La SNCF se dit victime "d'une attaque massive pour paralyser le réseau" des TGV

À quelques heures de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris 2024, la circulation sur des lignes à grande vitesse est coupée après des "agissements criminels", dénonce le ministre des Transports Patrice Vergriete.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Des voyageurs en gare Montparnasse à Paris. Photo d'illustration. (DAVID ADEMAS / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

La SNCF a "été victime cette nuit de plusieurs actes de malveillance concomitants touchant les LGV Atlantique, Nord et Est. Des incendies volontaires ont été déclenchés pour endommager nos installations", fait-elle savoir dans un communiqué, vendredi 26 juillet, à quelques heures de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024.

La circulation des TGV sur les axes Atlantique, Nord et Est est "très perturbée". "Nous détournons certains trains sur ligne classique mais nous allons devoir en supprimer un grand nombre", a affirmé la SNCF. Seule la LGV Sud Est est épargnée, "un acte de malveillance a été déjoué", précise la SNCF dans son communiqué.

Des "incendies déclenchés au niveau des armoires électriques "

Cinq dégradations ou tentatives de dégradations sur le réseau SNCF ont eu lieu entre 1 heure et 5h30 vendredi matin ciblant des boîtiers électriques ou de signalisation, ont appris franceinfo et France Inter de sources proches du dossier. Dans le détail, des installations ont été touchées à Arrou, commune voisine de Courtalain (Eure-et-Loire), à Croisilles (Pas-de-Calais), entre la gare de Meuse TGV et Lamorville (Meuse), ainsi qu'entre Pagny-sur-Moselle et Vandières (Meurthe-et-Moselle). Une tentative de dégradation à Vergigny (Yonne) a échoué.

Concrètement, ces dégradations sont la conséquence "d'incendies déclenchés au niveau des armoires électriques ou de signalisation qui se trouvent en bordure de voie", précise une source proche du dossier à franceinfo. À ce stade, il n'y a "ni interpellations, ni revendication", indique une autre source proche du dossier qui souligne la "forte mobilisation des gendarmes dont des spécialistes en police technique et scientifique".

En Meurthe-et-Moselle, à Vandières, l'incendie a touché une installation électrique situé au sol, selon les premières informations obtenues par France Bleu Lorraine Nord. Une source interne locale de la SNCF explique qu'une "artère de câbles" a été incendiée. "Il s'agit d'une sorte de caniveau, dans lequel sont enterrés tous les câbles d'alimentation électrique. L'acte de malveillance a eu lieu au niveau du kilomètre 264 de la ligne TGV, paralysant les deux voies entre Strasbourg et Paris", précisent France Bleu Lorraine Nord, qui dévoilent les premières images des dégâts.

Un incendie a touché une installation électrique au sol à Vandières, en Meurthe-et-Moselle, entre Metz et Pont-à-Mousson, dans la nuit du 25 au 26 juillet 2024. (DOCUMENT FRANCE BLEU LORRAINE NORD / RADIOFRANCE)

La juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) s'est saisie vendredi de l'enquête pour "l'ensemble des dégradations volontaires causées sur des sites SNCF", a annoncé la procureure de la République de Paris. L'enquête est ouverte notamment pour détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, atteintes à un système de traitement automatisé de données en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre ces crimes et délits.

"C'est un bout de la France qu'on attaque"

"Je condamne fermement ces agissements criminels qui vont compromettre les départs en vacances de nombreux Français. Un grand merci aux équipes de la SNCF, sur le pont pour rétablir au plus vite les conditions de circulation", a indiqué le ministre des Transports Patrice Vergriete sur X. 

Dans un point presse, le ministre démissionnaire chargé des Transports, indique que "tous les éléments que l'on a montrent que ce sont bien des incendies volontaires. La concomitance des heures, des camionnettes retrouvées avec des personnes qui ont fui, des agents incendiaires qui ont été retrouvés sur place", a-t-il précisé, ajoutant qu'"une enquête est en cours".

Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou a déclaré, dans ce même point presse, qu'"aujourd'hui, les grands départs sont attaqués, à travers la SNCF c'est un bout de la France qu'on attaque". Il assure que la compagnie ferroviaire va déployer de nombreux moyens pour accompagner les voyageurs et résoudre le plus rapidement possible les perturbations engendrées. "Notre devoir, c'est la mobilisation. On sera là, des milliers de cheminots vont se mobiliser pour réparer, pour accueillir les clients et les guider, pour réfléchir au plan de Transports que l'on va faire", a-t-il assuré.

La préfecture de police de Paris "concentre ses effectifs dans les gares parisiennes" a indiqué de son côté Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, invité vendredi sur franceinfo. "On renforce le dispositif de sécurité, c'est ce que nous venons de faire dès ce matin".

Perturbations prévues "au moins tout le week-end" 

Cette attaque survient à quelques heures seulement de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques 2024 à Paris, alors que de nombreux voyageurs ont prévu de converger vers la capitale. Un grand nombre de vacanciers est aussi en transit. Ce sont 800 000 voyageurs qui sont concernés, selon la SNCF. Le hall de la gare Montparnasse notamment se retrouve saturé de voyageurs, comme le montrent des vidéos postées sur les réseaux.

"La gare la plus touchée est la gare Montparnasse" à Paris, affirme le ministre des Transports lors d'un deuxième point presse, qui précise que "la gare du Nord et la gare de l'Est sont un petit peu moins touchées". "Il n'y aura aucune circulation à partir de la gare Montparnasse jusqu'à 13 heures", a affirmé ensuite le patron de la SNCF Voyageurs. Christophe Fanichet précise que "la desserte la plus concernée" par cette attaque coordonnée "est la Bretagne et le Sud-Ouest". En revanche, sur les lignes LGV Nord et Est, également touchées, "les trains circulent avec entre 1h30 et deux heures de retard".

"L'entreprise est mobilisée pour que cela dure le moins longtemps possible", a assuré le PDG de la SNCF. "Des centaines d'agents sont [mobilisés] sur les lieux qui attendent que les enquêtes de police soient terminées pour intervenir". Mais le patron de la SNCF estime qu'il faudra "deux jours à peu près pour arriver à remettre tout ça sous contrôle, en gros tout le week-end".

À noter que la compagnie Eurostar est ausi affectée par cette "attaque massive" contre le réseau de trains à grande vitesse. Plusieurs trains qui relient Paris à Londres vendredi sont "annulés", indique la compagnie ferrovière. La liaison entre Paris et Bruxelles est également concernée par les perturbations. Le personnel d'Eurostar est "pleinement mobilisé dans les gares, les centres d'appel et à bord" pour s'assurer que les passagers sont bien "informés", assure l'entreprise.

Le patron de la SNCF Voyageurs assure par ailleurs que les passagers concernés par ces perturbations seront progressivement "prévenus par SMS et par mail dans les prochaines heures". Dans son communiqué, la SNCF conseillait aussi à "tous les voyageurs qui le peuvent de reporter leur voyage et de ne pas se rendre en gare", précisant que tous les billets sont échangeables et remboursables.

À regarder

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.