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"On évite toujours d'en parler" : un an après la collision de bus à Millas, l'impossible deuil

Il y a un an, le 14 décembre 2017 dans les Pyrénées-Orientales, une terrible collision entre un TER et un car scolaire faisait six morts et une vingtaine de blessés parmi les collégiens de Millas.

Article rédigé par Stéphane Iglésis - Sébastien Cabrita dos Santos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le passage à niveau de Millas, le 21 février 2018, où un car scolaire est entré en collision avec un train le 14 décembre 2017, tuant six collégiens. (RAYMOND ROIG / AFP)

Un an après le drame de Millas, dans les Pyrénées-Orientales, la souffrance des familles des victimes ne s’est pas estompée. Cette journée du 14 décembre 2017, à hauteur du passage à niveau numéro 25, une collision entre un TER en provenance de Villefranche-de-Conflent et un bus scolaire arrivant du collège Christian-Bourquin de Millas provoque la mort de six enfants de Saint-Feliu-d’Avall.

L’impossible deuil

Enfermés dans leur peine, les deux villages vivent le mois de décembre reclus. Les rues, désertes et silencieuses, sont à peine ornées de quelques guirlandes et d'éclairages de Noël qui ne seront illuminés qu’après le 14 décembre, pas avant, en signe de respect pour l’impossible deuil porté par des villages hantés par ces jeunes disparus. "Je pense tous les jours à lui, il m'est difficile encore aujourd'hui d’en parler. Je penserai toute ma vie à lui", confie Suzane Fabresse, la grand-mère de Yonas, l’un des enfants décédés.

J’ai trop de souvenirs et je ne veux pas qu’ils s’effacent.

Suzanne, grand-mère d'une victime

à franceinfo

"Mon fils [le père de Yonas, l’une des victimes] est très éprouvé, ses frères et sa sœur l’entourent", poursuit Suzanne. "Certains enfants ont encore beaucoup de souvenirs, des bruits qui reviennent, des cris, et ceux du train qui freine", témoigne Alain Atgé, le président de l’association "14 décembre 2017". Son fils a été gravement blessé lors de l’accident. "Il y avait une forte odeur de gasoil sur les lieux de l’accident, et pour des enfants, lorsqu’ils suivent un camion avec leur parent, ça créé un traumatisme (...) Lors de nos vacances, on avait deux lignes de tramway à traverser à pied, se souvient Alain Atgé. Tous les matins et tous les soirs, ça a été une épreuve."

Un hommage aux victimes douloureux mais nécessaire

Vendredi 14 décembre, un rassemblement est organisé au collège Christian-Bourquin de Millas. L'après-midi, une marche blanche partira de l'établissement scolaire pour remonter jusqu'au lieu de l'accident, avant un lâcher de ballons, prévu à 16h06. Une messe viendra clôturer cette journée de recueillement, à 18 heures, en l’église de Saint-Feliu d’Avall.

Je crois que mon fils n’assistera même pas aux commémorations

Suzanne, grand-mère d'une victime

à franceinfo

"C’est très dur de se remémorer tout ça, pour les enfants, pour les familles, pour tout le monde, résume Nasséra, parent d’élève au collège Christian Bourquin. Mais on doit faire cela en mémoire des enfants qui nous ont quittés et des autres, grièvement blessés." Même le maire de Saint-Feliu, Robert Garrido, sait qu’il ne faut pas aborder le sujet. "On évite toujours d'en parler. Personne ne me pose de questions sur l’enquête, sur l’accident. C’est un traumatisme que nous avons eu, qui a laissé des traces mais qui peu à peu s’estompe", explique l'élu. 

Les associations de victimes ont demandé que les horaires des TER soient décalés et évitent les passages de cars scolaires pour qu’un tel accident ne puisse plus se reproduire. Au cimetière, un arbre de vie a été installé par la municipalité, tout comme une stèle métallique avec les prénoms des victimes : Alan, Loïc, Diogo, Yonas, Ophélia et Teddy.

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