Qui pourrait remplacer Jean-Yves Le Drian au ministère de la Défense ?
Le ministre de la Défense a choisi de se lancer dans la bataille des élections régionales en Bretagne. En cas de victoire le 13 décembre, il faudra lui trouver un remplaçant au gouvernement.
En trois ans, Jean-Yves Le Drian est un des rares membres du gouvernement à s'être rendu indispensable. Mais le ministre de la Défense a choisi un nouveau combat : il a annoncé, vendredi 16 octobre, sa candidature aux élections régionales comme tête de liste du Parti socialiste en Bretagne. Assuré de rester ministre jusqu'au second tour, le 13 décembre, Jean-Yves Le Drian devra être remplacé en cas de victoire, a affirmé Manuel Valls, selon lequel "on ne peut pas être président de région et être membre du gouvernement". Francetv info dresse la liste des prétendants à la succession de ce ministre très populaire.
Marisol Touraine, la passionnée de géopolitique
Des Affaires sociales à la Défense ? Son nom avait déjà été évoqué lors du remaniement de 2014 pour prendre les rênes de ce poste. La ministre, expérimentée, n'est pas une spécialiste des affaires militaires, mais son CV compte quelques lignes intéressantes, quoiqu'un peu datées. Marisol Touraine a en effet commencé sa carrière comme chargée de mission au secrétariat général de la défense nationale, avant de conseiller Michel Rocard à Matignon sur les questions de géostratégie. En 1995, elle publie un ouvrage : Le Bouleversement du monde - Géopolitique du XXIe siècle. Reste que son passage aux Affaires sociales n'a pas été exempt de polémiques et d'affrontements. Pas idéal pour succéder au consensuel et populaire Jean-Yves Le Drian.
Patricia Adam, la députée spécialiste de la défense
Une Bretonne spécialiste des questions de défense : Patricia Adam semble avoir le profil rêvé pour une transition en douceur avec Jean-Yves Le Drian. A l'Assemblée nationale, la députée du Finistère préside la commission de la défense, dont elle est membre depuis 2002. Avantage lié à ce poste : elle connaît par cœur le contenu de la loi de programmation militaire pour la période 2015-2019 adoptée cet été par le Parlement, puisqu'elle en a été la rapporteuse.
Jean-Michel Baylet, l'opportuniste du Tarn-et-Garonne
Régulièrement, il frappe à la porte de François Hollande pour entrer au gouvernement. Sans succès pour le moment. Reste que Jean-Michel Baylet a un ministère en ligne de mire, et c'est justement celui de la Défense. "Si je n'ai pas la Défense, ce sera la guerre !" aurait-il menacé en septembre, selon un confidentiel de Challenges. Jean-Michel Baylet, battu aux sénatoriales en 2014 et chassé de la présidence du Tarn-et-Garonne, dispose encore d'une arme non négligeable : il préside le Parti radical de gauche, qui compte à l'Assemblée nationale 18 députés particulièrement précieux pour la majorité. Mais François Hollande peut-il prendre le risque d'une nomination aussi politicienne à un portefeuille aussi sensible ?
Elisabeth Guigou, au bon souvenir des années Jospin
Son nom est évoqué à chaque remaniement. Elle a pour elle l'expérience ministérielle à des postes importants (Justice puis Emploi sous Lionel Jospin, entre 1997 et 2002). Présidente de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée nationale, elle possède en outre le background nécessaire pour le poste. Mais c'est un autre maroquin qu'elle pourrait viser : le Quai d'Orsay, que pourrait quitter Laurent Fabius si celui-ci était nommé au Conseil constitutionnel début 2016.
Bruno Le Roux, en quête d'un nouveau souffle
François Hollande pourrait être tenté de nommer un proche du premier cercle à ce poste stratégique. Ce serait une belle récompense pour Bruno Le Roux, lassé de présider le groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Pas retenu lors du précédent remaniement, l'élu de Seine-Saint-Denis pourrait voir son tour arriver avec le départ de Jean-Yves Le Drian, d'autant que le portefeuille lui convient. Seul problème : il faudrait lui trouver un remplaçant à la tête d'un groupe qui ressemble de plus en plus à une pétaudière.
Bernard Cazeneuve, le premier de la classe
Depuis son arrivée au ministère de l'Intérieur, en avril 2014, Bernard Cazeneuve réalise, aux yeux de beaucoup, un sans-faute. Le Normand est donc un sérieux prétendant au fauteuil laissé vide par son collègue Le Drian. Mais pour François Hollande, sa popularité et sa loyauté sont peut-être plus utiles place Beauvau qu'à la Défense. De plus, Bernard Cazeneuve a déjà changé deux fois de portefeuille (Affaires européennes, puis Budget) depuis le début du quinquennat.
Jean-Jacques Urvoas, l'ami de Manuel Valls
Le nom de Jean-Jacques Urvoas revient avec insistance pour prendre la relève de Jean-Yves Le Drian. Mais le député du Finistère – encore un Breton – est surtout spécialiste de la sécurité intérieure et des institutions. Le président de la commission des lois de l'Assemblée nationale est par ailleurs proche de Manuel Valls, un avantage autant qu'un inconvénient puisque la Défense fait partie du domaine réservé du chef de l'Etat. A moins que Jean-Jacques Urvoas ne profite d'une éventuelle nomination de Bernard Cazeneuve à la Défense pour s'emparer de l'Intérieur.
Stéphane Le Foll, un ministre déjà très occupé
Autre "hollandais" historique, le ministre de l'Agriculture est régulièrement pressenti pour changer de poste lors des remaniements. Sa proximité historique avec le chef de l'Etat en fait l'un des favoris pour les postes régaliens comme la Défense. Mais le porte-parole du gouvernement n'est pas un spécialiste des questions militaires. Par ailleurs, un changement de ministre pourrait être accueilli comme un abandon par les agriculteurs alors que la crise de l'élevage français est loin d'être réglée.
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