Egypte. La Constitution, point de départ d'un nouveau marathon politique
Remaniement ministériel, vote de lois, nouvelles élections, les Egyptiens n'en ont pas fini avec les échéances après l'adoption de la Constitution.
La Constitution "est l'aube de la nouvelle Egypte", a prophétisé Mohamed Morsi. Le président égyptien, issu du parti des Frères musulmans, s'est félicité mercredi 26 décembre, de l'adoption par référendum de ce texte soutenu par les islamistes.
Si la Constitution doit fournir un cadre à la société qu'entend mettre en place le successeur d'Hosni Moubarak, l'avenir de la plus grande démocratie du monde arabe reste incertain. Francetv info revient sur les échéances qui attendent les Egyptiens.
Un remaniement ministériel imminent
A l'occasion de son allocution télévisée, le président Morsi a annoncé mercredi un prochain remaniement du gouvernement. Son objectif : "Je vais déployer tous mes efforts pour soutenir l'économie égyptienne, qui fait face à d'énormes défis mais a aussi de grandes chances de croissance", a-t-il déclaré.
Et ces défis sont de taille. Depuis près de deux ans, l'Egypte est confrontée à une forte baisse des recettes du tourisme et à un effondrement des investissements étrangers, tandis que la crise politique a provoqué le report d'une décision très attendue du Fonds monétaire international (FMI) sur un prêt de 4,8 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros), rapporte l'AFP.
Le vote des lois mettant en pratique la Constitution
Elu en janvier avec une participation de moins de 7%, rappelle RFI, le Conseil consultatif du Parlement, "qui ne disposait d’aucun pouvoir en dehors de celui de contrôler les médias étatiques, s’est vu promu grand législateur par la Constitution", rapporte la radio. Dominé par les islamistes, cet organe "a aujourd’hui pour tâche d’adopter urgemment toutes les lois qui donneront à la Constitution un corps législatif", explique RFI.
Ces lois devraient officialiser la naissance de dix conseils et organismes nationaux, poursuit RFI qui cite notamment "les conseils de la Sécurité et de la Défense, qui assoient le pouvoir militaire et sécuritaire du président", "le conseil de Lutte contre la corruption [qui] permettra au pouvoir exécutif de faire peser une épée de Damoclès sur la tête des milieux d’affaires", "le conseil national pour l’Enseignement et la Recherche qui coiffera le ministère de l’Education et pourra orienter sa politique" ou encore "les conseils et organismes chargés de contrôler les électrons libres que constituent les médias et les journalistes".
Des élections législatives d'ici deux mois
Dans deux mois, les Egyptiens voteront à nouveau pour élire l'Assemblée du peuple, dissoute en juin. D'ici là, "le Conseil consultatif va probablement adopter à la chaîne toutes les lois permettant l’application de la Constitution", écrit le correspondant de RFI au Caire. Or ces dernières "seront un boulet au pied de la nouvelle Assemblée si, par hasard, elle venait à ne pas être dominée par une majorité islamiste."
Par ailleurs, l’opposition, "jusqu’ici très divisée, (...) promet déjà une nouvelle Constitution en cas de victoire", a rappelé La Croix.fr dans un édito de son rédacteur en chef, Dominique Greiner.
Une recomposition de l'opposition ?
La faible participation au référendum sur la Constitution (32,9% des électeurs se sont déplacés) et une victoire du "oui" (63,8%) moins large qu'espérée par les Frères musulmans traduisent la subsistance d'importantes divisions au sein de la société égyptienne. Le référendum "n'est pas la fin du chemin mais seulement une bataille dans cette longue lutte autour de l'avenir de l'Egypte", avait affirmé lundi le Front de salut national, principale coalition de l'opposition rassemblant des mouvements de gauche, laïcs et libéraux.
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