Cet article date de plus de quatre ans.

Les élections municipales sont-elles toujours synonymes de défaite pour la majorité ?

Toutes les élections municipales, régionales, départementales et européennes seraient systématiquement perdues par les majorités présidentiellesn selon le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume. Une équation qui ne se vérifie pas toujours.  

Article rédigé par franceinfo - Perrine Roguet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, le 20 février 2019. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le second tour des élections municipales se tient dimanche 28 juin. Pour Didier Guillaume, elles semblent perdues d'avance. Le ministre de l'Agriculture a déclaré, sur Cnews le 16 juin : "Toutes les majorités, tous les partis au pouvoir perdent les élections intermédiaires". Cette affirmation n’est pas totalement exacte, la cellule Vrai du Faux vous explique pourquoi. 

Plusieurs contre-exemples ces dernières années

Le terme d’élections intermédiaires vient du système électoral américain, explique Martial Foucault, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) : "Ce sont les mid-terms aux Etats-Unis, qui sont toujours à mi-mandat présidentielle, où la tendance est de venir rééquilibrer le pouvoir en place." En France, les élections intermédiaires n’ont pas toujours ce rôle et n’interviennent pas nécessairement au milieu du mandat présidentiel. 

En 1995, Jacques Chirac est président de la République et la droite majoritaire à l'Assemblée, et les élections municipales sont favorables à la droite. Mais le scrutin municipal est très proche de son élection à la tête de l’Etat, un mois plus tôt, et l’opinion publique reste très favorable à la droite.

Mais il y a d’autres contre-exemples sur les vingt dernières années. En 1997, la "gauche plurielle" obtient la majorité aux élections législatives anticipées et Lionel Jospin devient Premier ministre. En 2001, cette même gauche plurielle est plébiscitée lors des élections départementales. Ce qui n'empêchera pas, un an plus tard, de voir la gauche absente du second tour de l’élection présidentielle.

En 2007, après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, l'UMP (aujourd’hui Les Républicains) remporte les élections législatives. Et en 2009, l'UMP remporte les élections européennes. On ne peut donc pas considérer que les élections intermédiaires, sont toujours perdues par la majorité présidentielle.

Le gouvernement sanctionné au premier tour

Et pour La République en marche ? Au premier tour des élections municipales le 15 mars dernier, le parti présidentiel n’a récolté que 2,24% des suffrages dans les communes de plus de 3 500 habitants, bien loin du succès qu’a connu le mouvement aux dernières législatives, où il a obtenu la majorité absolue. Dans les grandes villes, LREM est arrivée en moyenne en troisième position. Martial Foucault y voit effectivement une sanction de l’exécutif : "En théorie, l’élection municipale est un vote de sanction, soit envers l’élu sortant, soit envers l’exécutif ", note-t-il. LREM n’existait pas en 2014, il n’y a donc pas de maire sortant à sanctionner. D'après le politologue, c’est bien le gouvernement qui subit une désapprobation. 

L’autre problème pour LREM, c’est son positionnement politique au niveau local : "Les élections municipales donnent souvent un petit avantage aux oppositions, mais là, on ne sait pas vraiment qui est l’opposition. Tout l’enjeu va être de savoir qui profitera de la victoire dans les cas où LREM s’est effacée au profit d’autres candidats." Comme à Bordeaux, où Thomas Cazenave (LREM) soutient désormais la candidature de Nicolas Florian (LR). A Strasbourg et Lyon, d’anciens socialistes, ralliés à la majorité, se sont aussi éclipsés au profit du candidat LR, pour faire barrage aux listes écologistes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.