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Vidéo Municipales : la désertification médicale, un "crève-coeur" pour l'un des derniers généralistes de Saint-Amand-Montrond

Toute la semaine, franceinfo marque un stop dans une ville de France à quelques jours du 1er tour des municipales. Mercredi 11 mars, direction Saint-Amand-Montrond, dans le Cher, devenue au fil des années un véritable désert médical.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Deiana
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Philippe Jacquin, médecin depuis 33 ans à Saint-Amand-Montrond, est inquiet, car il sait qu'après sa retraite personne ne prendra sa place. (ANTOINE DEIANA / FRANCEINFO)

"Une fois que vous serez partie à la retraite docteur, on va à la catastrophe, personne ne veut venir." Isabelle Gastelet habite à Saint-Amand-Montrond et s'inquiète. Dans cette commune du Cher d’un peu moins de 10 000 habitants, il n’y a plus que six médecins en activité. Et il pourrait n'en rester qu'un seul d’ici cinq ans, si les départs en retraite ne sont pas remplacés. En France, 3,8 millions de personnes vivent, comme ici, dans une zone sous-dotée en médecins généralistes selon la Dress. Un chiffre qui a fortement augmenté en quatre ans (+1,3 millions de Français).

Isabelle Gastelet, une habitante de Saint-Amand-Montrond, est très inquiète quant à l'avenir de sa commune qui n'aura bientôt plus qu'un seul médecin généraliste. (ANTOINE DEIANA / FRANCEINFO)

Philippe Jacquin est médecin généraliste à Saint-Amand depuis 33 ans et il a observé la lente désertification médicale dans sa commune au fil des années. "Au moment où je me suis installé nous étions treize, il y a dix ans nous sommes descendus à une dizaine, aujourd’hui nous ne sommes plus que six (un septième partage ses journées de travail avec l’un des six médecins) et d’ici cinq ans je partirai à la retraire comme quatre autres de mes collègues", raconte le généraliste. Et il n'est pas optimiste quant à la relève : "Quand je vais partir à la retraite je suis certain que personne ne viendra me remplacer et mon cabinet fermera, dit-il. J’ai cherché à plusieurs reprises un successeur mais le manque d’attractivité de la ville et sa paupérisation n’encouragent pas les jeunes à venir s’installer."

Depuis un peu plus de dix ans, la population de Saint-Amand-Montrond ne cesse de baisser. Elle est même passée sous la barre des 10 000 habitants en 2016, une première depuis 1936. Le taux de chômage de la commune (10,1% en 2019), même s’il est en baisse depuis quatre ans, reste bien supérieur à la moyenne nationale (8,5% de la population active en 2019). Un manque global de dynamisme qui refroidit aussi les jeunes médecins et leur entourage : "C’est difficile pour les gens qui accompagnent nos confrères et leurs compagnes… Que vont-ils pouvoir faire en venant ici ?", se demande le docteur Jacquin.

 


Le quotidien du généraliste est rythmé par les consultations avec ses habitués et les appels incessants de nouveaux patients qui n’ont plus de médecin traitant : "Je garde des créneaux de libres pour les urgences et pour des gens qui se retrouvent sur le carreau… Je ne vois pas comment ces patients vont faire et ce qu’ils vont devenir d’ici cinq ans quand il n’y aura plus qu’un médecin pour toute la ville", s'inquiète Philippe JacquinUne situation qu’il vit difficilement : "C’est un crève-cœur et je pense qu’il en est de même pour mes confrères. Quand on dit non à un patient ça ne correspond pas à l’idée qu’on se fait de notre métier et au serment d’Hippocrate. Malheureusement il faut aussi qu’on prenne un peu soin de nous."

Philippe Jacquin, médecin généraliste à Saint-Amand-Montrond depuis 33 ans, aimerait que la maison de santé pluridisciplinaire, promise depuis une douzaine d'année, soit enfin mise en place. (ANTOINE DEIANA / FRANCEINFO)


Les prochaines élections municipales, les 15 et 22 mars prochains, représentent-elles un enjeu majeur ? Là encore Philippe Jacquin est très prudent, déçu par la situation actuelle : "Les élus municipaux et les candidats aux prochaines municipales font comme les autres, ils pensent et essayent de trouver des solutions. La maison de santé pluridisciplinaire, par exemple, pourrait apporter quelque chose. C’est dans les petits papiers depuis un moment… Mais rien n’a encore été fait", regrette le médecin.

En effet pour l'istant la solution privilégiée par la communauté de communes Cœur de France est l’ouverture d’un grand centre de santé pluridisciplinaire (CST). Un dossier ouvert il y a une douzaine d’années, engagé en 2016, et qui devait être fonctionnel courant 2019. Finalement, des préconisations rendues par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), sur l'emplacement choisi (dans l’ancien couvent des Capucins), ont été jugées trop contraignantes par Thierry Vinçon, président de Cœur de France et maire de Saint-Amand-Montrond. Si le projet, toujours en cours, fait l'unanimité auprès des trois têtes de listes en course pour les municipales 2020, son lieu d'implantation fait encore débat.

Municipales : la désertification médicale, un "crève-coeur" pour l'un des derniers généralistes de Saint-Amand-Montrond. Le reportage de Farida Nouar

>> La liste des candidats aux élections municipales à Saint-Amand-Montrond

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