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Municipales : les six questions-clés du premier tour

A deux jours du premier tour, francetv info vous résume les grands enjeux du scrutin.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8min
Près de 46 millions de Français sont invités à se rendre aux urnes, le 23 mars 2014, pour le premier tour des élections municipales. (MAXPPP)

Deux ans après l'élection de François Hollande, l'heure du premier grand test électoral a sonné pour la majorité socialiste. Dimanche 23 mars, près de 46 millions de Français sont invités à se rendre aux urnes pour choisir l'équipe qui dirigera leur commune pour les six années à venir. A deux jours du premier tour, francetv info vous résume les principaux enjeux des élections municipales en six questions-clés. 

1L'abstention va-t-elle battre un nouveau record ?

Le premier enjeu résidera dans le taux d'abstention. Depuis 1988, tous les scrutins – à l'exception de la présidentielle – ont vu l'abstention progresser. Aux dernières élections municipales, elle a pulvérisé les records, avec le plus faible taux de participation depuis 1959 : un électeur sur trois ne s'était pas déplacé au premier tour.

"Ce que nous mesurons laisse présager d'une abstention plus élevée qu'en 2008, voire potentiellement beaucoup plus élevée", assure le sondeur Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos. Selon l'institut, le taux d'abstention pourrait ainsi atteindre 37% à 41% cette année. Reste à savoir quel camp sera le plus handicapé. Selon différents sondages, les électeurs de gauche pourraient être les plus nombreux à bouder les urnes, afin d'exprimer leur mécontentement à l'égard de la politique menée par François Hollande et Jean-Marc Ayrault. "Le premier adversaire de la gauche reste l'abstention", résume ainsi le député PS Jean-Jacques Urvoas.

2Dans combien de communes le FN va-t-il se maintenir au second tour ?

L'un des autres enjeux principaux concernera l'extrême droite. Depuis l'élection de Marine Le Pen à la présidence du parti, en 2010, c'est la première fois où l'on va vraiment pouvoir mesurer l'enracinement local du Front national, et sa capacité à susciter un réseau d'élus locaux. Un premier pari a été atteint : le FN sera présent dans 562 villes de plus de 1 000 habitants (carte ci-dessous). Un chiffre jamais atteint jusqu'à présent.

Cette première étape franchie, il faudra maintenant regarder dans combien de communes le parti de Marine Le Pen va réussir à se maintenir au second tour, en dépassant la barre des 10% au premier. Dans une petite quarantaine de villes, il risque de pouvoir jouer les premiers rôles. La direction du parti vise en particulier une dizaine de communes "gagnables", aux premiers rangs desquels se trouvent Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Fréjus (Var), Tarascon (Bouches-du-Rhône) ou Saint-Gilles (Gard). Dans les autres villes, le Front national jouera bien souvent les rôles d'arbitre, en imposant des triangulaires ou quadrangulaires qui handicapent traditionnellement davantage la droite que la gauche.

Ce phénomène s'était par exemple déjà produit en 1995, année où le FN avait imposé 101 triangulaires sur 236 villes, privant la droite de la large victoire annoncée, un mois après l'élection de Jacques Chirac à l'Elysée. Cette année, Ce pourrait être le cas dans "150 à 200 villes", selon les estimations du politologue Bernard Sananès, de l'institut CSA. 

3Les candidats PS vont-ils échapper au vote sanction ?

A gauche, le Parti socialiste redoute le fameux "vote sanction", que l'UMP appelle de ses vœux. Et pour cause : depuis 1978, aucune élection intermédiaire n'a été remportée par le pouvoir en place. Or, le sondeur Jérôme Fourquet, de l'institut Ifop, souligne que la cote de popularité de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault "est au plus bas, bien plus que celle de Nicolas Sarkozy et François Fillon en 2008". Selon ce politologue, "l'envie de sanctionner est plus forte" qu'aux municipales de cette année-là, lorsque la majorité de droite avait essuyé une "vague rose", perdant 82 villes de plus de 10 000 habitants.

