Pourquoi Marine Le Pen peut jubiler après l'élection de Donald Trump
La victoire surpise de Donald Trump à l'élection américaine est une bonne nouvelle pour la présidente du Front national, qui rêve de l'imiter dans six mois en France.
Marine Le Pen a de quoi être heureuse. La victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, qui décontenance la classe politique française, fait le bonheur du Front national. "L'élection de Donald Trump est une bonne nouvelle pour notre pays", a déclaré la patronne du FN, mercredi 9 novembre. Voici pourquoi cette élection est surtout une bonne nouvelle pour elle, à moins de six mois de l'élection présidentielle française.
Parce que sa stratégie du "peuple contre les élites" semble validée
Tout au long de sa campagne, Donald Trump n'a cessé de pourfendre "les élites corrompues" et "l'establishment", deux castes incarnées par Hillary Clinton selon lui. La critique ressemble à s'y méprendre aux arguments développés par Marine Le Pen en France, qui peut se sentir confortée dans sa stratégie de critique permanente du "système".
Sans surprise, c'est sur cet aspect que Marine Le Pen a insisté, mercredi matin, en réagissant à la victoire du milliardaire outre-Atlantique : "Ce qui s'est passé cette nuit n'est pas la fin du monde, mais la fin d'un monde. Les Américains se sont donné le président qu'ils ont choisi et non celui qu'un système installé voulait leur faire valider", a-t-elle affirmé devant la presse.
"Ici comme ailleurs, il n'est pas de gouvernement digne, authentiquement légitime, qui ne gouverne pas pour le peuple et au nom du peuple. Les élites politiques et médiatiques, lourdement sanctionnées ce matin, ne peuvent pas l'ignorer", a-t-elle poursuivi, voyant dans cette élection "la victoire de la liberté d'un peuple souverain".
Parce que son programme comporte beaucoup de points communs avec celui de Trump
Au-delà de leurs penchants populistes, Donald Trump et Marine Le Pen se retrouvent sur nombre de dossiers. L'arrivée au pouvoir du magnat de l'immobilier new-yorkais va mécaniquement rendre plus crédibles les thèses développées par le FN, notamment en matière de commerce international.
Comme Marine Le Pen, Donald Trump est un farouche partisan du protectionnisme économique : il compte imposer des droits de douane exorbitants sur les produits chinois et dénoncer plusieurs accords de libre-échange dont le Nafta (entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique). Avec Donald Trump à la Maison Blanche, Marine Le Pen peut aussi se réjouir de la probable suspension des négociations sur le Tafta, entre les Etats-Unis et l'Union européenne.
Autre thème sur lequel ils développent la même approche : l'immigration. Expulsion des immigrés clandestins, abrogation du droit du sol et durcissement des conditions d’accueil des réfugiés sont autant de points commun entre les programmes de Donald Trump et de Marine Le Pen. En matière de politique internationale aussi, ils se retrouvent dans leur volonté de renouer le dialogue avec la Russie.
Parce qu'elle a l'occasion de se construire une stature internationale
"Marine Le Pen n’a aucune expérience et aucun allié. Il suffira qu’elle demande quelque chose pour qu’on le refuse. (...) Marine Le Pen, c'est l'isolement de la France", déclarait Nicolas Sarkozy en septembre sur France 2. Avec l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la critique perd un peu de sa pertinence. En se montrant indulgente envers la Russie de Vladimir Poutine, et en se positionnant comme le principal soutien, en France, du nouveau président américain, Marine Le Pen tente de cultiver la crédibilité internationale qui lui fait cruellement défaut.
En septembre, son entourage confiait à la presse que la présidente du FN se verrait bien rencontrer Donald Trump si celui-ci était élu. "On souhaiterait faire ce déplacement après l'élection de Trump, durant la période où il est président élu", c'est-à-dire dans la période où il n'a pas encore pris ses fonctions, expliquait un lieutenant de Marine Le Pen au Parisien.
Donald Trump acceptera-t-il de s'afficher avec une représentante d'extrême droite ? Rien n'est moins sûr car dans les semaines à venir, il devrait s'attacher à rassembler un pays fracturé par une campagne extrêmement clivante. Toujours est-il que, mardi soir, Marine Le Pen a envoyé son conseiller à l'international, l'eurodéputé Ludovic de Danne, suivre la soirée électorale dans la Trump Tower, à New York.
Veillée électorale dans la #TRUMP tower #USA2016 #usadecides #close #Florida #Clinton # pic.twitter.com/M5vpVRoPiE
— Ludovic de Danne (@ldedanne) 9 novembre 2016
Fier d'avoir été invité chez le futur Président des États Unis d'Amérique pour emmener les patriotes et témoins du groupe @ENF_EP #domino pic.twitter.com/h3tNvGFO8g
— Ludovic de Danne (@ldedanne) 9 novembre 2016
Parce que les digues face au populisme sautent une par une
Après la montée des partis d'extrême droite en Europe et la victoire inattendue du Brexit au Royaume-Uni, l'élection surprise de Donald Trump est une nouvelle preuve que les digues contre le populisme cèdent une par une. Voir Marine Le Pen s'imposer à la présidentielle de 2017, alors qu'elle semble déjà assurée de figurer au second tour, devient une possibilité. Si le paria de la politique américaine, honni par les médias et le reste de la classe politique, y est arrivé, pourquoi pas elle ?
Ses partisans se mettent à rêver d'un destin présidentiel à la Trump pour Marine Le Pen. "Après le Brexit, les Etats-Unis montrent que la volonté du peuple peut l'emporter face à l'ensemble d'un système coalisé. De bon augure !" affirme sur Twitter David Rachline, le directeur de campagne de Marine Le Pen, tandis que Steve Briois, vice-président du FN, dresse un parallèle entre Trump et sa championne.
Après le Brexit, les Etats-Unis montrent que la volonté du peuple peut l'emporter face à l'ensemble d'un système coalisé. De bon augure !
— David Rachline (@david_rachline) 9 novembre 2016
95 % des médias USA faisaient campagne contre Trump. Tout le système s'est mobilisé contre lui (même Noah...lol). Ça vous rappelle pas qqn?
— Steeve Briois (@SteeveBriois) 9 novembre 2016
Sur le reste de l'échiquier politique, les déclarations alarmistes se multiplient. Ainsi pour l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, soutien d'Alain Juppé à la primaire de la droite, "la ligne de front de la raison, depuis le Brexit, n'existe plus. Cela veut dire que l'information principale pour nous Français, c'est que Marine Le Pen peut gagner en France".
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