Egypte. Manifestations massives contre le président Morsi
Des dizaines de milliers d'Egyptiens ont protesté contre la décision du président islamiste de s'octroyer des pouvoirs exceptionnels.
EGYPTE - "Interdit aux Frères musulmans." C'est ce qu'on pouvait lire, mardi 27 novembre, à l'entrée de la place Tahrir, au Caire (Egypte), où des dizaines de milliers d'Egyptiens s'étaient rassemblés pour protester contre la décision du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, de s'octroyer des pouvoirs exceptionnels. Il s'agit de la plus forte mobilisation hostile au président islamiste depuis son élection en juin.
Les manifestations ont touché d'autres villes du pays, en proie à une grave crise depuis que le chef de l'Etat a décidé, le 22 novembre, de renforcer provisoirement ses pouvoirs afin, selon lui, de pouvoir engager des réformes. Mais ses détracteurs ont dénoncé un "nouveau pharaon". "Dégage !", scandaient les manifestants place Tahrir, reprenant le slogan emblématique de la révolte qui avait chassé du pouvoir le président autocratique Hosni Moubarak en février 2011.
Trois morts depuis le début des troubles
Comme tous les jours depuis une semaine, des heurts sporadiques ont eu lieu près de la place, aux abords de l'ambassade des Etats-Unis, entre des jeunes et la police qui répondait aux jets de pierres par des tirs de gaz lacrymogènes. Selon l'Alliance populaire, un petit parti de gauche, un de ses militants y est mort asphyxié, ce qu'a confirmé une source médicale. Il s'agit du troisième décès provoqué par les troubles de ces derniers jours.
Dans le delta du Nil (nord), à Mahalla, les opposants s'en sont pris, selon un responsable des services de sécurité, au siège du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), dont est issu Mohamed Morsi. Le parti, lié aux Frères musulmans, a recensé 80 blessés dans ses rangs. Les opposants se sont aussi attaqué aux locaux de la confrérie à Mansoura (nord), ainsi qu'à Alexandrie, deuxième ville du pays. Une manifestation pro-Morsi au Caire avait été annulée de crainte d'affrontements.
Après une rencontre avec la hiérarchie judiciaire lundi, Morsi a maintenu le décret controversé par lequel il s'est autorisé à prendre toute mesure jugée nécessaire pour "protéger la révolution". La situation en Egypte "n'est pas claire", a commenté mardi le département d'Etat américain. Sa porte-parole a appelé à la fin de "l'impasse constitutionnelle", tout en minimisant les risques de voir Mohamed Morsi se transformer en autocrate.
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