Présidentielle : jeunes, chômeurs, urbains… Qui s'est abstenu au second tour ?
Les jeunes se sont-ils abstenus au second tour de l'élection présidentielle ? Les ouvriers ont-ils boudé les urnes ? Voici quelques éléments de réponse.
C'était l'un des enjeux du second tour, et c'est un record depuis 1969. Alors que les électeurs ont élu Emmanuel Macron à 65,8%, le taux d'abstention a atteint 25,3% au second tour de l'élection présidentielle, dimanche 7 mai, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France*.
Quel est le profil des Français qui ont décidé de ne pas se rendre aux urnes ? Catégorie socioprofessionnelle des électeurs, niveau de revenus, âge… Pour y voir plus clair, voici quelques enseignements compilés à partir de l'enquête d'Ipsos/Sopra Steria.
>> Suivez en direct le second tour de la présidentielle 2017
1Les jeunes ont boudé les urnes
Ce sont encore les jeunes qui se sont le plus abstenus au second tour, plus encore qu'au premier. L'abstention a atteint 34% chez les 18-24 ans, et est montée jusqu'à 40% chez les 25-34 ans. A l'inverse, les seniors se sont massivement déplacés pour voter. Chez les 60-69 ans, l'abstention tombe à 19% et même à 18% chez les plus de 70 ans. Age mis à part, les hommes s'abstiennent un peu plus que les femmes (27% contre 24%).
Au premier tour, l'abstention avait déjà atteint son niveau le plus élevé chez les 18-24 ans (29%) et les 25-34 ans (28%). Les plus de 60 ans étaient en revanche nombreux à s'être déplacés : seuls 16% des 60-69 ans et 12% des plus de 70 ans s'étaient abstenus.
2Les chômeurs et les ouvriers s'abstiennent plus que les salariés et les retraités
Les retraités ont été les plus mobilisés au second tour : 17% seulement se sont abstenus. Dans les autres catégories socioprofessionnelles, l'abstention a en revanche nettement dépassé les 20%. Elle atteint 32% chez les ouvriers, 30% chez les employés et 24% chez les cadres. Entre le premier et le second tour, la participation a d'ailleurs chuté dans toutes ces catégories.
Parmi les sondés qui se déclarent au chômage, 35% se sont abstenus. Les travailleurs indépendants ont aussi boudé les urnes à 31%. Parmi les salariés, ceux du public ont choisi à 25% de s'abstenir et ceux du privé à 28%.
3Les plus bas revenus votent moins que les hauts revenus
Plus les revenus de leur foyer augmentent, plus les sondés votent. Selon l'enquête Ipsos/Sopra Steria, 34% de ceux dont le foyer vit avec moins de 1 250 euros mensuels se sont abstenus, tandis que seulement 20% des foyers gagant plus de 3 000 euros ont choisi de se détourner des urnes.
En plus des revenus mensuels, Ipsos/Sopra Steria a sondé la perception qu'ont les électeurs de leur aisance financière, éclairant un peu mieux les chiffres de l'abstention. Ceux qui estiment s'en sortir "très difficilement" ou "difficilement" se sont abstenus à 27% et 28%, tandis que ceux qui jugent s'en sortir "facilement" avec leurs revenus se sont un peu plus mobilisés (22% d'abstention).
4Les campagnes plus mobilisées que les villes
L'écart ne paraît pas très important, mais il montre tout de même une autre disparité du paysage français : les électeurs des campagnes et des petites communes votent un peu plus que ceux des grandes villes. Dans le détail, 23% des électeurs des communes rurales se sont abstenus, contre 27% de ceux des villes de plus de 100 000 habitants.
5Les électeurs de Mélenchon se sont plus abstenus que ceux de Fillon
En l'absence de consigne de vote de Jean-Luc Mélenchon, qu'ont fait ses électeurs ? Si 52% ont finalement voté pour Emmanuel Macron, près qu'un quart (24%) se sont abstenus. Mais la démobilisation des électeurs de Nicolas Dupont-Aignan est également remarquable. Alors que le candidat de Debout la France a signé un accord avec Marine Le Pen, ses électeurs ont fait ce qui leur plaisait : 23% se sont abstenus, 30 % ont voté Le Pen et 27% ont voté Macron. Les électeurs qui avaient voté François Fillon au premier tour, eux, sont restés mobilisés au second, avec seulement 17% d'abstention.
*Estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, Le Point, Le Monde, France 24 et les chaînes parlementaires.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.