Italie-Espagne : avant sa demi-finale contre la Squadra Azzurra, la Roja sait qu'elle a déjà réussi son Euro
Après trois compétitions internationales ratées, l'Espagne a réussi à se hisser en demi-finale de l'Euro 2021. Une réussite inattendue pour la Roja.
Qu'il semble loin le temps où l'Espagne dominait le football mondial et européen. Neuf ans après avoir remporté l'Euro en 2012 face à l'Italie (4-0), la Roja retrouve l'incertitude et les hauteurs d'une demi-finale. Dans cet Euro 2021, Luis Enrique et ses joueurs sont parvenus à atteindre le dernier carré contre toute attente, et entretiennent désormais l'espoir de décrocher un billet pour la finale à l'issue de leur match face à l'Italie, mardi 6 juillet à Londres dans le stade de Wembley.
Au moment d'aborder cette demi-finale, l'Espagne sait d'ores et déjà que son tournoi est réussi. D'abord, parce que personne - et certainement pas les médias espagnols - ne l'attendait à ce stade de la compétition fin mai. Ensuite, parce que le début de l'Euro s'est avéré très compliqué pour la Roja. Après deux matchs nuls d'entrée face à la Suède (0-0) et la Pologne (1-1), au cours desquels les Espagnols n'ont pas brillé, la route du succès s'annonçait longue pour Luis Enrique et la porte de sortie de l'Euro bien proche.
Ressurgisseaient alors toutes les critiques, subtilement distillées par les observateurs de la Roja, après ces deux accrocs. L'Espagne n'arriverait à rien avec une possession si stérile (67,2% depuis le début de l'Euro) et un jeu aussi stéréotypé. La Roja n'irait pas bien loin avec un Alvaro Morata aussi maladroit, pourtant buteur lors du deuxième match face à la Pologne. Luis Enrique ne tiendrait pas longtemps avec autant de chantiers dans son équipe, de la défense centrale (6 sélections en moyenne pour les quatre défenseurs centraux) au milieu de terrain guidé par Pedri, un gamin d'à peine 18 ans.
Deux qualifications in extremis
Tout n'est pas parfait depuis, loin de là, mais la Roja a réussi à passer la phase de poules, notamment grâce à un large succès face à la Slovaquie (5-0) lors du dernier match de groupes. "Cette victoire contre la Slovaquie est un soulagement parce qu'elle confirme qu'on peut avoir des résultats avec notre manière de faire", affirmait Luis Enrique après le match. Mieux, l'Espagne s'est qualifiée pour les demi-finales. Loin d'être une évidence pour une équipe peu expérimentée qui se retrouvait dans la partie de tableau de la France, de la Belgique, du Portugal, de la Croatie et de l'Italie.
Sans convaincre, l'Espagne a écarté les vice-champions du monde croates en huitième de finale (5-3, a.p.) puis les Suisses en quart à l'issue d'une séance de tirs au but (1-1, 3-1 a.p.). Une vraie réussite comme l'explique François Miguel Boudet, rédacteur pour FuriaLiga, site spécialisé dans le football espagnol : "Vu la faiblesse du groupe, c'est assez incroyable de réussir à passer en demi-finale." Avant même le début de la compétition, Luis Enrique avait en effet semé le doute en officialisant une liste étonnante.
Luis Enrique en chef de meute
Aucun joueur du Real Madrid - une première dans l'histoire de la sélection espagnole pour une grande compétition -, pas de Sergio Ramos et seulement 24 joueurs alors que Luis Enrique pouvait en retenir 26. "Quand les gens ont vu la liste, tout le monde s'est dit qu'ils allaient se faire éliminer dès le premier tour", affirme François Miguel Boudet. Le sélectionneur n'en a jamais démordu depuis : "Je continue de le répéter : notre grande force depuis le début de ce tournoi, c'est que n'importe lequel de mes 24 joueurs est un titulaire potentiel en équipe nationale. Cela ne nous perturbe pas dans le rendement et la manière dont nous souhaitons jouer, c'est une réelle garantie pour nous permettre d'avancer plus sereinement dans cet Euro."
Au-delà du simple rectangle vert, la réussite de l'Espagne est surtout celle de Luis Enrique. "C'est la véritable star de cette équipe. C'est un entraîneur que tu as envie de suivre, très charismatique", expose François Miguel Boudet. Le sélectionneur s'est mué en lider maximo, hostile aux journalistes, qui mène son équipe contre vents et marées et ne se soucie guère de l'avis des autres. L'ancien joueur du Barça a transmis sa confiance en ses joueurs, comme l'exprimait Mikel Oyarzabal dimanche, au lendemain de la qualification contre les Suisses : "On n'a jamais eu de doutes. Le plus important est qu'on reste nous-mêmes."
Préparer l'après
Contre l'Italie, la Roja n'a pas prévu de renier ses principes car l'objectif pour cet Euro est déjà rempli. "L'Espagne a pour mentalité de dominer, et ils ne vont pas changer pour ce match. Et comme je l'ai déjà dit, Luis Enrique est un entraîneur de grande classe", a averti lundi Roberto Mancini, le sélectionneur italien. "L'Espagne a montré qu'elle a progressé pendant toute la compétition donc il faudra les respecter", a indiqué de son côté Leonardo Bonucci.
La Nazionale partira avec un léger avantage car la Roja a perdu quelques forces en disputant deux prolongations successives en huitième et quart de finale. Mais quoiqu'il arrive mardi soir dans le stade de Wembley, l'Espagne aura déjà surpassé toutes les attentes placées en elle pour cet Euro. Luis Enrique ne compte cependant pas s'arrêter là et se repose sur son groupe pour déplacer des montagnes : "Hormis l'époque où j'entraînais le Barça B (2008-2011), je n'ai jamais vu une telle union entre le staff et les joueurs."
Le sélectionneur, sous contrat jusqu'à la fin de l'année 2022, se félicitera certainement mi-juillet de la tournure qu'aura pris la compétition pour la Roja. L'équipe est encore en construction et des questions restent en suspens quant au style de jeu espagnol mais l'aventure vécue lors de cet Euro 2021 est encourageante pour la suite, notamment en vue de la Coupe du monde au Qatar dans 18 mois. D'ici là, Luis Enrique et ses joueurs espèrent vivre une fin d'Euro idéale, à commencer par la demi-finale ce soir face à l'Italie.
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