Entre la Drôme et l'Ardèche, un très vieux pont inquiète les riverains
L'ouvrage, vieux de presque 200 ans, est interdit aux véhicules de plus de 7,5 tonnes. Il supporte pourtant régulièrement des poids-lourds qui ne respectent pas la réglementation, selon les habitants.
L'effondrement d'un pont à Mirepoix-sur-Tarn a réveillé des inquiétudes. Entre la Drôme et l'Ardèche, un pont datant de 1827, l'un des plus anciens de France encore ouverts à la circulation, préoccupe depuis longtemps les riverains. Interdit aux véhicules de plus de 7,5 tonnes, l'ouvrage qui relie les villages d'Andance (Ardèche) et d'Andancette (Drôme) est régulièrement traversé par des camions plus lourds, dénoncent des habitants.
C'est ce non-respect de la réglementation qui est à l'origine de l'effondrement du pont de Mirepoix, interdit aux véhicules de plus de 16 tonnes et qui a cédé sous le poids d'un camion trois fois plus lourd. Deux personnes ont perdu la vie le 18 novembre 2019.
"Chacun se renvoie la balle"
De chaque côté du Rhône, ce drame a fait l'effet d'une bombe. "Ça pourrait nous arriver, on se le dit tous, témoigne Élodie Dachis, habitante d'Andance, ce ne sont pas quelques boulons de plus qui vont changer les choses". L'été dernier, la structure a été rénovée durant quatre mois. Cet investissement de plus d'un million d'euros est loin d'être suffisant aux yeux des habitants.
"J'entends parler d'un nouveau pont depuis mes 10 ans. Aujourd'hui, j'en ai 35 et il n'y a toujours rien", regrette un riverain. Le remplacement de l'ouvrage est un serpent de mer. "Chacun se renvoie la balle", déplore Pierre Jouvet, président de la communauté de communes Porte de DrômArdèche. Le département de l'Ardèche, à qui revient la responsabilité du pont, estime que la structure actuelle est "en bon état général". "Des travaux d'entretien sont réalisés régulièrement ; le tonnage a été limité en 2013 pour renforcer la sécurité… Ce pont n'est pas dangereux", assure-t-il.
Problème de financement
Difficile d'évacuer encore le sujet, après l'accident de Mirepoix. Fin décembre, la région a annoncé que les cars scolaires n'emprunteraient plus le pont en 2020. Ils traverseront le Rhône une dizaine de kilomètres plus loin, à Sablons ou Saint-Vallier. Quant aux deux départements concernés, ils ont programmé une réunion en début d'année. Si tous deux semblent considérer qu'un nouveau pont est nécessaire, la question du financement reste en suspens.
En attendant mieux, la chaussée suspendue continue de supporter 8 000 véhicules par jour, dont des poids lourds. Les habitants du village ont vu le trafic augmenter d'année en année. En dix ans, la hausse est évaluée à plus de 60% par les élus locaux. En 2025, avec l'ouverture d'un échangeur autoroutier à proximité, ce chiffre pourrait encore doubler. Le pont sera alors sur le point de fêter ses 200 ans d'existence.
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