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Les négociations sur la compétitivité patinent chez Renault

La direction a démenti avoir menacé de fermer deux sites en France en cas d'échec des discussions, comme l'en ont accusé plusieurs représentants syndicaux.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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L'entrée de l'usine Renault de Flins-sur-Seine (Yvelines), le 16 janvier 2013.  (THOMAS SAMSON / AFP)

Face aux syndicats, la direction de Renault a-t-elle tenté de passer en force ? Mardi 22 janvier, plusieurs délégués syndicaux ont accusé la direction d'avoir menacé, lors d'une séance de négociations, de fermer deux sites en France en cas d'échec des discussions sur un accord de compétitivité au sein du groupe. Quelques minutes plus tard, la direction a démenti ces accusations. Seule certitude : chez le constructeur automobile, les pourparlers patinent.

Ce que propose la direction

La direction égrène depuis des semaines ses propositions pour gagner en compétitivité dans ses sites français. Elle prévoit notamment la suppression de 8 260 postes d'ici à la fin 2016, une harmonisation du temps de travail et un gel des salaires pour 2013. Mais "Renault n'a jamais indiqué que 'deux sites' pourraient être fermés en cas de non conclusion des négociations en cours sur la performance de ses sites français", a écrit le constructeur, mardi, dans un communiqué.  

Le constructeur s'est en revanche engagé à affecter à ses usines françaises la production de 80 000 véhicules supplémentaires par an pour ses partenaires Nissan ou Daimler si les syndicats signent l'accord de compétitivité qu'il leur propose. De tels volumes, jamais encore chiffrés, représenteraient 15% de la production française de Renault en 2012 et permettraient de mieux "charger" des usines affectées par la chute des ventes de la marque Renault sur certains segments en Europe. La direction ne précise pas s'il s'agit de produire des voitures Nissan ou Mercedes – ce serait une première – ou d'augmenter les volumes de véhicules utilitaires déjà produits en France chez Renault pour ses partenaires à Batilly (Moselle) ou Maubeuge (Nord).

En échange, le groupe a annoncé aux organisation syndicales son intention de geler les salaires en 2013 et de limiter les hausses à 0,5% en 2014 et à 0,75% en 2015. En 2012, les salaires avaient augmenté en moyenne de 3%. Renault, qui cherche à rapprocher la compétitivité de ses sites français de celle de ses usines espagnoles, espère parvenir à un accord d'ici la fin du mois ou début février.

Ce que dénoncent les syndicats

Depuis le début des discussions, Renault conditionnait la non fermeture de site à la signature de l'accord par au moins 30% des syndicats représentatifs. La menace s'est faite plus précise, mardi, selon les syndicalistes. "La direction nous a prévenus : 'Si vous ne signez pas, il se pourrait que deux sites ferment'", a indiqué à l'AFP Laurent Smolnik, délégué central FO. Selon lui, la direction n'a pas précisé quels sites pourraient être touchés. Mais ses propos ont été confirmés par des délégués CGT et CFE-CGC.

L'usine de Flins (Yvelines) "est en première ligne", selon Dominique Chauvin, délégué central CFE-CGC. "Et pour des gammes normalement prévues en 2014, pour Douai [Nord] par exemple, la direction pourrait très bien envisager de les expatrier", a-t-il ajouté. Le plus dur, c'est de concevoir le produit. Après, quand on l'a industrialisé, on peut déplacer les moyens. C'est malheureusement la réalité des faits."

Ce que craint le gouvernement

Si le compte-rendu des syndicats devait s'avérer exact, "il y a là un problème de méthode", a réagi l'entourage d'Arnaud Montebourg sollicité par l'AFP. "Le dialogue social doit être exemplaire", a-t-on ajouté, en insistant : "Pas de chantage, mais des négociations en bonne et due forme." La priorité du ministère est "que les engagements pris par Renault de charger [la production des] sites français et d'accroître la production deux fois plus vite que le marché européen [soient] bien respectés."

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, avait affirmé la semaine dernière que le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, avait accepté sa demande de voir l'allié japonais du constructeur français confier des productions de véhicules à ses usines dans l'Hexagone. Renault s'était néanmoins abstenu de confirmer le moindre engagement, conditionnant une décision à la conclusion de l'accord de compétitivité.

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