"Je n'avais pas encore senti l'heure de la retraite pour moi" : malgré une récente agression, le maire de Tessy-Bocage, dans la Manche, brigue un troisième mandat
Les habitants sont restés choqués par l'agression de leur premier élu, en décembre dernier. Le premier concerné aussi, mais il ne souhaite pas jeter l'éponge pour autant.
"C'est dramatique. Où on va ? Pourquoi faire ça au maire ?", s'interroge Nicolas, le boulanger de Tessy-Bocage (Manche). Dans cette commune de 2 400 habitants, l'agression du maire, Michel Richard, le 10 décembre dernier, est dans toutes les têtes. Comme lui, de nombreux élus ont déjà été victimes de violences, physiques ou verbales. Après la mort du maire de Signes (Var) en août 2019, la commission des lois du Sénat a publié en octobre les résultats d'une consultation. Bilan : 92 % des élus (maires, adjoints, conseillers municipaux) interrogés ont été victimes d'incivilités, d'injures, de menaces, ou d'agressions physiques.
"On casse le matériel et on casse la gueule à notre maire. C'est inadmissible !", s'emporte le boulanger. Mais Nicolas salue "le courage" du maire, qui a décidé de se représenter aux élections municipales de mars 2020. "Il nous représente cet homme-là, alors on le respecte", estime pour sa part une habitante. Même avis du côté de Kylian, un jeune de 12 ans : "Déjà, une personne doit être respectée. Si c'est un élu, il ne faut pas lui faire du mal parce que c'est un élu."
"C'est passé assez rapidement"
"J'ai été agressé en voulant défendre le patrimoine public, c'est-à-dire les installations de Noël", raconte Michel Richard, âgé de 65 ans. "Je suis tombé sur deux lascars qui venaient pour dégrader. Je leur ai pourtant dit que j'étais le maire, pour essayer de dissuader un peu. Visiblement, ça n'a pas eu d'effet. Un des deux m'a plaqué au sol. Et puis après j'ai reçu des coups, des coups de pieds, ils me serraient le cou, etc." Le procès de cette agression se tiendra le 17 juin.
Je n'ai pas trop souffert physiquement. C'est plus moralement que ça a été difficile à admettre.
Michel Richardà franceinfo
Michel Richard a donc décidé d'être candidat pour un troisième mandat. A-t-il hésité ? "Le lendemain de l'agression, oui, je me suis dit 'stop, on ne va pas se faire taper dessus, ce n'est pas comme ça que je vois la fonction de maire'", confie l'élu. "Mais voilà, c'est passé assez rapidement, grâce à mon équipe, aux messages de soutien que j'ai eus. Quand on est dans la fonction de maire, on ne le fait pas à moitié, on ne peut pas le faire à moitié. Je n'avais pas encore senti l'heure de la retraite pour moi." Michel Richard ne ressent aucunement la crise de vocation. "Ah non ! C'est tellement enrichissant humainement, la fonction de maire."
Pour l'heure, Michel Richard est le seul candidat déclaré pour ces élections municipales à Tessy-Bocage.
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