Départementales : la gauche tente d'oublier ses divisions pour sauver l'Essonne
Manuel Valls et Emmanuelle Cosse (EELV) viennent soutenir, lundi, le frondeur socialiste Jérôme Guedj, candidat à sa propre succession à la tête du département. Objectif : éviter une victoire historique de la droite.
Sur leurs cartes de France, les états-majors de l'UMP et du PS ont épinglé l'Essonne comme un territoire incontournable de la campagne des élections départementales. Les 22 et 29 mars, les Essonniens rendront, via leur bulletin de vote, un verdict qui pourrait bien avoir des conséquences nationales.
Manuel Valls ne s'y est pas trompé. Le Premier ministre, maire d'Evry de 2001 à 2012, revient dans sa ville, lundi 16 mars, pour soutenir le président socialiste du conseil général sortant, le frondeur Jérôme Guedj. Une improbable affiche qui rassemble aussi le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et la patronne d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Emmanuelle Cosse.
PS, écologistes et communistes main dans la main
Une défaite du PS dans son fief serait analysée comme un désaveu pour le chef du gouvernement. Pas question, donc, de laisser filer l'Essonne dans l'escarcelle de l'UMP et de son chef de file controversé dans ce département, l'ancien secrétaire d'Etat Georges Tron, renvoyé devant les assises dans une affaire de viol présumé sur deux anciennes employées municipales. Le scrutin s'annonce serré. Si François Hollande y a obtenu un bon score lors du second tour de la présidentielle (53,43%), la gauche a perdu une quinzaine de communes dans ce département lors des municipales de 2014, dont Viry-Châtillon, Palaiseau, Athis-Mons ou Brétigny-sur-Orge.
Alors, pour éviter une nouvelle défaite, la gauche tente de s'unir, à contre-courant de ce que l'on peut observer ailleurs en France. Dans la totalité des 21 cantons, le PS, EELV et les radicaux de gauche partent main dans la main. L'Essonne est, avec la Somme, le seul département dans ce cas. Avec le Front de gauche, les discussions ont été un peu moins fructueuses : socialistes et communistes se sont alliés dans huit cantons, mais le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon fait cavalier seul.
Lundi à Evry, le Front de gauche ne sera pas de la partie. Mais la présence sur une même estrade, autour de Manuel Valls, d'un frondeur socialiste parmi les plus médiatisés, et de la responsable d'une formation qui a refusé de faire partie de son gouvernement, a de quoi interpeller. A l'heure où le chef de l'Etat a reçu quelques frondeurs à l'Elysée, faut-il voir dans ce casting un message politique au niveau national ?
"Cela n'effacera pas nos désaccords"
Chez les Verts, on insiste sur le caractère particulier de l'Essonne. "Si cet accord existe, il est lié avant tout à la personnalité et à la ligne politique de Jérôme Guedj, pas à celle du Premier ministre, explique à francetv info David Cormand, secrétaire national adjoint d'EELV chargé des élections. C'est un meeting de soutien dans le cadre d'une élection locale. Cela ne signifie en aucun cas une convergence avec le PS au plan national."
Jérôme Guedj, candidat à sa propre succession à la présidence du conseil départemental, n'est pas loin de partager cet avis. "Dès l'instant où Manuel Valls a décidé de s'impliquer dans la campagne, il n'était pas envisageable pour lui de ne pas venir dans son propre département. Cela aurait été mal interprété, souligne-t-il, conscient que les deux hommes partagent un intérêt commun. Cela n'effacera pas nos débats et nos désaccords, mais la priorité, c'est de garder ce département à gauche. En quoi perdre cette élection serait bénéfique pour l'un ou pour l'autre ?"
Malgré leurs divergences, les socialistes vont se serrer les coudes, au moins le temps de la campagne. Lundi, leur volonté de se rassembler sera peut-être stimulée par la venue, au même moment, de Nicolas Sarkozy à Palaiseau. "Le fait qu'il vienne le même jour que Manuel Valls en Essonne, ce n'est pas anodin. Cela nous permettra au moins de rappeler que voter UMP, cela revient à élire Georges Tron", prévient Jérôme Guedj. Une manière comme une autre de se rassurer face à une droite bien déterminée à mettre fin à dix-sept années de domination socialiste.
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