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Pouvoir d'achat, immigration, laïcité… Comment le programme de Marine Le Pen a changé entre 2012 et 2017

Comment le projet de la candidate du Front national se différencie-t-il de celui qu'elle défendait lors de la dernière campagne présidentielle ? Franceinfo a fait la comparaison.

Article rédigé par franceinfo - Valentine Pasquesoone
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La présidente du Front national, Marine Le Pen, le 26 janvier 2017 (à gauche) et le 7 avril 2012 (à droite). (NICOLAS TAVERNIER / LAURENT CERINO / REA)

Elle veut "remettre la France en ordre". Qualifiée pour le second tour de l'élection présidentielle, dimanche 23 avril, Marine Le Pen défend un programme comprenant "144 engagements présidentiels" pour le pays. Dans son projet (en PDF), la candidate reprend des mesures fortes qu'elle défendait il y a déjà cinq ans. Mais des différences notables apparaissent entre les deux programmes. Franceinfo a joué au jeu des sept différences.

1Une nouvelle "prime" pour le pouvoir d’achat

Ce qu'elle proposait en 2012. Le pouvoir d’achat était, il y a cinq ans, une priorité du "projet pour la France et les Français" (en PDF) de Marine Le Pen. "Tous les salaires jusqu’à 1 500 euros bénéficieront d’une augmentation de 200 euros net", promettait, à l’époque, la candidate. Une "contribution sociale aux importations de 3% sur la valeur des biens importés" devait financer cette proposition.

Ce qu'elle propose aujourd’hui. Le pouvoir d’achat reste un thème clé pour Marine Le Pen, mais "une augmentation de 200 euros net" n’est plus à l’ordre du jour. La présidente du FN propose désormais une "prime de pouvoir d’achat à destination des bas revenus et des petites retraites". L’objectif chiffré est également moins ambitieux : comme l’a affirmé la candidate dans une interview au Monde (édition abonnés), "cette prime représentera près de 80 euros par mois". Son mode de financement reste cependant le même : Marine Le Pen évoque de nouveau une "contribution sociale sur les importations de 3%".

2Immigration : des calculs moins ambitieux

Ce qu'elle proposait en 2012. "L’immigration légale sera réduite de 200 000 entrées par an à 10 000 entrées par an", promettait Marine Le Pen il y a cinq ans. Soit 20 fois moins d'admissions.

Ce qu’elle propose aujourd’hui. Les chiffres sont les mêmes, mais la formulation peut changer la donne. La présidente du Front national ne parle plus de "10 000 entrées par an" dans son nouveau projet, mais d’un "solde annuel de 10 000". Mais Marine Le Pen parle-t-elle du solde migratoire, qui, selon l'Insee, est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes sorties au cours de l'année, et ce indépendamment de la nationalité ? Dans ce cas-là, la différence avec sa proposition de 2012 serait notable. Il s’agirait d’une division par quatre et non plus par 20, précise Le Monde. Si la candidate parle uniquement du solde migratoire des immigrés (nés étrangers à l’étranger), la division serait désormais de 14 : ce solde était en effet de 140 000 en 2013, selon l’Insee.

3Laïcité : un cran plus loin

Ce qu'elle proposait en 2012. Il y a cinq ans, la candidate promettait d’interdire "les signes religieux ostentatoires (...) pour les agents comme pour les usagers du service public". Elle poursuivait en prônant l’idée suivante : "Dans la Constitution, le principe suivant sera inscrit : 'La République ne reconnaît aucune communauté'."

Ce qu’elle propose aujourd’hui. L’inscription de ce principe dans la Constitution reste l’un des "engagements" de Marine Le Pen. Mais elle va désormais plus loin. Sans citer ces signes explicitement, elle propose d’étendre la laïcité "à l’ensemble de l’espace public". Depuis 2010, seul le voile intégral est interdit dans l’espace public. Si la candidate du FN est élue, cette interdiction pourrait bien concerner l'ensemble des signes religieux.

