avait déjà été observé en 2008, 2012 et 2013. La différence avec ces périodes, c'est qu'à l'époque, la fiscalité représentait 22% du prix. Elle représente aujourd'hui presqu'un tiers du prix, on est passé de 22 à 33% pour un prix identique. Donc, on voit bien que la hausse est clairement fiscale puisqu'à ces époques de 2012/2013, le baril était en dessous de 100 dollars, alors qu'aujourd'hui il n'est qu'aux alentours de 80 dollars. Le chèque énergie n'a pas modifié certaines pratiques, c'est une aide qui est la bienvenue pour le consommateur, mais qui s'inscrit en compensation insuffisante à la hausse de fiscalité.

Comment limitez-vous l'impact de la hausse du fioul ?

Nous avons le projet d'utiliser les ressources françaises qui sont inexploitées et pourtant disponibles, pour permettre d'abaisser la fiscalité. On pourrait d'un jour à l'autre incorporer jusqu'à 30% d'huile de colza, sous réserve d'adaptation du matériel. Les cuves ne demandent qu'un simple nettoyage, mais on doit adapter les brûleurs et mettre sur le marché très vite des chaudières bio-compatibles, qui existent déjà dans d'autres pays et qui acceptent déjà 20% d'incorporation de bioliquide, mais qui, en France, n'existent pas. Le fioul bio a plusieurs intérêts : cela permet une adaptation de la fiscalité, plus propre et plus avantageuse pour le consommateur, cela permet d'être beaucoup moins tributaire des fluctuations du baril de pétrole, et enfin cela a aussi un intérêt parce que cela utilise une ressource nationale qui aujourd'hui est inutilisée.

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