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"L'accident de Mirepoix a sensibilisé toutes les personnes responsables" : un pont au-dessus du Rhône interdit aux camions

Il y a trois mois, l'effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn a ravivé l'inquiétude dans d'autres communes comme à Andance (Ardèche) et Andancette (Drôme). Encore ouvert à la circulation, le pont qui relie les deux villages n'est plus franchissable par les poids lourds et les cars scolaires.

Article rédigé par Lauriane Delanoë - Édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le pont suspendu entre Andance (Ardèche) et Andancette (Drôme). (LAURIANE DELANOË / RADIO FRANCE)

Aux deux entrées du pont reliant Andance (Ardèche) et Andancette (Drôme), les véhicules doivent maintenant passer entre des glissières en béton armé : 2,20 mètres de largeur, maximum. Cela réveille les détecteurs d'obstacles dans les voitures : "Cela bipe dans tous les sens", sourit Frédéric Chenevier, le maire d'Andancette. Les deux villages de 2 500 habitants à eux deux sont reliés par le plus ancien pont suspendu encore ouvert à la circulation, au-dessus du Rhône. Limité à 16 tonnes jusqu'en 2013, il a ensuite été limité à 7,5 tonnes. Des camions y passaient encore ces derniers mois, malgré cette interdiction.

Le 20 janvier dernier, des glissières, appelées "gabarits" par les élus, ont été installées après l'effondrement du pont suspendu de Mirepoix-sur-Tarn (Haute-Garonne), qui a fait deux morts. Une mesure en expérimentation, des glissières définitives devraient être installées dans les prochains mois. "Sincèrement, je dors mieux et le maire d'Andance aussi !", avoue Frédéric Chenevier. Même soulagement pour son homologue du village d'Andance, Alain Delaleuf : "Maintenant, il n'y a plus de camions. On a relevé des infractions jusqu'au vendredi qui a précédé la mise en place des gabarits, trois poids lourds sont passés."

Des glissières ont été installées sur le pont suspendu entre Andance (Ardèche) et Andancette (Drôme). (LAURIANE DELANOË / RADIO FRANCE)

Des interdictions de circulation nécessaires

Il s'agit d'un pont "absolument indispensable pour la vie locale entre les deux communes", continue Alain Delaleuf. L'ouvrage avait été rénové durant quatre mois l'an dernier, mais l'effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn a ravivé l'inquiétude des maires et parents d'élèves, qui ont une nouvelle fois alerté le département de l'Ardèche, gestionnaire du pont. Ce dernier a suivi la demande des deux maires. "Nous ne pouvions pas prendre ce risque, il était nécessaire de prendre des mesures, par précaution", affirme Maurice Weiss, le vice-président du conseil départemental de l'Ardèche en charge des routes. "Devant l'alerte qui nous a été faite, on a rapidement pris des mesures pour empêcher, physiquement, les poids lourds de passer sur ce pont", ajoute l'élu.

L'effondrement à Mirepoix a été un accélérateur qui nous a mis devant une situation que nous pouvions craindre sur ce pont suspendu.

Maurice Weiss

à franceinfo

"S'il était arrivé quelque chose, on aurait dit 'depuis le temps, ce pont, personne ne faisait rien', et nous je peux vous dire qu'on y a laissé de l'énergie. Les premières réunions ont eu lieu en 2008", explique Frédéric Chenevier. "Mirepoix a sensibilisé toutes les personnes responsables. Les contraintes sont préférables au risque de mettre en danger la vie d'autrui", selon Alain Delaleuf.

Un détour pour les camions et cars scolaires

Parmi ces contraintes, il y a un détour de 16 kilomètres pour les camions et pour les cars scolaires. Ces derniers avaient une dérogation et passaient par le pont suspendu, mais la région a changé le parcours dès la rentrée de janvier. Une mesure qui rassure les parents comme Alexandra, qui dépose deux lycéens à l'arrêt de bus : "À un moment donné, il faut prendre les vraies mesures." Quitte à avoir un parcours rallongé et donc devoir se lever plus tôt. "On est levé depuis 5h30 le matin et ce soir, Andréa finit à 18 heures." Théo confirme : "Cela commence à devenir compliqué. On se lève vraiment de plus en plus tôt, avant on pouvait se lever à 6 heures, maintenant c'est 5h30."

Des glissières ont été installées avant l'entrée du pont, des deux côtés, interdisant aux poids-lourds de passer. (LAURIANE DELANOË / RADIO FRANCE)

Chaque jour, 8 000 véhicules empruntent le pont d'Andance. Ce sera bientôt plus, avec l'ouverture d'un échangeur sur l'autoroute prévue en 2025. Alors les habitants et commerçants du secteur saluent globalement ces nouvelles dispositions. "On a beau mettre des panneaux pour interdire le tonnage, les gens ne les respectent pas forcément", affirme un habitant.

Il n'y a que cette solution pour éviter que des drames comme Mirepoix ne se reproduisent.

Un habitant

à franceinfo

"Mon mari utilise [ce pont] tous les jours pour aller au travail. On se sent plus en sécurité comme ça", ajoute une dame. De son côté, Janie, une retraitée, souhaiterait un nouveau pont sur le Rhône : "Je suis encore inquiète maintenant, et quand je peux, je passe par Saint-Vallier, parce que j'ai peur que le pont lâche et qu'on passe à travers !".

C'est aussi le nouveau combat des maires des deux communes. Le département de l'Ardèche lance une étude de faisabilité. Les maires rêvent de transformer l'actuel pont suspendu (construit en 1827) en voie verte pour les vélos et les piétons.

Un pont suspendu au dessus du Rhône interdit aux poids-lourds - Reportage de Lauriane Delanoë

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