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En coulisses, une bataille du budget à couteaux tirés

Jérôme Cahuzac, le ministre délégué au Budget, a eu la délicate tâche de négocier les arbitrages entre les ministères. Et il ne s'est pas fait que des amis.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici (au c.) et le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac (à dr), lors d'une conférence de presse, le 19 septembre 2012 à Paris. (MARTIN BUREAU / AFP)

BUDGET - Le gouvernement doit présenter son budget pour 2013, vendredi 28 septembre, à l'Assemblée nationale. Il prévoit 30 milliards d'euros d'économies. Le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, a eu la tâche ingrate de négocier ces coupes claires avec ses collègues.

Le ministre délégué au Budget "tient le rôle du méchant dans la pièce gouvernementale, celui du coupeur de crédits", expliquent Les Echos. Jérôme Cahuzac est "un moine soldat de la rigueur" commente Libération, qui le juge "sans état d'âme". L'ancien conseiller budgétaire et fiscal du candidat François Hollande est décrit par Le Monde comme un "rocardien qui a toujours voulu réconcilier son parti et le monde économique".

"Orateur brillant", cet ancien chirurgien esthétique âgé de 60 ans "sait être tranchant à l'occasion", poursuit le quotidien. Cécile Duflot le juge "misogyne" et "prétentieux" et, Michel Sapin le trouve "incorrect", rapportent Les Echos. "Rugueux", "cassant", "arrogant " : Libération rapporte d'autres critiques qui sont faites à Jérôme Cahuzac. Les discussions budgétaires entre cet interlocuteur intraitable et ses collègues ont ainsi souvent été houleuses.

Filippetti a tenté de dire "non"

"L'exercice s'est révélé explosif" avec la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, rapportent Les Echos. La ministre a tenté d'éviter les restrictions qu'a voulu lui imposer son collègue du Budget. "Aurélie Filippetti s'était fait conseiller par Jack Lang de dire 'non' à Bercy et 'non' à Matignon pour obtenir l'arbitrage de l'Elysée", rapporte Jérôme Cahuzac, cité par le quotidien économique. Finalement, elle a dû revoir ses ambitions à la baisse. Elle a annoncé, lundi 10 septembre, l'arrêt de plusieurs projets culturels du précédent gouvernement.

Duflot "n'a pas voulu discuter"

Quant à Cécile Duflot, "elle m'a suggéré d'augmenter un impôt pour financer son budget et a refusé d'entrer dans la discussion. Elle est très forte pour parler de manière générale, en apnée", raconte Jérôme Cahuzac aux Echos. "Elle n'a pas voulu discuter", tranche-t-il dans Le Monde. Le journal du soir ajoute que le ministre du Budget a été "outré que l'ancienne numéro un d'Europe Ecologie-Les Verts ait fait la promotion du dispositif qui succédera au Scellier avant même que le taux de la réduction d'impôt ait été fixé".

Peillon s'est montré "très dur"

Les fonctionnaires de Bercy voulaient que le ministre de l'Education revienne sur les promesses du président, racontent Les Echos. Face à eux, Vincent Peillon s'est montré "très dur", sollicitant l'arbitrage de Matignon. Et le 20 septembre, il a ainsi pu annoncer le recrutement de 40 000 professeurs en 2013. "Il aurait obtenu davantage s'il était entré dans la discussion avec moi", grommelle Jérôme Cahuzac dans le journal économique.

Sapin a tenté d'utiliser la carte Hollande

Les négociations se sont aussi mal passées avec Michel Sapin. Le ministre du Budget a eu le sentiment que son confrère du Travail "usait de sa proximité avec le président de la République pour obtenir un régime dérogatoire". "Le ministre du Travail a nié et l'a jugé 'discourtois'. Les deux hommes ont fini par s'en expliquer en tête-à-tête. Les murs de Bercy gardent le secret de l'échange", racontent Les Echos.

Moscovici est agacé

Jérôme Cahuzac "a carte blanche pour obtenir du résultat", explique dans Libération un proche de Matignon. Et il s'en sert. Au point d'envenimer les relations avec son ministre de tutelle : Pierre Moscovici. "Pour que ça fonctionne bien entre un ministre de l’Economie et le titulaire du Budget, il faut que le premier soit totalement ministre et que le second soit totalement ministre délégué." Cité par Libération, Pierre Moscovici ne cache pas son agacement. Jérôme Cahuzac assure lui, dans Les Echos, qu'il n'a "pas plus d'ennemis aujourd'hui qu'avant les discussions budgétaires".

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