A Levallois-Perret, le dernier spectacle du duo Balkany
Candidat à sa réélection, Patrick Balkany, secondé par son épouse Isabelle, présidait lundi le dernier conseil municipal de sa mandature. Une séance aux allures de comédie.
L'affiche fait salle comble. Ce lundi 10 février, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Patrick Balkany préside le dernier conseil municipal de sa mandature. Sous l'œil attentif des policiers municipaux, le public prend place dans les tribunes surplombant la cossue salle du conseil. Comme dans un stade, chaque camp occupe son pré carré. Les supporters du maire s'arrogent la tribune centrale, qui fait face à l'édile et à son épouse Isabelle Balkany, qui est aussi première adjointe. Sur un côté du public, Arnaud de Courson, candidat divers droite à la mairie, s'est installé au milieu de ses partisans. A l'opposé, les militants de gauche se sont disposés de façon à pouvoir observer les prises de parole de la candidate PS, Anne-Eugénie Faure.
Le show, retransmis dans la salle sur deux téléviseurs et un écran géant, peut commencer. Deux heures de spectacle ponctuées d'esclandres, d'attaques personnelles, de plaisanteries et de sarcasmes. Le tout entrecoupé par les applaudissements ou les huées de tel ou tel camp. Au petit jeu de l'applaudimètre, les partisans de la majorité municipale sont les plus bruyants, et les plus réactifs.
"Tu me fais ch…"
Chaque prise de parole du maire, même anodine, est conclue par une salve d'applaudissements en provenance de la tribune du milieu. Patrick Balkany sait plaire à son auditoire, ne manquant jamais l'occasion de lâcher un bon mot. Au cours d'une intervention sur les tarifs des cantines scolaires, il évoque "le cas d'une ville de gauche voisine de la nôtre : Paris. Oh, je parle pas de Clichy, c'est pas une ville, Clichy !" Hilarité générale à l'évocation de ce fief socialiste tenu par Gilles Catoire, grand rival de Patrick Balkany.
Le duo Patrick-Isabelle Balkany fait à nouveau sourire l'assistance lorsque la première adjointe ose apporter une précision alors qu'une délibération est mise aux voix. "On ne parle pas pendant un vote", la rabroue son mari sur un ton goguenard. "Tu me fais ch…" peut-on lire sur les lèvres d'Isabelle Balkany. "Ah, ces deux-là, ils sont comme chien et chat", commente à haute voix une spectatrice, mi-amusée, mi-dépitée.
"Certains ne servent à rien !"
Le numéro continue. A présent, Isabelle Balkany, emmitouflée dans une doudoune bleue sans manches, rend compte de la signature d'un contrat avec le conseil général des Hauts-de-Seine. "Je vous ai lâchement laissé négocier avec le président du conseil général", s'excuse Patrick Balkany, dont les relations avec Patrick Devedjian sont notoirement exécrables. "Je me suis même laissé dire qu'il avait accepté absolument tout ce que vous lui aviez demandé."
Le groupe socialiste feint l'étonnement : pourquoi les négociations ont-elles été menées par Isabelle Balkany, qui ne siège plus au conseil général, et pas par Sylvie Ramond, seule conseillère générale membre de l'exécutif municipal ? "Je me demande si les conseillers généraux de cette ville servent à quelque chose !" lâche Thierry David, chef du groupe PS. "Je vous confirme que certains ne servent à rien !" rétorque Isabelle Balkany. Dans le public, Arnaud de Courson, qui lui a ravi son siège de conseillère générale en 2011, ne bronche pas, mais ses partisans se chargent des huées de protestation.
Haro sur "les Levalloisiens qui n'applaudissent pas"
Les humeurs du public font partie intégrante des séances du conseil municipal. Alors que son mari vient d'annoncer une opération immobilière susceptible de créer, à terme, 4 000 emplois sur la ville, "une situation exceptionnelle en France", Isabelle Balkany prend la parole : "Cela me rend très triste de voir qu'un certain nombre de Levalloisiens n'applaudissent pas." La voix couverte par un brouhaha, Thierry David fait remarquer que "le règlement intérieur précise que le public doit rester silencieux".
Un silence joyeusement enfreint lorsque la communiste Annie Mandois se lance dans une longue intervention pour critiquer la volonté de l'exécutif municipal de ne pas appliquer la réforme des rythmes scolaires. Pendant que l'élue s'exprime dans l'indifférence quasi-générale, Patrick Balkany quitte son siège, traverse lentement la salle du conseil et s'éclipse, un sourire jusqu'aux oreilles, pour ne revenir que dix minutes plus tard.
Après avoir remercié "l'ensemble des conseillers municipaux et des adjoints qui ont siégé pendant ces six années", le maire sortant met fin au spectacle par une dernière galéjade : "Je vous donne rendez-vous le jeudi suivant le premier tour pour élire le maire !" Sans douter un instant de sa victoire.
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