Se présenter aux législatives, s'allier avec Zemmour, viser 2027... Que va faire Marine Le Pen après son troisième échec à la présidentielle ?
A nouveau battue par Emmanuel Macron, Marine Le Pen a déclaré qu'elle "mènerait la bataille des législatives aux côtés de Jordan Bardella". A 53 ans, la dirigeante d'extrême droite veut prendre la tête de l'opposition, devant Jean-Luc Mélenchon.
Sur les coups de 20h15, dimanche 24 avril, Marine Le Pen a balayé les doutes de ses partisans les plus fervents : "Ce soir, je le redis, jamais je n'abandonnerai les Français", a-t-elle déclaré après l'annonce de sa nette défaite face à Emmanuel Macron. Comme en 2017, la candidate du Rassemblement nationa a échoué au second tour de l'élection présidentielle. Depuis 2011 et son accession à la tête du Front national, la fille de Jean-Marie Le Pen n'a cessé de faire progresser l'extrême droite au scrutin phare de la vie politique française mais en est à sa troisième défaite.
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Devant ses partisans réunis au Pavillon d'Armenonville, à la lisière du bois de Boulogne, à Paris, la candidate du Rassemblement national, 53 ans, a évacué tout retrait de la vie politique. Après s'être félicitée d'une "éclatante victoire" malgré la défaite des urnes, Marine Le Pen a invité ses partisans à se tourner sans plus attendre vers "la grande bataille des législatives", qui auront lieu les 12 et 19 juin. "La partie n'est pas tout à fait jouée", a-t-elle lancé en référence à son score, amélioré de 7,56 points par rapport à 2017.
Candidate à un nouveau mandat de députée ?
En cinq ans, sa réaction face à la défaite n'a pas changé : battue plus nettement encore en 2017, Marine Le Pen avait déjà alerté sur le "grand choix" des législatives, en promettant d'être "à la tête de ce combat". Cette année, elle dit vouloir "mener cette bataille aux côtés de Jordan Bardella". Désormais, c'est en tandem avec son jeune bras droit que Marine Le Pen s'avance vers le prochain scrutin.
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Cette "bataille", la candidate du RN veut aussi la mener "avec tous ceux qui ont eu le courage de s'opposer à Emmanuel Macron au second tour et qui ont la nation chevillée au corps". S'agit-il d'une main tendue aux partisans d'Eric Zemmour, qui a lui-même appelé de ses vœux une coalition du "bloc national" aux législatives ? "En critiquant Marine Le Pen dès le début de son discours, il est très mal parti pour quelqu'un qui appelle au rassemblement", fustige le député européen Jean-Lin Lacapelle. L'ancien journaliste a en effet estimé dimanche soir que "c'est la huitième fois que la défaite frappe le nom de Le Pen".
"On a bien compris que la survie de Reconquête dépendait du Rassemblement national mais nous, nous ne voulons pas des arrangements d'appareils. L'union des droites est un projet obsolète, nous souhaitons un rassemblement du peuple", ajoute le député européen @jllacapelle
— Antoine Comte (@AntoineCOMTE) April 24, 2022
En refusant une alliance claire avec le parti Reconquête!, Marine Le Pen veut garder la main sur le camp des "patriotes" pour les élections législatives, alors que certains dirigeants du Rassemblement national souhaitent un accord avec les autres formations nationalistes. "Il est évident qu'il faut qu'on rassemble les électeurs de Nicolas Dupont-Aignan, Eric Zemmour et même de Jean Lassalle. Après, reste à savoir sous quelle forme", estime l'eurodéputé Thierry Mariani. Bruno Gollnisch, ancien numéro deux du Front national, confirme.
A propos d'une alliance avec #Zemmour : "il a fait une déclaration pas très élégante. Il dit que les Le Pen ont perdu 8 fois, c'est vrai que lui, c'est la 1ère fois, mais s'il persévère, on sait jamais", ironise @brunogollnisch qui veut un deal "avec toutes les forces nationales" pic.twitter.com/vV1mbnuNDB
— Antoine Comte (@AntoineCOMTE) April 24, 2022
Comment Marine Le Pen compte-t-elle "mener la bataille" face à Emmanuel Macron aux législatives ? Va-t-elle de nouveau briguer la 11e circonscription du Pas-de-Calais ? "Elle l'a largement sous-entendu", a déclaré Jordan Bardella, le président par intérim du RN, sur TF1. Dans sa circonscription, qui regroupe notamment les villes d'Hénin-Beaumont et de Carvin, la candidate finaliste a réalisé le score prometteur de 63,47% dimanche.
Vers une dernière tentative en 2027 ?
Après quelques jours de repos, sa réponse sur une probable candidature à la députation ne devrait pas tarder. En 2017, elle n'avait pas attendu plus de dix jours après sa défaite au second tour pour confirmer sa volonté de briguer un siège de députée.
Dans cette fameuse 11e circonscription du Pas-de-Calais, la présidente du Rassemblement national avait échoué de justesse face au front républicain en 2012, avant de l'emporter largement cinq ans plus tard. Un scénario que le Rassemblement national aimerait bien reproduire à l'échelle nationale en 2027.
Certains proches de Marine Le Pen ont déjà la prochaine élection présidentielle en ligne de mire. En 2027, Marine Le Pen aura 58 ans. Elle participerait alors à sa quatrième campagne présidentielle.
"Elle est plus légitime que jamais car nous sommes passés avec elle d'une force d'opposition à une force de gouvernement."
David Rachline, maire RN de Fréjusà franceinfo
Surtout, au sein du parti d'extrême droite, peu de figures crédibles semblent capables jusqu'à présent de prendre le relais de la patronne.
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