A Metz, la "prison modèle" aux 4 suicides en 5 mois
Dans la nuit de lundi à mardi, un adolescent de 16 ans, Nabil L., s'est pendu dans la cellule qu'il occupait depuis la mi-septembre au quartier des mineurs du centre pénitentiaire messin. Condamné à six mois ferme pour trafic de stupéfiants et conduite sans permis, "il n'avait pas été signalé comme dépressif ou suicidaire", selon le secrétaire régional de la CGT-pénitentiaire. Mais pour l'OIP, il n'est pas certain que "ce jeune ait été entouré, lors de son incarcération, de la vigilance nécessaire". Nabil avait été laissé seul dans sa cellule, alors que son dossier faisait mention de sa fragilité. Rachida Dati a ordonné hier une enquête administrative sur ce suicide dont les conclusions doivent lui être apportées dans la matinée à Metz.
Selon nos informations, la Garde des sceaux savait que le climat dans le quartier des mineurs était désastreux. L'un des syndicats de gardiens de prison avait en effet écrit un courrier à Rachida Dati en août dernier... Sans résultat.
Le 3 juillet, un détenu de 46 ans qui venait d'apprendre le rejet de sa demande de remise en liberté s'était pendu alors que, conformément à de récentes instructions ministérielles, il faisait l'objet d'une surveillance renforcée. Le 2 juin, un prisonnier de 27 ans s'était donné la mort alors qu'il était en traitement au service médico-psychologique (SMPR), où sont accueillis les détenus les plus fragiles. Condamné à 19 ans de réclusion, ce détenu "signalé" attendait d'être rejugé en appel. Le 21 mai, toujours au SMPR, un jeune homme de 20 ans, qui purgeait une peine de deux ans, s'était pendu avec ses lacets.
Trois tentatives de suicide de mineurs ont en outre été enregistrées à Metz-Queuleu ces dix derniers jours.
Pour les syndicats, "il manque une vingtaine d'agents à Metz pour assurer efficacement les nouvelles missions données à l'administration pénitentiaire, et notamment les surveillances renforcées". Quelque 220 surveillants sont en service à Queuleu. Ils gèrent 480 hommes et 27 femmes pour 448 places théoriques.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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