À Montreuil, une agression met au jour les drôles de pratiques des agents de surveillance
Le récit de l'agression, et surtout les mots utilisés par Denis Hochard font froid dans le dos. Une vidéo (voir ci-dessus), filmée par un ami du journaliste agressé dans la nuit du 18 au 19 mai dernier et publiée par le site Internet du magazine Les Inrocks , montre la violence de l'altercation qui s'est produite, devant le Palais des Congrès de Montreuil.
"Je vais te démonter la gueule" (Denis Hochard au journaliste)
Sur les images, on entend le chef de la Tranquillité publique de Montreuil, 52 ans, ancien patron d'une entreprise de sécurité privée. Autour de lui, des agents de surveillance municipaux, des "ASVP" d'un genre particulier. Face à lui, Mikaël Lefrançois, journaliste pour une société de production télévisuelle, intrigué par les bombes lacrymogènes qu'il croit remarquer à la ceinture des agents. Il les prend en photo avec son téléphone portable, point de départ des hostilités. Le journaliste, victime d'une hémorragie à l'oeil, portera plainte pour violences aggravées.
La maire "révulsée par la brutalité " de la scène
Denis Hochard est, dès le dépôt de la plainte, suspendu le temps qu'une enquête administrative soit menée. Lui et ses collègues se défendent de toute agression, et affirment que le journaliste les a insultés violemment, en marge d'un festival de musiques électroniques se déroulant ce soir-là au Palais des Congrès.
"C'est une affaire qui me mortifie et me scandalise" (Dominique Voynet)
Mais c'est le visionnage de la vidéo qui change la donne. Un journaliste des Inrocks prend rendez-vous avec Dominique Voynet, la maire EE-LV de Montreuil, pour lui montrer les images. Cette vidéo, dit-elle alors, "appelle des sanctions ". Depuis, Denis Hochard a été mis à pied pour "faute professionnelle grave". Dominique Voynet le répète : "C'est une affaire qui me mortifie et me scandalise ". Elle veut "mettre un terme aux irrégularités mises en évidence à cette occasion dans le fonctionnement du service ", et notamment la question de l'équipement illégal de ces agents municipaux, munis notamment de bombes lacymogènes.
Pas la première fois ?
Car l'affaire révèle une lente dérive des usages des agents municipaux montreuillois, sous la houlette de Denis Hochard. Promu chef de la Tranquillité publique, il applique des méthodes très peu conventionnelles, dénoncées à plusieurs reprises par des conseillers municipaux selon Les Inrocks. Il embauche notamment des ASVP ressemblant de plus en plus à des "molosses " selon un ancien consieller. Dominique Voynet, qui a défendu par le passé ce personnage, affirme ne pas avoir eu entre les mains de preuves concrètes de ses dérives. Pourtant, elle lui a peu à peu confié des missions de sécurité, de plus en plus éloignées des prérogatives des agents municipaux.
Un ancien collaborateur de Denis Hochard, rencontré par le journaliste des Inrocks, affirme qu'"avec lui, tu avais l'impression que c'était le Vietnam à Montreuil ".
L'incident du 18 mai dernier, entre l'agent et le journaliste, aura semble-t-il eu le mérite de mettre au jour une dérive violente, plus proche des pratiques d'une milice que d'un service municipal de surveillance de la voie publique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.