Grève à la SNCF: "La stratégie de cette tribune de Nicolas Hulot est de montrer une déclaration d'amour à la SNCF"
Nicolas Hulot est sorti du silence dimanche dans le JDD, défendant la réforme de la SNCF. Un rôle de "bon flic" selon le politologue Bruno Cautrès, invité de franceinfo dimanche.
Nicolas Hulot est monté au créneau dimanche 8 avril dans le Journal du dimanche pour défendre la réforme de la SNCF. Dans une tribune, le ministre de la Transition écologique et solidaire déclare que cette "réforme est nécessaire" alors que la grève perlée a repris jusqu'au mardi 10 avril. De son côté le même jour, le Premier ministre Édouard Philippe a affirmé sa fermeté dans Le Parisien en assurant qu'il ira "jusqu'au bout". Emmanuel Marcon terminera la séquence médiatique en répondant aux questions de Jean-Pierre Pernaut jeudi prochain dans le 13H de TF1.
Bruno Cautrès, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), estime dimanche 8 avril sur franceinfo que le gouvernement sort le "joker" Nicolas Hulot dans un rôle de "bon flic" pour faire "une déclaration d'amour" aux cheminots alors qu'Edouard Philippe incarne "la posture du gouvernement" inflexible. Le politologue doute de l'efficacité de cette stratégie qui, selon lui, n'aura "pas beaucoup d'impact".
franceinfo : Nicolas Hulot est-il la touche charme du gouvernement ?
Bruno Cautrès : Nicolas Hulot reste une personnalité politique préférée des Français. Et on le voit sortir comme un joker aujourd'hui avec sa tribune au JDD. La stratégie de cette tribune de Nicolas Hulot est de montrer presque une déclaration d'amour à la SNCF et à son personnel. Il parle des hommes et des femmes de la SNCF. Je crois qu'il n'emploie qu'une seule fois le mot 'cheminot'. Il dit que les ingénieurs et techniciens sont compétents, donc ce n'est pas de leur faute s'il y a des problèmes à la SNCF.
Il parle aussi d'un patrimoine de la France…
Il utilise deux fois cette expression d'un patrimoine. C'est un mot essentiel. La SNCF, les cheminots, les personnels de la SNCF sont très attachés à l'idée que leur entreprise est un patrimoine national. Nicolas Hulot sait très bien que cela caresse un petit peu dans le sens du poil. Cela fait le contrepoint à l'interview d'Édouard Philippe dans Le Parisien qui est plutôt dans sa position de Premier ministre, 'j'irai jusqu'au bout'. C'est une tribune de Nicolas Hulot qui est assez stratégique, où on retrouve l'explication fondamentale du gouvernement. Édouard Philippe, dans son interview dans Le Parisien, dit la réalité : c'est qu'il s'agit d'une entreprise où la qualité du service se dégrade et qui perd de l'argent. Nicolas Hulot le dit également dans sa tribune.
Sont-ils tous les deux dans les rôles du bon et du méchant "flic" ?
C'est le vieux ressort du discours politique et de l'action gouvernementale. Il y a toujours, et notamment dans ce genre de situation très tendue de crise, une sorte de jeu de rôle dans l'équipe gouvernementale. Certains vont incarner la posture du gouvernement qui a un projet et qui va jusqu'au bout, d'autres vont incarner effectivement le bon flic, et le bon flic aujourd'hui, c'est Nicolas Hulot.
Croyez-vous à l'efficacité de cette stratégie ?
Je ne pense pas que cela puisse avoir un impact très important parce qu'on est déjà, du point de vue de la mobilisation syndicale, passé à autre chose que d'écouter des déclarations d'amour aux cheminots. Cela montre aux syndicats qu'il y a à l'intérieur du gouvernement un moyen de trouver des relais ou de personnes qui vont pouvoir, à un moment donné, faire infléchir le Premier ministre, mais je ne pense pas que cela aura beaucoup d'impact dans l'attitude des syndicats, des grévistes et même du gouvernement.
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