Crash d'un avion au Kazakhstan : pourquoi certains experts n'écartent pas la piste d'un tir de missile

Un avion de ligne d'Azerbaïdjan Airlines s'est écrasé mercredi dans l'ouest du Kazakhstan avec 67 personnes à bord, dont 38 sont mortes. Une enquête est en cours.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le lieu du crash d'un vol d'Azerbaïdjan Airlines, près d'Aktaou le 25 décembre 2024. (ISSA TAZHENBAYEV / AFP)

Au lendemain de la mort de 38 personnes dans le crash au Kazakhstan d'un avion de ligne d'Azerbaïdjan Airlines, une enquête est en cours pour déterminer les circonstances du drame. Toutefois, des experts militaires et spécialistes de l'aviation formulent déjà des hypothèses, poussant, jeudi 26 décembre, les autorités kazakhstanaises à dénoncer des "spéculations" autour de l'accident. Alors que l'hypothèse d'un tir est évoquée par des sources, essentiellement anonymes, dans les médias internationaux, il n'est "pas possible" pour l'heure de déterminer la cause du drame, a mis en garde le président du Sénat, Maoulen Achimbaïev. "Nous devons attendre la fin de l'enquête", a souligné pour sa part le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Des trous suspects dans le fuselage

Certains experts soutiennent la piste de l'avion abattu, relevant des impacts visibles sur le fuselage de l'avion sur les photos et vidéos prises sur le site du crash. Sur le réseau social Telegram, un blogueur et expert militaire russe Iouri Podoliaka a assuré que ces marques étaient similaires à des trous possiblement causés par "un système de missiles antiaériens". Xavier Tytelman, expert aéronautique, juge lui aussi sur X que l'appareil "a été touché par un missile antiaérien" et souligne que "les impacts sur la dérive sont caractéristiques des schrapnels [fragments] des missiles".

Le consultant aéronautique de BFMTV, Jean Serrat, abonde sur la chaîne. "Les images que l'on a depuis ce matin de toute la partie arrière laissent très clairement voir qu'il y a eu un tir vers cet avion", a-t-il analysé avant d'ajouter qu'"on voit bien les trous qui vont de l'intérieur vers l'extérieur." "Les traces qu'on voit sur l'avion laissent quand même penser que c'est assez probable" qu'il ait été abattu par un missile, a également expliqué à l'AFP Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile.

Par ailleurs, des attaques de drones ukrainiens avaient été rapportées ces dernières semaines en Tchétchénie. Les autorités russes ont fait part mercredi de frappes de drones dans deux régions voisines de cette République, l'Ossétie du Nord et l'Ingouchie, à des centaines de kilomètres de la ligne de front ukrainienne. 

Du côté de Kiev, le lieutenant Andriy Kovalenko, chef du centre de lutte contre la désinformation au sein du Conseil national de sécurité et de défense de l'Ukraine, met, lui, en cause le système de défense aérien russe. "L'avion a été endommagé par les Russes et a été envoyé au Kazakhstan, au lieu de le faire atterrir d'urgence à Grozny pour sauver des vies", a-t-il affirmé sur X. 

Une trajectoire qui ne correspond pas au plan de vol

L'avion assurait la liaison entre Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, et Grozny, capitale de la République caucasienne russe de Tchétchénie. Mais il s'est écrasé de l'autre côté de la mer Caspienne, près du port d'Aktaou, dans l'ouest du Kazakhstan, situé très à l'est de sa destination initiale. L'ancien directeur du BEA, Jean-Paul Troadec, a estimé à l'AFP que la trajectoire suivie par l'avion était "une grosse inconnue" de l'affaire.

L'agence de l'aviation civile russe Rosaviatsia a expliqué qu'"en raison d'une situation d'urgence à bord de l'avion, son commandant avait décidé de 'se rendre' vers un autre aérodrome" et qu'"Aktaou avait été choisi". De son côté, le site spécialisé Flightradar24, qui suit les vols en temps réel, a assuré sur X que l'appareil avait subi durant son vol "d'importantes interférences GPS". L'avion a un temps "cessé d'envoyer des données de positionnement" puis a envoyé des données "probablement fausses", avant que la situation ne revienne à la normale.

La piste des oiseaux évoquée un temps par la compagnie

Azerbaijan Airlines a d'abord affirmé mercredi que son avion avait percuté une nuée d'oiseaux. Mais la compagnie a retiré cette information. Cette explication a aussi été avancée par l'agence de l'aviation civile russe Rosaviatsia. Le département régional du ministère kazakhstanais de la Santé a, lui, fait état de "l'explosion d'un ballon" à bord de l'appareil.

L'avion transportait 62 passagers et cinq membres de l'équipage. Selon le ministère kazakhstanais des Situations d'urgence, 38 personnes ont été tuées et "29 survivants, parmi lesquels trois enfants, ont été hospitalisés". Il y avait 37 ressortissants azerbaïdjanais, six kazakhstanais, trois kirghizes et 16 russes à bord de l'appareil, selon le ministère des Transports kazakhstanais. Quatorze survivants sont arrivés jeudi en Azerbaïdjan, selon l'agence Tass, tandis que neuf blessés russes, dont un enfant, ont eux été rapatriés, d'après les autorités de ce pays.

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