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Municipales : l'UMP lance sa campagne dans une unité de façade

A deux mois du premier tour, le parti de Jean-François Copé tenait son grand conseil national, samedi à Paris.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Christian Jacob, Jean-Pierre Raffarin, Jean-François Copé, François Fillon et Michèle Tabarot, assistent au conseil national de l'UMP, le 25 janvier 2014 à Paris. (PIERRE ANDRIEU / AFP)

Des divisions ? Quelles divisions ? A deux mois des élections municipales, ne parlez pas à Jean-François Copé de quelconques désaccords à l'UMP. Le président du parti l'assure : "L'UMP de 2014 n'est plus celle de la triste année 2012. Aujourd'hui, nous incarnons une famille rassemblée". En réalité, c'est plutôt dans une unité de façade que l'UMP a officiellement lancé sa campagne, samedi 25 janvier, à l'occasion d'un conseil national à Paris, auquel ont participé 2 000 cadres locaux et nationaux.

Une unité mise à mal, ces derniers jours, par plusieurs voix discordantes. Vendredi, l'ancien Premier ministre, Alain Juppé, a fait savoir qu'il ne participerait pas au grand raout. Officiellement pris par un emploi du temps trop chargé, le maire de Bordeaux, potentiel candidat à la prochaine élection présidentielle, jugerait "trop libéral" le catalogue de propositions arrêté par l'UMP. Un avis partagé par l'ancien ministre du Budget, François Baroin. Ce document – qui prône notamment une baisse de la dépense publique de 130 milliards d'euros en cinq ans, la sortie définitive des 35 heures, la retraite à 65 ans ou encore le contrat de travail unique, l'allègement du code du travail, et la réduction des contrôles fiscaux sur les PME… – a toutefois été approuvé avec 90% des voix par le parlement de l'UMP. "L'aspirine, ça ne suffit pas", a aussitôt répondu le délégué général au projet de l'UMP, Hervé Mariton, à l'attention d'Alain Juppé et de François Baroin. 

"La diversité sert le parti, la division sert l'adversaire"

Il n'empêche. D'autres voix, comme celle du député Henri Guaino, se sont aussi élevées contre la manière dont a été préparé ce programme. Dans une lettre ouverte adressée à Jean-François Copé, l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a déploré que ces propositions n'aient "fait l'objet d'aucun grand débat dans les fédérations, d'aucun processus de maturation intellectuelle et politique". "Méfions-nous de la tentation de recycler de vieilles idées que nous n'avons pas eu le courage de mettre en œuvre quand nous étions au pouvoir", a également mis en garde l'ancien ministre Laurent Wauquiez, dans un entretien au Figaro. Quant aux questions de société, elles ont tout bonnement été renvoyées à l'après-municipales, suscitant trop de divisions au sein du parti. 

Plusieurs ténors de l'UMP se sont toutefois efforcés d'atténuer ces critiques, samedi. "Dans tous les partis, on a parfois ce genre de positions personnelles, prises par tel ou tel. C'est la vie", a philosophé Jean-François Copé. "Que les gens talentueux (à l’intérieur de l’UMP) fassent attention à ce qu’ils disent à l’extérieur", a également tonné Jean-Claude Gaudin, vice-président de l'UMP. Spécialiste de la petite phrase, l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a lui aussi tenu à rappeler que si "la diversité sert le parti, la division sert l'adversaire"

De nombreux sujets de dissension

Il n'empêche. D'autres sujets abordés samedi ont bel et bien fait apparaître de vraies dissensions. L'ancien ministre Xavier Bertrand a ainsi été très applaudi en affirmant qu'il refuserait de voter la confiance au chef de l'Etat sur le pacte de responsabilité, alors que plusieurs poids-lourds de l'UMP, comme Jean-Pierre Raffarin, François Baroin ou Bruno Le Maire, ont fait savoir qu'ils n'excluaient pas d'apporter leur soutien à François Hollande sur ce dossier.  

Sur l'Europe, Jean-François Copé a également tenté d'apporter quelques clarifications, alors que la traditionnelle fracture entre fédéralisme et souverainisme resurgit à mesure qu'approchent les élections de mai. Le président de l'UMP a ainsi martelé qu'il dirige "un parti profondément européen", mais qui "veut une autre Europe (…) parce qu'il aime passionnément l'Europe". "Difficile de faire plus incompréhensible !", grinçait en coulisses un ténor du parti.

En coulisses, la bataille pour 2017

Sur le plan interne, la désignation des têtes de liste de l'UMP aux élections européennes a également été source de conflits. Signe de la fragilité de l'union martelée, la nomination de ces chefs de file n'a d'ailleurs été approuvée qu'à 74% des voix, samedi matin. Sur le terrain, de nombreuses frictions entre pro-Copé et pro-Fillon sont également relevées dans le cadre de la campagne pour les municipales. L'accord passé entre l'UMP et François Bayrou à Pau, pour ne pas présenter de candidat face au président du Modem, a lui aussi suscité de vives critiques...

Des divisions qui s'expliquent largement par la bataille que se livrent en coulisses les écuries des différents candidats potentiels à la présidentielle de 2017. Ce qui n'a pas échappé aux vieux sages de l'UMP, tel Jean-Claude Gaudin. "2017 ? Oh, pécaille ! Nous avons le temps d'y arriver !", s'est égosillé le maire de Marseille à la tribune, comme pour calmer les ardeurs des uns et des autres. Pas sûr qu'il ait véritablement été entendu par les principaux intéressés. 

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