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Accord Hamon-Jadot : l'investiture de Cécile Duflot fait bouillir de colère les socialistes parisiens

Parmi la quarantaine de circonscriptions réservées aux Verts dans l'accord passé avec le PS, il y a celle de Cécile Duflot à Paris. Sur le terrain, les socialistes grincent des dents.

Article rédigé par Sophie Brunn
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La députée écologiste Cécile Duflot, lors de la dernière séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 22 février 2017 à Paris. (MAXPPP)

C'est la première victime de l'accord, passé jeudi 23 février, entre Benoît Hamon et Yannick Jadot. Nawel Oumer, candidate investie par le PS en décembre dans la 6e circonscription de Paris, va devoir céder la place à Cécile Duflot. Une décision prise au nom du "rassemblement", mais qui a du mal à passer chez les socialistes parisiens.

Sur la quarantaine de circonscriptions attribuées aux Verts dans l’accord, une seule a été particulièrement difficile à négocier : celle de Cécile Duflot. L'ancienne ministre du Logement sera à nouveau candidate sous la bannière Verts-PS pour les législatives de juin 2017, dans la circonscription où elle a été élue en 2012. Une investiture décidée contre la volonté de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui n'a jamais accepté le parachutage, il y a cinq ans, de l'ancienne patronne des Verts. Et en dépit du vote des militants socialistes, qui, en décembre, ont  investi une candidate : Nawel Oumer, avocate de profession et conseillère de Paris.

La candidate socialiste "sereine et déterminée"

A l'époque, il semblait hors de question, côté PS comme côté EELV, de s’allier pour les législatives. Mais ça, c'était avant la victoire de Benoît Hamon le 29 janvier à la primaire de la gauche. Le soir même de sa désignation, il tend la main à Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot. Presque quatre semaines plus tard, il scelle un accord avec EELV, qui lui permet de se revendiquer comme le candidat de l'écologie. Et qui réinvestit Cécile Duflot dans un fauteuil : celui de la 6e circonscription de Paris, à cheval entre le 11e et le 20e arrondissement, considérée comme une des meilleures pour la gauche.

Nawel Oumer n'a pas encore officiellement réagi. Elle s'est contentée de s’afficher "sereine et déterminée" dans un tweet.

D’après son entourage, elle continue sa campagne, puisque pour l'heure, elle est toujours investie par le PS. A ce sujet, les statuts de la rue de Solferino sont précis. "Les désignations des candidats pour les élections législatives sont adoptées en convention nationale sauf en cas de nécessité, par délégation par le bureau national." Selon les informations recueillies par franceinfo, un conseil national pourrait être convoqué après le 17 mars, date de clôture des parrainages pour l'élection présidentielle. Outre le cas de Nawel Oumer, ce conseil national serait aussi amené à se prononcer sur les investitures des députés qui auraient parrainé Emmanuel Macron. La menace d’une sanction à leur égard a été brandie à plusieurs reprises, mais jamais encore mise à exécution.

Une candidature en dissidence ?

Si le conseil national du PS confirme l'accord avec les Verts et désinvestit en conséquence Nawel Oumer, celle-ci s'y pliera-t-elle ? Un de ses proches explique : "Elle me dit qu'elle ira jusqu'au bout, quitte à partir en dissidence. Mon sentiment est qu'elle attend de voir jusqu'où ça va." Une autre estime qu'elle se posera la question en temps voulu, en sondant ses militants : "Elle a toujours été sur l’idée : que la meilleure gagne ! Elle était prête à faire campagne contre Cécile Duflot. Mais il est vrai que les conditions changent aujourd'hui."

Le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, précédant Nawel Oumer, candidate socialiste aux législatives dans la 6e circonscription de Paris. (MAXPPP)

La motivation des militants pourrait aussi peser dans la balance. "La décision d'investir Duflot crée incontestablement un émoi. Je ne peux pas empêcher les camarades sur le terrain de faire la campagne s'ils le souhaitent", dit à franceinfo Emmanuel Grégoire, le patron de la fédération PS de Paris.

Le cas de Cécile Duflot cristallise les tensions chez une partie des socialistes à cause du "passif" de 2012, mais pas seulement. "Elle a eu une attitude très dure face au gouvernement, ce qui est mal passé auprès des militants. Elle a fait de la rupture avec le PS sa stratégie de campagne. On trouve un peu fort de café qu'elle nous demande à présent de la sauver. Car c'est de cela qu'il s'agit : si elle y allait, Nawel Oumer pourrait gagner", confie un bon connaisseur de la situation parisienne.

Mais au-delà de la 6e circonscription de Paris, le malaise est plus large. L’accord signé avec les Verts est en effet "asymétrique". Si, dans les quelque 40 circonscriptions réservées aux Verts, les socialistes s'engagent à ne pas présenter de candidat, la réciproque n'est pas vraie. Les Verts se réservent la possibilité de présenter des candidats ailleurs, face aux socialistes investis. C'est par exemple le cas de Julien Bayou, le très médiatique porte-parole des Verts, qui compte se présenter face à la socialiste Seybah Dagoma dans la 5e circonscription de Paris. La militante féministe Caroline de Haas, initiatrice de la pétition contre la loi Travail, est soutenue par EELV pour se présenter contre Myriam El Khomri, dans la 18e circonscription de Paris.

"Ça rend les gens hystériques"

De quoi énerver sérieusement l'entourage de la maire de Paris, Anne Hidalgo. "C'est cocasse, commente un poids lourd de l'Hôtel de ville. On les soutient et eux peuvent se présenter contre nous, partout où ils veulent. Ça rend les gens hystériques quand ils voient Julien Bayou taper sur Seybah Dagoma." D’autant plus que dans les sondages, Yannick Jadot n'a jamais décollé. Et qu’il n’était pas certain d’obtenir ses parrainages. "On aurait préféré qu'il n'y ait pas d'accord ! poursuit le même. Les sympathisants nous disent : qu'est-ce qui vous prend de resigner avec des gens qui font 1% ? Vous sauvez la dame qui a été sèchement battue par les siens !", rappelant l'élimination de Cécile Duflot dès le premier tour de la primaire écologiste, en octobre.

Pour faire passer la pilule, Benoît Hamon a lui-même appelé Anne Hidalgo, jeudi 23 février au matin. "Hyper énervée" mais mise devant le fait accompli, elle n’a pas voulu prendre la responsabilité de l’échec de l’accord.

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