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Grève à la SNCF : un Sarthois fait 180 km à vélo pour aller travailler

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par Damien Triomphe - Edité par Alexandra du Boucheron
Radio France

Depuis le début de la grève des cheminots, faute de TER, David Barrelet a déjà fait quatre fois le trajet entre son domicile dans la Sarthe et son lieu de travail dans les Yvelines.

"Je vais avoir un petit peu de retard, mais je pense que je vais me faire pardonner." David Barrelet arrive en vélo sur son lieu de travail. Il aurait dû être là à 15 heures. Il est 15h16. Il est parti à 8h30. Cet éducateur au lycée militaire de Saint-Cyr-l'École (Yvelines) a opté pour ce moyen de transport les jours de grève à la SNCF. Sauf qu'il a 180 km à faire depuis son domicile à Breil-sur-Mérize (Sarthe)...

"173 km, 6h17 à rouler" 

Les jours de grève, le TER de David Barrelet, 42 ans, est souvent supprimé. Alors, il attrape son casque, enfile son maillot et son cuissard, vérifie ses pneus et enfourche son vélo. C'est parti pour "173 km, 6h17 à rouler" et une moyenne de 26 km/h. Une fois au lycée, il reste généralement dormir cinq jours sur place, donc la question ne se pose pas au quotidien. En deux semaines, cet éduateur a déjà fait quatre fois cette route à vélo : à chaque fois, le mouvement de grève des cheminots coïncide avec ses journées de service. Il pourrait prendre un TGV depuis Le Mans, "mais le budget en prend une sacrée claque", confie-t-il.

Un aller-retour en TER me coûte 14,20 euros exactement. Un aller en TGV : 25 euros.

David Barrelet

à franceinfo

En comptant le RER à prendre ensuite au départ de Paris-Montparnasse vers Versailles-Chantiers, cela fait "un peu plus de 30 euros". Il pourrait aussi utiliser la voiture familiale, mais sa femme en a besoin pour aller travailler : "Elle a 60 km à faire, donc je ne vais pas infliger à mon épouse de faire 60 km en vélo", dit-il. Quant au covoiturage depuis Breil-sur-Mérize, "je n'en ai pas; il faut que j'aille au Mans", assure le cycliste sarthois. "Il y en a bien un du côté de Saint-Saturnin, donc il fallait que je traverse Le Mans."

"Il a un mental d'acier"

Sa femme, Sylvie, est admirative : "C'est vrai que quand il m'a dit : 'Je vais rentrer en vélo', j'ai trouvé le temps très long. Je me suis dit : 'Ça ferait longtemps que j'aurais mis le vélo sur le côté.' Il a un mental d'acier." David fait du vélo en club depuis 2005, mais il n'est pas habitué à ce genre de trajets : "Les courses le week-end avec les copains, c'est 70-80 km et voilà, indique-t-il. Tandis que là, c'est plutôt endurance et vélocité. Et puis je m'alimente. Là, je prévois une pâte de fruits environ toutes les heures."

À environ un tiers du chemin, il fait une pause à Brou (Eure-et-Loir) pour avaler "de l'eau avec du sel pour éviter les crampes, parce qu'avec la transpiration on perd un peu de sel, donc il ne faut pas en manquer surtout vers la fin". Le vélo, ça lui plaît, il l'assure et dit ne pas en vouloir aux cheminots même s'il ne ferait pas cela tous les jours. Il sait d'ailleurs qu'en juillet, il n'aura plus à le faire car il doit être muté à 10 km de chez lui : "Je retourne dans la Sarthe et les cheminots pourront faire ce qu'ils voudront."

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