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Présidentielle 2022 : ce que l'on sait sur la mobilisation des étudiants qui bloquent plusieurs universités

Plusieurs centaines d'étudiants refusent de choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour et se mobilisent pour faire entendre leur voix.  

Article rédigé par franceinfo
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Des étudiants déploient une banderole à l'université Paris-Sorbonne le 14 avril 2022. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

"Ni Macron, ni Le Pen." Quatre jours après le premier tour de l'élection présidentielle, jeudi 14 avril, des centaines d'étudiants sont mobilisés et bloquent des bâtiments de leurs universités pour faire entendre leur voix durant l'entre-deux-tours. Ils s'opposent à la fois à la politique d'Emmanuel Macron et aux idées d'extrême droite portées par Marine Le Pen. Voici ce que l'on sait sur leur mobilisation à dix jours du second tour.

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Des campus occupés à Paris ou Nancy

A Paris, la Sorbonne, université emblématique de la capitale, est occupée depuis mercredi après-midi. Des centaines d'étudiants y ont tenu une assemblée générale inter-universités dans un des amphithéâtres. Aux fenêtres du bâtiment, une banderole clame : "Sorbonne occupée contre Macron, Le Pen et leur monde". L'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne restait "partiellement occupée jeudi" à la mi-journée, selon la direction de la communication de l'université, contactée par l'AFP.

Jeudi à la mi-journée, plusieurs centaines d'étudiants se sont rassemblés devant l'entrée principale de la fac, place de la Sorbonne, scandant notamment : "Non, non, non à Le Pen ou Macron !" Un cordon de CRS les a empêchés d'accéder au bâtiment. Les CRS les ont repoussés et ont fait usage de gaz lacrymogène, sans faire de blessés. Aux fenêtres de la fac, des étudiants ont lancé divers objets. Poubelle, extincteurs, bouteilles, mobilier...

Une centaine d'étudiants ont également bloqué l'entrée de Science Po Paris, rue Saint-Guillaume, où a notamment étudié Emmanuel Macron. 

Outre la Sorbonne et Sciences Po Paris, des locaux de l'Ecole normale supérieure (ENS) sont occupés sur le campus Jourdan dans le 14e arrondissement de Paris.

Hors de la capitale, les entrées du campus de Sciences Po à Nancy ont été bloquées mercredi, comme le rapporte France 3 Grand Est, et 80 personnes se sont rassemblées jeudi devant l'antenne de Reims, selon la préfecture. 

Des cours à distance jusqu'à ce week-end

A l'université Paris 1, la direction de la communication a expliqué à l'AFP que les cours étaient "maintenus en distanciel" jusqu'au "samedi 16 avril inclus". L'ensemble des sites – une dizaine, dont celui de Tolbiac  sont "fermés aux étudiants mais ouverts aux personnels".

A Sciences Po Paris, la direction a tenu à rappeler qu'"en tant qu'université en sciences humaines et sociales", l'établissement "est un lieu de débats, de recherche et d'accès aux savoirs". La direction "regrette toute restriction au libre exercice de ses missions".

Des blocages pour montrer leur "ras-le-bol"

"Il y a une mobilisation de jeunesse, une révolte en réaction à l'affiche de l'entre-deux-tours", a déclaré à l'AFP Victor Mendez, président de l'Unef Nanterre, présent à la Sorbonne. Cette détermination à "ne pas laisser l'extrême droite accéder au pouvoir", anime l'Union nationale des étudiants de France (Unef). Le deuxième syndicat étudiant dénonce "l'enracinement des idées d'extrême droite dans la société", favorisé par "un débat public gangréné par un discours de haine, loin des aspirations de la jeunesse". Mais il pointe également la politique du président sortant "qui [leur] a imposé un quinquennat de souffrance et de remise en cause de [leurs] droits".

Outre le refus d'un duel Macron-Le Pen au second tour de la présidentielle qui se solderait soit pas l'accession de la candidate du Rassemblement national au pouvoir soit par la poursuite de la politique du président sortant, les étudiants qui manifestent portent des revendications sociales et écologiques. Ils refusent de choisir entre, disent-ils, "deux projets libéraux et réactionnaires" et promettent, à l'instar de l'Unef, "un troisième tour social""C'est un ras-le-bol par rapport à l'aggravation de la précarité, par rapport à l'avenir qui nous est laissé, en ce qui concerne l'état de la planète", détaille Victor Mendez.

Une grande manifestation prévue samedi

Dans les assemblées générales, la question tourne en boucle : faire barrage à Marine Le Pen ou ne pas voter du tout ? Face à la difficulté de se positionner, les organisations étudiantes ont donné leur consigne de vote. "Aucune voix pour la haine, aucune voix pour Le Pen", lance la Fédération des associations générales des étudiants (Fage), qui appelle à "faire barrage" à la candidate du Rassemblement national dans un communiqué publié mercredi.

Après les résultats "alarmants" du premier tour, "une victoire de l'extrême droite" le dimanche 24 avril "viendrait réduire à néant des années de combat pour nos droits les plus fondamentaux", rappelle le syndicat, pour qui "il ne s'agira pas de s'abstenir ou de voter blanc mais bien de faire en sorte que la candidate du Rassemblement national, et tout ce qu'elle représente, recueille le moins de voix possible".

Dans l'espoir que d'autres établissements se joignent au mouvement, les étudiants mobilisés ont lancé un appel aux autres universités, mais aussi aux lycéens. Une manifestation contre l'extrême droite est également prévue samedi 16 avril, partout en France, à l'appel des mouvements de jeunesse, mais plus largement, des syndicats comme Solidaires, la CGT ou la FSU, et plusieurs mouvements associatifs de défense des droits de l'homme.

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