Résultats des élections régionales : le mauvais score du Rassemblement national freine Marine Le Pen, à un an de la présidentielle
Le parti de Marine le Pen a vu son score diminuer dans quasiment toutes les régions françaises par rapport à 2015. Un revers qui aura des conséquences sur sa stratégie en vue de l'élection présidentielle.
Marine Le Pen a raté son pari. La présidente du Rassemblement national misait sur les élections régionales pour accroître son implantation territoriale, à moins d'un an de l'élection présidentielle. C'est un échec. Le parti d'extrême droite n'a ravi aucune collectivité et voit son score diminuer dans quasiment toutes les régions françaises, dimanche 27 juin, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions. "Le Rassemblement national n’a pas réussi à mobiliser son électorat de base, c’est un coup dur pour Marine Le Pen", analyse le politologue Olivier Rouquan.
En 2015, le Rassemblement national avait récolté près de 7 millions de voix au second tour des élections régionales, avec 27,10% des suffrages, soit 7 à 8 points de plus que cette année. La chute du parti d'extrême droite est particulièrement importante en Auvergne-Rhône-Alpes, où le score du RN est passé de 22,55 % en 2015 à 11,4% en 2021, ainsi que dans les Hauts-de-France, avec une baisse de 18 points par rapport à 2015.
Marine Le Pen en difficulté
Après avoir multiplié les déplacements avant le premier tour des élections régionales, la présidente du Rassemblement national avait tenté de "régionaliser" le second tour. Elle ne s'était rendue dans aucune région cette semaine afin de laisser le champ libre à ses candidats locaux, mais surtout pour limiter les conséquences d'une défaite sur sa propre candidature à l'élection présidentielle. Toutefois, l'absence de sursaut de son électorat au second tour aura bien des conséquences sur la dynamique RN.
"Jusqu’alors, on disait que le RN tirait son épingle du jeu en cas de forte abstention, mais une partie de son électorat est capable de se démobiliser."
Martial Foucault, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po Parisà franceinfo
Marine Le Pen l'avait elle-même reconnu après le premier tour. Sans victoire aux régionales, son mouvement "sera moins puissant", avait-elle concédé, peu avant le second tour, sur franceinfo. "Il faudra probablement recréer une dynamique qui aurait été quasi-automatique avec des très bons résultats aux régionales du Rassemblement national. Mais on la recréera", avait-elle assuré.
Une stratégie perdante
Le Rassemblement national ne pourra donc pas s'exonérer d'une remise en cause stratégique. En vue de 2022, la cheffe du RN a déjà lissé son discours pour "rassurer" les Français sur sa capacité à exercer le pouvoir : elle ne souhaite plus sortir de l'euro ni de Schengen, promet de rembourser la dette, et dit qu'elle "n'a pas peur des étrangers". Problème : "Leur stratégie faite pour récupérer une partie de la droite et des seniors n'a pas fonctionné", analysait, à l'issue du premier tour, Nicolas Lebourg, historien et spécialiste de l'extrême droite.
Les cadres du parti ont d'ailleurs prévu de tirer les leçons de ce revers très rapidement. Le congrès du Rassemblement national est prévu dès le 3 juillet à Perpignan (Pyrénées-Orientales), dans une ambiance qui s'annonce pesante. "On sait que certains vont vouloir lancer une autre candidature. Il y a une fragilisation du leadership de Marine Le Pen", analyse Olivier Rouquan. La principale intéressée, elle, n'a pas dévié d'objectif : "La présidentielle apparaît plus que jamais comme l'élection qui permet de changer de politique", a martelé Marine Le Pen, après l'annonce des résultats, dimanche 27 juin 2021.
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