Tout n'est pourtant pas perdu pour le PS, qui espère que les électeurs mécontents feront le distingo entre leur mécontentement à l'échelle nationale et le bilan des municipalités sortantes. A Paris, "il y a une gauche qui réussit", répète par exemple Anne Hidalgo, candidate à la succession de Bertrand Delanoë, se démarquant ainsi d'une gauche qui échouerait au niveau national. "Le maire est la seule figure politique qui a une majorité de bonnes opinions, et il est très connu, ce qui donne un très gros avantage au sortant", fait valoir Jean-Yves Dormagen, professeur de sciences politiques, pour qui une abstention plus importante à gauche ne suffira pas à faire basculer les grandes villes tenues par la gauche.

Si un bon bilan est, pour une équipe sortante, "une condition nécessaire pour remporter une municipale, elle n’est pas suffisante pour assurer une victoire certaine", nuancent cependant les économistes Bruno et Véronique Jérôme, spécialistes en prévision électorale, qui rappellent sur leur blog qu'à l'occasion des élections de 1977, 1983, 2001 et 2008, "nombre de maires sortants 'bons gestionnaires' ont malgré tout été balayés par une vague d’ampleur nationale"

4Dans combien de villes l'UMP sera-t-elle en bonne position pour reprendre la mairie ?

A droite, justement, le scrutin aura un enjeu tout particulier pour Jean-François Copé. Le président de l'UMP, dont l'élection contestée continue de susciter régulièrement des crispations au sein du parti, a promis à plusieurs reprises "une vague bleue". Si tel n'était pas le cas, le député-maire de Meaux ressortirait un peu plus affaibli encore.

Or, rares sont aujourd'hui ceux qui prédisent une large victoire de la droite les 23 et 30 mars. Tous les sondages montrent un fort mécontentement des Français à l'égard de l'UMP, notamment en ce qui concerne le rôle d'opposant que le parti de Jean-François Copé est censé jouer. Et les affaires Copé, Buisson et Sarkozy, qui ont fait la une des journaux ces dernières semaines, ne devraient pas inverser la tendance. "L'UMP n'a pas réussi à mener une campagne nationale", constate le politologue Bernard Sananès.

Selon les prévisions de Bruno et Véronique Jérôme, entre 19 et 39 communes de plus de 30 000 habitants pourraient tout de même basculer à droite à l'issue du second tour. Dans ces villes, les résultats au premier tour seront à regarder avec une attention particulière. Les principales chances de victoire pour l'UMP pourraient se trouver du côté de Strasbourg, Metz, Reims, Angers, Caen ou Amiens.

5Quels scores pour l'UMP à Paris et le PS à Marseille ?

Dimanche soir, une attention particulière sera également portée sur les résultats dans les deux plus grandes villes de France. A l'issue du second tour, selon les sondages, Paris devrait rester à gauche et Marseille devrait rester à droite. Mais les challengers, Nathalie Kosciusko-Morizet et Patrick Mennucci, n'ont pas dit leur dernier mot. Les deux intéressés espèrent surtout qu'en arrivant en tête dans certains arrondissements-clés, ils rendront l'issue du scrutin plus incertaine que prévu. 

6Quels maires sortants seront réélus dès le 1er tour ?

Dernier enjeu majeur de ce premier tour : combien de maires ayant une envergure politique nationale parviendront à être réélus dès le premier tour ? A Bordeaux, tous les sondages laissent présager une victoire triomphale de l'ancien Premier ministre, Alain Juppé. Ancien ministre du Travail, le maire de Saint-Quentin, Xavier Bertrand, candidat déclaré à la primaire de l'UMP pour la prochaine présidentielle, pourrait lui aussi être reconduit dès dimanche soir. Idem à Nice, où plusieurs sondages prédisent une victoire dès le premier tour de l'ancien ministre UMP Christian Estrosi.

A gauche, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, tête de liste à Boulogne-sur-Mer, devrait être l'un des seuls maires PS de grandes villes à être réélu dès dimanche. A Lille comme à Lyon, les socialistes Martine Aubry et Gérard Collomb devraient passer par un second tour pour l'emporter. 

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