Euro 2024 : Maignan, Koundé, Upamecano, Saliba, Hernandez... Cinq gardes pour une défense imprenable

Depuis le début du tournoi, les Bleus n'ont encaissé qu'un seul but (sur pénalty) et le doivent à une organisation défensive irréprochable.
Article rédigé par Andréa La Perna - envoyé spécial à Paderborn (Allemagne)
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
Dayot Upamecano, Mike Maignan et William Saliba après la victoire de la France contre la Belgique à l'Euro 2024, le 1er juillet, à Düsseldorf. (INA FASSBENDER / AFP)

Critiquée à juste titre pour son manque d'efficacité face au but adverse (3 buts seulement en 4 matchs, avec 2 CSC et 1 pénalty), l'équipe de France s'illustre par une solidité à toute épreuve devant le sien depuis le début de l'Euro 2024. Avec un seul but encaissé, sur un pénalty qui a été re-tiré par Robert Lewandoswki, l'équipe de Didier Deschamps affiche d'après les statistiques avancées, la défense la plus efficace du tournoi.

Les Bleus ne subissent que 0,66 Expected Goals par match (une statistique qui calcule le nombre de buts qu'aurait dû encaisser une équipe en fonction de la dangerosité des tirs subis), c'est-à-dire moins que tous les autres favoris, comme l'Allemagne (0,74) ou l'Espagne (0,75). Romelu Lukaku, Cody Gakpo ou encore Robert Lewandowski ont tous échoué à trouver la solution dans le cours du jeu face au verrou tricolore, ce, alors que les noms des quatre titulaires de la défense n'étaient pas encore clairement définis à quelques jours du début de l'Euro.

Maignan, le leader perfectionniste

Récupérer la place du capitaine et recordman de sélections en équipe de France n'est pas chose facile. Lui, l'a fait naturellement, en faisant l'unanimité directement. Mike Maignan est impressionnant depuis son changement de statut en mars 2023. Un léger doute sur sa condition physique s'était installé en fin de saison à cause de plusieurs pépins physiques, mais le gardien de l'AC Milan l'a écarté en deux temps, trois mouvements. Après quatre matchs, il affiche 100% d'arrêts (hors pénalties) dans le tournoi (11 arrêts).

"Tout ce qu’il réussit c’est par le fruit de son travail. Chaque détail compte. C'est quelqu'un de très déterminé. On voit la différence de l'expression sur son visage entre l’entraînement et le match. Il veut tout arracher sur son passage", a expliqué son suppléant dans les buts, Brice Samba, mercredi. Des propos qui font écho à ce que déclarait l'entraîneur des gardiens des Bleus Franck Raviot à franceinfo: sport au printemps dernier : "C'est un très grand professionnel avec un P majuscule. Il ne laisse rien au hasard, est très exigeant envers lui-même et s'attache au moindre détail."

“Ce qui marque chez lui, c’est qu’il fait attention au moindre détail, dans tout ce qu’il fait. Avec Mike, c’est toujours carré. Dans le vestiaire, il prend souvent la parole. Les gars l’écoutent, ça sert au groupe."

Kylian Mbappé

à Ouest-France

Dans ce groupe qui s'est considérablement rajeuni, Mike Maignan est l'un des leaders du vestiaire malgré le fait qu'il ne s'agisse que de son premier tournoi majeur en tant que n°1 et son faible total de sélections (20). A l'entraînement comme en match, c'est sa voix qu'on entend le plus sur le terrain. Jonathan Clauss dit de lui que c'est "quelqu'un qui a beaucoup de charisme", mais ce n'est pas qu'une question de caractère. Quand on a rendu dix clean sheets sur ses 15 derniers matchs en équipe de France, on est forcément légitime.

Koundé, la maturité à point nommé

Depuis plus de trois ans, le débat autour du titulaire au poste de latéral droit ne trouvait pas de réponse vraiment convaincante. L'entrée en disgrâce de Benjamin Pavard et le profil trop offensif de Jonathan Clauss aux yeux de Didier Deschamps avaient fait de Jules Koundé une sorte de n°1 par défaut. Grand travailleur, l'ex-Bordelais a parcouru énormément de chemin pour être plus que cela. Egalement utilisé à ce poste au Barça (sans discontinuer depuis janvier dernier), il a trouvé ses repères et gagné en confiance.