4Europe, euro : quel référendum ?

Ce qu'elle proposait en 2012. Il y a cinq ans, Marine Le Pen appelait à "retrouver notre liberté monétaire" : "La France devra retrouver la maîtrise de sa monnaie et de sa politique monétaire", expliquait-elle dans son projet. La candidate proposait alors "l’évolution de l’euro, qui deviendrait une monnaie commune", et le rétablissement du franc. Comment ? En proposant aux Français ce retour à une monnaie nationale "dans le cadre d’un référendum".

Ce qu’elle propose aujourd’hui. Le projet de Marine Le Pen reste relativement similaire, même s’il est plus nuancé. Parmi ses "144 engagements présidentiels", la présidente du FN parle discrètement d’une "souveraineté" monétaire, et prône "le rétablissement d’une monnaie nationale". Interrogée par Europe 1, elle évoque la possibilité "d’envisager une monnaie commune qui touche exclusivement l’Etat ou les grandes entreprises". C'est plutôt la nature du référendum proposé par Marine Le Pen qui change : son projet actuel n’évoque plus un scrutin sur le retour au franc, mais plutôt sur "notre appartenance à l’Union européenne". Ce référendum sur un éventuel "Frexit" interviendrait à la suite d'une négociation avec les partenaires européens.

5Impôt sur le revenu : un nouveau barème

Ce qu'elle proposait en 2012. La candidate prônait un impôt sur le revenu "plus progressif", avec "de nouvelles tranches intermédiaires". Les classes moyennes allaient payer moins d’impôts, mais "la tranche supérieure" allait être "portée à 46%", contre 41% à l’époque. Les ménages aisés allaient donc payer plus.

Ce qu’elle propose aujourd’hui. La présidente du FN cible toujours les classes moyennes et modestes, en proposant de "baisser de 10% l’impôt sur le revenu sur les trois premières tranches". Mais il n’est plus question d’augmenter le taux d’imposition de la tranche la plus élevée. Une manière de capter aussi un électorat plus aisé ?

6IVG : la fin de l'ambiguïté

Ce qu'elle proposait en 2012. "Le libre choix pour les femmes doit pouvoir être aussi celui de ne pas avorter", défendait la candidate lors de la dernière campagne présidentielle. Elle prônait alors "une meilleure prévention et information", "une responsabilisation des parents" et "la possibilité d’adoption prénatale". Il y a cinq ans, la présidente du FN évoquait également le possible déremboursement d’avortements qu’elle jugeait "de confort".

Ce qu’elle propose aujourd’hui. Marine Le Pen ne mentionne plus l’avortement dans son projet actuel. Elle reconnaît que sa position a évolué sur le sujet. En décembre, alors que sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, proposait de "revenir sur le remboursement intégral et illimité de l’avortement", Marine Le Pen avait défendu l’exact opposé. "Il n’y aura aucune modification, ni du périmètre, ni de l’accès, ni du remboursement de l’IVG", a-t-elle affirmé au Monde.

7Rétablissement de la peine de mort : une mesure enterrée ?

Ce qu'elle proposait en 2012. Il y a cinq ans, voici ce que la candidate du FN écrivait dans son projet : "La peine de mort sera rétablie, ou la réclusion criminelle à perpétuité réelle sera instaurée." Pour trancher entre ces deux propositions, Marine Le Pen proposait, à l’époque, aux Français de choisir grâce à un référendum.

Ce qu’elle propose aujourd’hui. Comme pour l’avortement, le rétablissement de la peine de mort n’est plus mentionné dans les "144 engagements présidentiels" de la candidate. Marine Le Pen propose uniquement d’"instaurer une peine de prison de perpétuité réelle incompressible pour les crimes les plus graves". Mais comme nous l’expliquons dans cet article, l’idée n’est pas totalement enterrée. La candidate prône, en effet, la création d’un "référendum d’initiative populaire". Avec cette mesure, 500 000 citoyens pourraient lancer une consultation sur le rétablissement de la peine de mort.

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