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"Ce sera une année blanche en vacances, en loisirs, en restos" : comment les cheminots s'organisent pour tenir la grève à la SNCF

La grève à la SNCF est prévue jusqu'au mois de juin. Les cheminots sont déterminés à la mener jusqu'au bout, malgré les répercussions sur leurs salaires. 

Article rédigé par Stéphane Iglésis, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un cheminot en grève le 3 avril 2018. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

La grève des cheminots contre la réforme de la SNCF reprend samedi 7 avril au soir, jusqu'à lundi. Les prévisions de trafic sont tombées : un train sur cinq sur les grandes lignes (TGV et Intercités) et un train sur trois pour les Transiliens et les TER circuleront dimanche 8 avril pour le troisième jour de grève contre la réforme de la SNCF. Le mouvement est prévu en pointillés jusqu'au 28 juin, soit 36 jours au total. Si elle devrait coûter très cher au groupe ferroviaire, elle pèsera aussi lourdement sur le budget de ceux qui se mobilisent. 

Qu’ils aient 40 ans de carrière à la SNCF ou qu’ils soient arrivés récemment, les grévistes sont déterminés à tenir longtemps dans une grève qu'ils jugent capitale pour l’avenir du service public ferroviaire. Ils doivent donc s'organiser. C'est le cas de ceux rencontrés en gare de Toulouse-Matabiau.

Grève à la SNCF : à Toulouse, les cheminots s'organisent pour faire face à la contrainte financière de la grève - un reportage de Stéphane Iglésis

Patrick est dans la police ferroviaire depuis 1994. Il reconnaît qu'il n'est pas simple de faire grève "Ça nécessite de mettre à contribution la famille, de dire que ce mois-ci, ça va être un peu plus dur que les autres mois, confie cet homme de 50 ans. Il y a plusieurs modalités : on peut faire soit une journée complète, soit la moitié de la journée, soit une heure. Mais l'intérêt est quand même d'avoir une mobilisation suffisamment forte pour avoir un rapport de force favorable."

"On a galéré en 2014, en 2016, cette année..."

Flore, elle, est formatrice. Elle est entrée à la SNCF en 2000 pour la sécurité de l'emploi. Son compagnon aussi est cheminot. Pour elle, cette grève est un sacrifice nécessaire : "On va être en grève tous les deux, huit heures par jour, dit-elle. On a galéré en 2014, on a galéré en 2016, on va galérer cette année... Avec mon mari, de temps en temps, on se marre et on se dit que, du coup, l'année d'après est une année blanche en impôts."

C'est aussi une année blanche en vacances, en loisirs, en restos etc. C'est tout à fait accessoire sur une vie et quand on le rapporte au service public du pays

Flora

franceinfo

Se restreindre pour les mois à venir, ce sera aussi le cas pour Philippe, conducteur de TER et de TGV depuis peu, mais entré à la SNCF en 1997. "Pour durer, ce sont des sacrifices de toutes façons, indique-t-il. Après on s'organise : on mange un peu plus de pâtes, un peu plus de patates et on fait attention dans sa vie de tous les jours. Déjà, on est obligé de faire attention dans sa vie quotidienne donc là c'est un effort supplémentaire. Ce n'est pas grave, l'enjeu vaut le coup." 

"Mon salaire sera absolument ridicule"

Renaud est aiguilleur à Toulouse depuis 2011 et il a déjà fait une croix sur ses vacances d’été notamment : "Je vais rester à la maison, je ne partirai pas en vacances, explique ce cheminot. Je ne sais pas combien je vais perdre ce mois-ci, mais je peux vous assurer que mon salaire sera absolument ridicule à la fin du mois."

Samedi, l’intersyndicale de la SNCF à Toulouse a prévu d'aller à la rencontre des usagers, sur le marché Saint-Aubin dans la ville rose pour leur expliquer sa version de la réforme voulue par le gouvernement.

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