Élections européennes : les jeunes Belges pourront (et devront) désormais voter dès leurs 16 ans

Un peu moins de 270 000 électeurs mineurs ont rendez-vous dans l'isoloir le 9 juin prochain, pour le vote des élections européennes : une première dans le royaume belge.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Jacques Héry
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Des citoyennes belges dans l'isoloir, lors des Élections fédérales de Belgique, en 2010. (B.ND / MAXPPP)

Les élections européennes se dérouleront au début du mois de juin dans l'ensemble des États-membres de l'Union. Cette année, une nouveauté en Belgique : il sera possible de voter dès 16 ans, pour ce scrutin uniquement. C'est une première dans le royaume de voir ainsi des électeurs mineurs prendre place dans l'isoloir.

Et pas d'exception pour ces nouveaux votants : comme c'est le cas pour la plupart des élections en Belgique, il sera obligatoire, pour eux aussi, d'aller voter. La Cour constitutionnelle de Belgique l'a décrété il y a une dizaine de jours. Mais pour ces Belges mineurs – ils sont environ 270 000, soit 2,9 % du corps électoral – à la différence des adultes, il n'y aura pas de sanction s'ils n'accomplissent pas leur devoir de citoyen. 

"C'est notre voix, en tant qu'adolescent et jeunes de 16 ans. Elle compte"

Mayssane a 16 ans. Elle est en 5e secondaire, l'équivalent de la première, et recevra bientôt dans sa boîte aux lettres une convocation pour aller voter, comme ses aînés. La jeune fille reconnaît être un peu perdue. "C'est quand même une chose importante de participer aux élections... européennes, c'est ça ? C'est obligatoire, c'est ça ? C'est début juin, c'est ça ? On n'est pas trop informés à l'école...". De quoi faire réagir sa sœur Méline, beaucoup plus motivée qu'elle à l'idée de se retrouver dans un isoloir.

"Ça nous prépare pour plus tard, pour nous intéresser à la politique petit à petit"

Méline, mineur belge

à franceinfo

"Je suis abonnée à des comptes Instagram qui me disent 'tel parti politique, c'est ça leur projet', et maintenant je m'informe. Je ne vais pas voter n'importe qui, je vais voter quelque chose qui m'intéresse pour faire évoluer... l'Union européenne, c'est ça ?", poursuit Méline. Sa sœur, Maissane, rebondit : "maintenant que tu le dis, c'est important. C'est notre voix, en tant qu'adolescent et jeunes de 16 ans. Elle compte !"

"On n'a pas eu assez d'expérience pour voter. J'irai car on est obligé par la loi"

Un enthousiasme pas encore assez contagieux pour chasser les doutes du nouvel électeur que sera bientôt Tom. "Je trouve qu'on n'est pas encore assez mature à 16 ans, on a pas eu assez d'expérience pour voter. J'irai car on est obligé par la loi". Il règne donc une certaine confusion. Il faut dire que les modalités du vote pour les 16-17 ans ont plusieurs fois changé.

Il a d'abord été optionnel, avec une démarche d'inscription volontaire à accomplir pour figurer sur les listes électorales. Inscription ensuite devenue automatique. Finalement, la Cour constitutionnelle belge a rendu le vote des mineurs obligatoire, comme pour tous les citoyens belges, à la différence qu'ils ne seront pas sanctionnés en cas d'absence dans l'isoloir.

"Ils ne sont pas du tout préparés pour aller voter le 9 juin prochain"

Une mise en application laborieuse qui nuit à la mesure, estime le politologue Bernard Fournier, enseignant à la Haute école de la province de Liège : "cette mesure pourrait être bénéfique, si elle est accompagnée d'une mesure d'apprentissage à la politique".

"Ce qui est triste, c'est que les écoles n'auront pas eu le temps de parler beaucoup aux jeunes de leur nouveau droit de vote, ils ne sont pas du tout préparés pour aller voter le 9 juin prochain"

Bernard Fournier, politologue

à franceinfo

Le politologue souhaite tout de même que l'expérience belge soit un succès. Il s'en dit persuadé : "on va de toute façon vers un abaissement général de l'âge du droit de vote pour toutes les élections". 

En Belgique, le vote des mineurs à partir de 16 ans : reportage de Jean-Jacques Héry

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