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Grève à la SNCF : le rendez-vous à Matignon est "un recul du gouvernement obligé de monter au créneau"

Le Premier ministre a pris la main, mardi, sur le dossier de la grève à la SNCF en conviant les syndicats de cheminots à Matignon, le 7 mai. Ces derniers sont bien décidés à mettre sur la table des désaccords profonds.

Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La gare de Paris-Est le 20 avril 2018 (illustration). (MAXPPP)

Alors que le conflit à la SNCF est toujours en cours, le Premier ministre, Edouard Philippe, a invité, mardi 24 avril, les syndicats de cheminots à des réunions bilatérales le 7 mai, à Matignon. Le geste a été salué par l'intersyndicale, qui maintient toutefois la prochaine séquence de grève, les 28 et 29 avril.

Des désaccords profonds 

La lettre d'Edouard Philippe a été envoyée juste avant la réunion de l'intersyndicale. Même si Matignon s'en défend, Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT cheminots, voit déjà dans ce geste, comme une petite victoire des grévistes. "C’est un recul du gouvernement obligé de monter au créneau plus fortement, au niveau des premiers personnages de l’État, parce que le conflit dure et est prêt à durer encore plus longtemps", affirme-t-il.

Si nous voulons sortir collectivement du conflit, il faut que les décideurs acceptent de modifier leur projet.

Laurent Brun, CGT cheminots

à franceinfo

Cette position est défendue par l'ensemble des fédérations de cheminots. Même les réformistes refusent d'avance des discussions qui se limiteraient, par exemple, à la question de la dette de la SNCF ou à l'avenir du fret. Roger Dillenseger, le secrétaire général de l'UNSA ferroviaire, exige de véritables évolutions par rapport au projet de loi adopté en première lecture à l'Assemblée nationale, y compris sur la fin de l'embauche au statut de cheminots, fixée au 1er janvier 2020, estimant que "la remise en cause du calendrier impose également le recul de l’ouverture à la concurrence".

La fin du recrutement au statut, l’ouverture à la concurrence, alors que le cadre social n'est pas négocié, ce n’est pas tenable.

Roger Dillenseger, UNSA ferroviaire

à franceinfo

Le dialogue risque d'être difficile avec le Premier ministre. Mais Didier Aubert de la CFDT Cheminots, veut rester optimiste, au moins pour l'instant. Il salue un changement de méthode qui s'imposait à ses yeux. "Il est grand temps qu’on attaque le fond de ce dossier pour cesser les grèves à répétition qui pénalisent l’économie, les usagers et les cheminots grévistes, affirme-t-il, espérant le début de quelque chose de sérieux".

On ne pas refaire l’histoire mais si on avait commencé par négocier, avant de faire le projet de loi, on n’en serait pas là, aujourd’hui.

Didier Aubert, CFDT cheminots

à franceinfo

En attendant les rendez-vous du 7 mai, les quatre principales fédérations de cheminots ont confirmé qu'elles boycotteraient les réunions prévues mercredi 25 avril et le 3 mai, au ministère des Transports. Et d'ici-là, il n’est pas question d'une quelconque suspension de la grève à la SNCF. Le prochain épisode commencera bien vendredi soir et durera tout au long du week-end, marqué par les retours des vacances scolaires de Pâques pour l'Île-de-France. 

Réactions syndicales après l'invitation d'Edouard Philippe à Matignon le 7 mai - un reportage de Raphaël Ebenstein

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