Indemnité inflation : l'eurodéputé écologiste David Cormand critique une "mesure d'urgence" alors "qu'il faut changer de modèle"
Ce jeudi le Premier ministre a annoncé la mise en place d'une "indemnité-inflation" de 100 euros pour les personnes gagnant moins de 2 000 euros nets.
"On continue à faire des mesures d'urgence sans s'attaquer au cœur du problème", a réagi ce vendredi 22 octobre sur franceinfo David Cormand, député européen EELV, co-président de la délégation des écologistes au Parlement européen, après l'annonce jeudi soir par le Premier ministre Jean Castex de la mise en place d'une "indemnité-inflation" de 100 euros pour les salariés gagnant moins de 2 000 euros nets par mois face à la hausse des prix de l'énergie.
franceinfo : Que pensez-vous de cette annonce du gouvernement ?
David Cormand : C'est une mesure conjoncturelle, d'urgence. Cela me sidère qu'on continue à ne pas voir la vérité en face. Depuis des décennies, on nous a promis qu'on pouvait continuer à avoir accès à une énergie illimitée, bon marché, sans conséquence pour notre environnement, mais c'est faux. Depuis des générations, des décennies, on se tue à répéter qu'il faut changer de modèle, réaménager notre territoire pour être moins dépendant de la voiture, isoler nos logements pour arrêter de dépenser des sommes astronomiques pour se chauffer. Il faut tout revoir. On continue à faire des mesures d'urgence sans s'attaquer au cœur du problème.
Que dites-vous à ceux qui n'ont pas le choix et doivent utiliser leur voiture ?
Dans l'urgence, il faut le faire, mais ce qui est absurde c'est qu'on soit dans cette situation-là. Qui met les gens dans cette situation de dépendance à l'énergie ? C'est bien ceux qui sont au pouvoir depuis des décennies. Qui n'a pas voulu voir en face que le coût de l'énergie va continuer d'augmenter ? Qui ne veut pas faire une fiscalité juste ? La fiscalité s'abat sur les gens qui sont des captifs fiscaux. Il faut faire payer ceux qui aujourd'hui échappent à l'impôt. Ce gouvernement continue à maintenir des règles qui favorisent l'évasion fiscale. Il continue à refuser de faire une action résolue pour que les plus riches paient. Il faut qu'on s'attaque à la racine des problèmes et donc réparer le modèle dans lequel on est, et protéger les gens qui sont victimes de la dépendance à l'énergie, notamment par des mesures de chèques carburants. Il faut surtout préparer l'avenir.
Tout cela a un coût. Comment allez-vous le financer ?
C'est le modèle actuel qui coûte des milliards. Les impacts du changement climatique coûtent des milliards. Les mesures qui ont été décidées sur un claquement de doigts hier soir, c'est quasiment quatre milliards d'euros. C'est une mesure ponctuelle. Ce qui coûte le moins cher c'est de s'attaquer à la racine des problèmes.
Que feriez-vous à la place du gouvernement ?
Cela a été dit par Yannick Jadot.On institue un chèque énergie de 400 euros pour les gens qui n'ont pas d'alternative. Cela permet de lisser la situation le temps qu'on mette en œuvre des alternatives réelles. Quand vous développez les transports collectifs, les alternatives vélo, les gares de proximité, quand vous faites en sorte de rapprocher les lieux d'emploi des lieux où on habite vous résolvez les problèmes dont on parle. Là, on va mettre quatre milliards dans une solution qui n'est pas durable alors qu'on n'aide pas suffisamment les transports collectifs.
Le prix de l'énergie augmente aussi. Qu'elle décision faut-il prendre ?
Le problème de l'énergie nucléaire c'est que c'est techniquement très lourd, très long à mettre en œuvre, en général cela ne marche pas et c'est très cher. Il faut réfléchir à comment être moins dépendant de cette question énergétique. On propose le 13e mois écolo, c'est-à-dire qu'on s'attaque aux dépenses contraintes. Parmi les dépenses qu'on a, il y a celles de l'énergie. Il faut donc un modèle plus sobre et pour le reste une énergie qui ne pollue pas ou le moins possible et où on n'est pas dépendant des matières premières qui viennent de l'étranger.
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