Transfiguré dans cet Euro, il a même été nommé homme du match face à la Belgique lundi 1er juillet. "Je n'ai pas eu de déclic particulier. Je suis dans la continuité de ce que j'ai fait ces derniers mois à Barcelone. Je me sens bien dans cette équipe. J'essaie de m'adapter, même si ma vocation est avant tout défensive", a sobrement répondu l'intéressé ce soir-là. Ses progrès dans les prises d'initiative offensives ont aussi été remarquées, avec cinq occasions créées. A 25 ans, Koundé atteint une pleine maturité qui se ressent sur et en dehors du terrain, comme sa prise de position politique et son appel clair à faire barrage à l'extrême droite.

Saliba, la force tranquille

A l'image de Jules Koundé, ses prestations n'avaient jamais vraiment convaincu. Mais Didier Deschamps a décidé de le titulariser dans la foulée de son super exercice avec Arsenal. Profitant de la fin de saison difficile d'Ibrahima Konaté, qui n'était d'ailleurs pas à 100% physiquement lors de la préparation à Clairefontaine, William Saliba a débuté l'Euro dans la peau d'un titulaire de manière un peu improvisée. Mais être jeté dans le grand bain, aux côtés d'un autre défenseur central avec lequel il avait peu joué, ne l'a pas empêché de réaliser un début de tournoi immaculé.

Pas un grand bavard, il est brièvement revenu sur son association payante avec Dayot Upamecano. "On se parle beaucoup en match et aux entraînements. On a créé quelque chose de bien", s'est-il contenté de dire il y a une semaine. De plus en plus impressionnant à chaque rencontre, il n'a laissé que des miettes à Romelu Lukaku lors de France-Belgique. Sa vitesse et sa qualité de lecture en font un joueur exceptionnel en un-contre-un. Face à Cristiano Ronaldo, il aura un nouveau client sur le dos, vendredi.

Upamecano, la résilience par le combat

Lors du Mondial 2022, Didier Deschamps avait fait émerger une charnière Upamecano-Konaté. Pleinement satisfait de cette association, il n'a eu de cesse de rappeler qu'elle était son option n°1 jusqu'à la préparation de l'Euro. Finalement, il n'a conservé que le premier nommé, en dépit de sa saison très compliquée avec le Bayern Munich où il a perdu sa place de titulaire entre mars et avril. Lui aussi homme de peu de mots, il ne s'est pas épanché sur ses bonnes prestations : "Tout se passe très bien, on est qualifiés".

Dans son association avec Saliba, Upamecano est celui qui a tendance à aller plus au duel, à intervenir en avançant. Ce rôle l'a vu briller, avec un seul bémol, le pénalty concédé contre la Pologne, avec un tacle en retard dans la surface. "Sur l'action, ça va un peu vite. J'aurais pu mieux faire, mais si je le laisse contrôler, il va peut-être être seul face au but. J'ai fait le choix de mettre le pied", a-t-il analysé, très pragmatique.

Hernandez, l'énergie au service du collectif

Sa vitesse et sa percussion étaient bien connues, mais on se demandait si un dispositif à quatre défenseurs était la meilleure option pour, à la fois profiter de ses qualités et ne pas être trop pénalisé en contre. En ce sens, la rumeur d'une réorganisation de la défense avec trois axiaux et un Theo Hernandez en piston avait émergé pendant la préparation. Mais Didier Deschamps a gardé sa ligne de quatre, avec le Milanais à gauche, pour continuer à former un duo avec Kylian Mbappé, en en faisant le "côté fort" des Bleus.

S'il ne s'est pas encore montré décisif offensivement (comme beaucoup de ses coéquipiers), il a largement rassuré dans son rôle défensif. Face à la Belgique, il s'est sacrifié sur une frappe dangereuse de Yannick Carrasco et effectué un retour in extremis et déterminant sur le même Carrasco. On en oublierait presque que son frère Lucas aurait sans doute débuté à sa place s'il n'était pas absent à cause de sa grave blessure au genou.

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