Présidentielle 2022 : "Ce n'est pas un vote d'adhésion, c'est un vote contestataire", assure un sénateur PS de Guadeloupe, où Marine Le Pen est arrivée en tête
Selon le sénateur de Guadeloupe Victorin Lurel, "depuis cinq ans, il y a une véritable incompréhension entre le pouvoir en place et les Outre-mer."
"Les gens ont voulu sanctionner le président, mais ce n'est pas un vote d'adhésion, c'est un vote contestataire", explique lundi 25 avril sur franceinfo Victorin Lurel, sénateur PS de Guadeloupe et ancien ministre des Outre-mer entre 2012 et 2014, alors que Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national, est arrivée en tête dans la plupart des départements d'Outre-mer.
franceinfo : Quelle est votre réaction aux scores de Marine Le Pen en Outre-mer ?
Victorin Lurel : On l'attendait. Quelques jours avant le deuxième tour, j'ai eu Emmanuel Macron pour lui dire que ce serait une catastrophe dans les Outre-mer. Depuis cinq ans, il y a une véritable incompréhension entre le pouvoir en place et les Outre-mer. Il y a une impression de surdité et certains ont parlé de maltraitance. Expliquez cela dans l'Hexagone, les gens ne comprennent pas. Cela donne le sentiment que vous demandez toujours plus. Les gens ont voulu sanctionner le président. Je ne dis pas que tout est mauvais, mais nous n'avons pas eu l'impression d'être entendus. Les Outre-mer ont l'impression d'être minimisées, de n'être jamais citées, jamais prises en compte. Donc c'était un résultat prévisible, ce n'est pas un vote d'adhésion pour Marine Le Pen, ça n'a pas non plus été un vote d'adhésion pour Mélenchon au premier tour, c'est un vote de rejet protestataire, contestataire.
Vous dites avoir alerté Emmanuel Macron. Pensez-vous qu'il est dans le déni ?
Le président est persuadé que son orientation est la bonne. C'est un homme courtois, cultivé, qui écoute mais il a sa philosophie, sa vision du monde. Il a l'impression que les Outre-mer devraient se prendre mieux en charge, on peut partager cela. Mais de là à faire une politique d'arithmétique comptable et dire qu'on a assez donné, c'est autre chose. Nous avons été traités d'archaïques. Tout cela a blessé.
Les problèmes liés au chlordécone et au Covid ont-ils eu un impact ?
On a évoqué le chlordécone, le Covid, la crise sociale, cela date, ce n'est pas simplement Emmanuel Macron qui est en responsable, c'est le style, la façon de le traiter. Je l'ai dit à tous les ministres, aux différents ministres des Outre-mer : 'Vous aurez un retour de bâton.' J'ai entendu : 'Nous n'aurons pas besoin de cela pour être réélus.' On doit tirer des leçons sérieuses et importantes de réorientation pour traiter ces problèmes-là. J'ai demandé au président de donner des moyens durables aux gens, aux entreprises, aux collectivités pour régler les problèmes structurels.
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